• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

  • Accueil.
  • Auteur.
  • Journal.
  • Newsletter.
  • Contact.
  • Archive.

Archives pour octobre 2017

Phusiognômonia

24 octobre 2017 par Vincent PAYET

__________

 

1. Phusiognômonia et haute justice.

    Si la main d’une justice environnementale descendait de l’azur, empruntant les marches de son haut palais, non seulement elle ôterait les condamnables, mais encore leurs groupes à venir. Et pour ceux qui ignorent la façon de les bien distinguer, voici la bête sauvage, l’infirme, voici les marques de son inconscience impure, de son hérédité vicieuse : nez tordu vers le haut, regards obliques, oreilles sourdes, mâchoires cruelles, front tatoué de berlines gourmandes, suffisance des joues ; une figure approchant du type criminel… le plus commun.

 

2. De plaies et de larmes.

    Nul besoin d’une conversation trop étendue, voyez seulement la manière où vous vous obstinez. Pour que cesse l’émiettement de vos allures et de vos démarches, et vaincre le méli-mélo de l’attention, ne vous reste-il pas, consciences atomisées, qu’un soin toujours vigilant, qu’un empire continuel sur vos forces abattues ? Serrez, serrez donc hautement les jours appliqués sur vos mains, dans l’angoisse si juste qu’ils ne s’échappent avant l’heure. Que par vos propres entretiens une rieuse fortune vous soit accordée ; que ces rêveries naissantes, que ces méditations heureuses vous acquièrent un dessein nouvellement établi ; et que cet objet allume vos ressources à le chercher et le poursuivre ! L’absence de but fournit assez lorsqu’il s’agit de perdre une nature de choix, et peut à elle seule tourner la chance d’une vie en une occasion quotidienne d’alarmes et de plaintes. Une joie se distribue à ces révoltes si inébranlables contre un certain affinement des voluptés creuses et provisoires ; voilà pourquoi vous devez atteindre votre condition et vous y amenez d’un bien plus auguste principe. À cause de cela, méditez dès ce degré les raisons que l’on invente pour s’unir plus longuement au désordre ; agissez, afin que vos capricieuses versatilités peu à peu se laissent conduire et que vos moments de confusion se fassent ordonner. Les quiétudes de l’humain sont des partages égaux : ne réduisez pas leurs silences, ne les murer pas dans le fracas du monde, loin des onguents infaillibles, au cœur de ces royaumes de plaies et de larmes.

 

__________

Classé sous :Journal

Âmes de boue

19 octobre 2017 par Vincent PAYET

__________

 

Âmes de boue.

    L’oracle nous peignit une abominable extrémité par cette comparaison : « Observez, dit-il, cette créature dans le marécage, que le bourbier surprend et dévore ; ce lac de ténèbres engloutit ses membres, sa surprise et son effroi : il aspire à tout retrancher, jusqu’à la plus minime dépouille. La torture de l’enlisement débute en pleine lenteur : les funèbres abîmes et leurs monstres se distinguent dans le supplice. Puis la bourbe escalade son jouet vers la gueule. La vie lutte contre l’ascension de la mort et le terrible glissement ; toutefois ses travaux semblent bien dérisoires, puisqu’elle fuit, malgré elle, vers de lentes allées sombres. Déjà les nues cheminent en vaporeux cortège au-dessus du crâne, lourdes et solennelles. Ho ! quelles profondeurs affamées, quel tourbillon assassin, quelle boue insoutenable ! Quel odieux enterrement, pour une semblable ingénuité ! La sépulture s’anime et se rompt, et elle s’écarte sur le vivant ; la noirceur s’élève, la noirceur gagne le tronc, la noirceur chatouille la gorge ; chaque recoin, chaque seconde se fait criminelle, se fait sourde et barbare ; aux derniers moments, seule la face préserve son intégrité : en stupeur, comme cette lune dans les enveloppements de la nuit. Seulement, ha ! rude contraction ! le haut-le-cœur prolonge sa dyspnée macabre ; le sort choisit le dantesque ! La bouche hurle, la vase la comble : absence. Les yeux soupirent après le jour, la froideur les clôt : pénombre. La tourbière éteint et s’approprie le corps. À l’extérieur, on ne voit plus qu’une solitude, informe et opaque, mais, au-dedans, on s’insurge toujours, soulèvement désespéré de l’instinct. La conscience de la bête éprouve ses ultimes frissons, et ses plis filandreux roulent parmi les ténèbres, avec la discrétion d’un murmure qui se relâche, avec l’aspect d’une malheureuse éclipse : — ainsi les psychès, ces barques en déroute absorbées par les plaisirs, les faiblesses, le néant, par les convictions, l’humeur grave, le délire, — par l’erreur flasque, patiente, et mortelle. »

 

__________

Classé sous :Journal

Copyright © 2025 Espritetliberté.com · Tous droits réservés . No Sidebar Pro On Genesis Framework