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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour mars 2017

L’éternel retour

L’éternel retour

10 mars 2017 par Vincent PAYET

 

1

L’éternel retour

Quoi lire, pour quelles raisons ?
Quoi écrire, de quelles manières ?
Siècles de siècles… elles persévèrent,
Toujours, toujours elles se renouvellent —
Toujours, toujours elles se renouvellent,
Les immuables interrogations.

 

2

Hibou hue

Ronde lune
Et loin du monde
Un hibou solitaire

 

3

Le vaisseau

Élément liquide
survint la tempête
le vaisseau sourit
se joue de l’écueil

 

4

Peigner la girafe

Lieux de travail
formidables soupirs
âmes innombrables
peignant la girafe

 

5

Êtres frappés

Altération graduelle
frappés par la maladie
la charpente s’émiette
la colonne se dresse
résistance de la volonté

 

6

Nature des tiges

Nature humaine
dans le sein maternel
des tiges dressées
des tiges rampantes

 

7

L’enjeu

    Éclosion de l’âme,
Coquille scindée ;
Mais derrière l’apparence,
L’enjeu, dans le poème,
Dans la personnalité,
Dans l’écume chaotique,
Au milieu des hommes,
En tout lieu —
L’enjeu réside
Au cœur même
Cœur même de l’harmonie,
Coeur même de l’unité.

 

8

Absence de silence

    Quelle absence de silence !
Quel manque accablant !
Faudra-t-il donc invoquer
Une onde toute supérieure
En vue de les épuiser,
En vue de les affaiblir,
De voir enfin périr
Et le trouble et la source,
L’impur et sa fureur ?

 

    Parce qu’ici, écoutez !
Sans différer convenez-en !
La parole si dépouillée,
La vérité simple,
La belle Nature dévêtue,
Fort abasourdie,
Des claires fontaines
S’éloigne, s’éloigne… —
Des nobles oreilles
S’éloigne peu à peu.

 

9

De la bêtise absolue

« Considère la Bêtise, disait-il, comme une manière de royaume s’accroissant au-delà de toute limite, possédant une étendue se tenant à l’écart de l’intellection, s’étalant sans fin par-delà l’humaine horizon, par-delà la vaniteuse Raison, une sphère indéfinissable, un infini d’un rang autrement supérieur : un Infini Absolu, — plongeant ses racines dans un puits insondable où hurlent les vents de la folie, repoussant perpétuellement des bornes pour ainsi dire physiquement floues, vagues, inexistantes. Il est nécessaire que tu mesures la portée de ces quelques mots et que tu avances peu à peu dans l’ordre de la connaissance afin d’être en mesure, sur l’étrange pente, de t’élever, puis un jour, de t’arrêter et de réaliser la densité de la sentence : « Au-dessus d’Elle, nulle chose n’est à même d’exister ». Mais, compagnon, ne va point cependant songer la figure d’un monstre formant un mal effroyable, t’imaginer une créature destructrice de l’âme ; son existence rend possible, pour ce qui concerne l’esprit de l’homme, et au-dessus du néant, l’émergence, — et davantage, le maintien de cette conscience, son développement, son épanouissement ! C’est ainsi que Bêtise constitue ce démiurge prodigieux, presque impossible à caractériser — une sorte de divinité créatrice d’univers sans égale. »

 

 

Photo © iStockphoto.com / cienpies 

Classé sous :Journal

Vivre

Vivre

8 mars 2017 par Vincent PAYET

 

1

Vivre

    VIVRE : quel Verbe !
Et combien y aspirent !
Asséchées,
Combien de lèvres
Languissent de s’y tremper !
Cependant,
Presque aucune,
Semble-t-il,
N’est prête à périr :
Dans les multiples accidents,
Transformations de la conscience,
À sans cesse devenir !
Aussi ne peut-on qu’espérer
Qu’avant la fatale heure
Chaque âme se ressaisisse ;
Aussi voudrait-on pouvoir se dire :
« Non, il ne fut point trop tard :
À l’aube de l’éternelle nuit,
Sans doute eurent-elles saisi,
Saisi leur erreur. »

 

2

Gestation artistique. — Quelle joie d’observer un artiste composer un monde non pas étranger, mais porté durant de longues années au-dedans de lui-même, pareil au vin qui, dans le sein de son fût, lentement, sereinement, respire et mûrit, s’épanouit et devient ; quel ravissement d’assister à l’éclosion d’une pensée où se mêlent clarté et précision, à la parfaite réalisation de la forme comme du fond, entre des doigts maîtres passés en sensation, sentiment et réflexion ; et quelle scène que celle où le verbe semble apparaître, se transmuer et prospérer dans une manière de plénitude, que l’oeuvre érigée sur l’expérience profondément vécue, que l’expression d’un esprit, que la manifestation d’une volonté possédant ses visions, ses desseins, et surtout, ses moyens ! — Ah ! quelle grâce, quel charme ! quelle inspiration, quelle vie prenant forme devant nos yeux ébahis, à l’intérieur de ces productions tant parfaites, en ces mains formidablement sûres de leur valeur, en ces organes si forts — si dignes parmi leur nature éminemment délicate !

 

3

Flâneries d’un cavalier solitaire

Longues flâneries
dans les allées de l’esprit
allées cavalières
chemins bien fleuris

 

Et que l’âme verse
dans la science
ou dans la poésie
toujours y sont rencontrées
les grandes les gracieuses
formidables intuitions

 

Là sous les pas
pas connaisseurs
à l’intérieur des regards
impatients trépignants
se révèle Complexité
se dévoile Beauté

 

Et quand bien même tout ceci
ne serait que vastes fantasmes
quels songes merveilleux
accueillant douces folies
quelle puissance véritablement créatrice

 

ô colonnes de l’intime temple
ô arches vigoureuses
ô portes sublimes
donnant sur l’émotion
de même que dans la signification
deux profonds et hauts royaumes
on ne peut plus considérables
baumes si souvent favorables
accordés à tout homme

 

4

Est-ce possible ! — A : Peut-on posséder à la fois un esprit si rétif, une réflexion si intransigeante, une parole si dépouillée, un style, une existence si tranchante, pour ainsi dire si crue ? — B : Est-il possible qu’un pareil nombre de personnes se cachent à l’intérieur d’une conscience docile à ce point, persévèrent dans une pensée aussi soumise, une salive aussi verbeuse, une posture, une philosophie aussi superficielle, en quelque sorte aussi apprêtée ? Est-il possible qu’au sein d’un essor aussi prodigieux de la connaissance du phénomène humain et du cosmos un tel cauchemar enveloppe autant d’âmes désertées, d’intelligences fragmentées… autant de crânes négligés, abandonnés — désintégrés ? Est-il possible enfin à ce degré tellement élevé et sans verser cependant dans le ridicule le plus profond de se figurer être fondé à dénigrer de cette manière le type même, la caractérisation, les traits — le visage de l’Esprit libre ?!

 

 

Photo © iStockphoto.com / Panacea_Doll 

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Poésie monstrueuse

Poésie monstrueuse

6 mars 2017 par Vincent PAYET

 

1

Poésie monstrueuse

Peut-être faut-il naître poète
pour aimer les lois
la logique du monde
et le curieux résultat
bien souvent monstrueux

 

Peut-être faut-il naître poète
pour aimer et les bactéries résistantes
et les champignons vénéneux
et les végétaux carnivores et les virus
surtout le plus illustre le grand singe même

 

poète tu l’es sans doute
mais probablement l’ignores-tu toi-même
toi qui depuis tant d’ans
reconnaît toute la farce
et néanmoins la savoure
goutte après goutte
jour après jour
avec un plaisir si épuré
une joie une habilité
un art si consommé

 

2

Innocence débordante

    Si toute la chaîne de conséquences
Demeure invisible en tes yeux,
Et ne doute point un seul instant,
Elle l’est en l’organe raisonnable ;

 

    Si Bien et Mal ne sont que conceptions,
Qu’illusions tout à fait réelles, bien humaines,
Et ne va point croire à quelque sagesse
Énonçant une vérité à cela contraire :

 

    Te reste-t-il d’autre expérience que l’authentique,
Que la salubre, que la vigoureuse existence,
Celle exempte de regrets grouillants —
Le torrent plein et innocent, l’action toujours sémillante ?

 

3

En phase

Esprits négateurs, âmes calomniatrices,
Les mélodies que chante sa langue,
Ne cherchez point à les entendre,
Car si peu sauraient bien comprendre
Ce que prononce une telle inspiration ;
Ignoreriez-vous toujours la vérité que voici :
Que seules les natures de même essence
Peuvent sérieusement tenter de les apercevoir,
Et, qu’il est même heureux qu’un si faible nombre
Forment l’auguste vœu de les dignement concevoir,
Puisqu’en ces oscillations, en son sain mouvement,
Encore plus rares… plus rares encore sont ceux
En mesure de calmement sentir, et de joyeusement boire ?

 

4

Belle ardeur

    Veux-tu contourner l’égarement,
Décèle la belle activité,
Et jette-t’y avec ardeur ;
Celui qui à ce délice sait
S’abandonner entièrement
Tout en évitant soigneusement
Les voies contraires,
N’apportant que troubles,
Malheurs et force misères,
Celui-là pleinement saisira
Le beau fruit de la vie :
Connaîtra les multiples naissances,
Éprouvera l’exquise expérience.

 

5

Sans doute

    En premier lieu, expectorez le verbe !
Par ce mouvement vous apaiserez le doute,
Lequel pour faiblir ne demande qu’à prestement jaillir ;
Puisque c’est dans l’expression, coûte que coûte,
Dans le lâche abandon à la certitude pressante,
Que l’âme servile oppressée s’imagine toute libre,
Que sa pensée allégée se figure tâter la pure vérité.

 

    Qu’à la face des passants soit jetée la doctrine bossuée !
Que la pernicieuse, que la déplorable saute, et fasse mouche !
Il est bon que l’illusion de la certitude stabilise les âmes
Et que celles-ci, rassérénées, s’évertuent pour soutenir leurs consoeurs ;
Ainsi, les lois du monde vous paraîtront plus intelligibles encore !
Ainsi, chimères, maladies, retrouvant leur si antique vigueur,
Se rendront peu à peu toujours plus maîtres de l’esprit.

 

 

Photo © iStockphoto.com / kevinhillillustration 

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System Error

System Error

2 mars 2017 par Vincent PAYET

 

1

System Error

    Erreur Erreur Erreur
À l’intérieur des petites écoles
Au sein des vastes universités
Sur les grandes ondes
Les écrans du monde
Sur les bouches
En les cœurs
Partout tu es logée
Et surtout tu es louée

 

    À travers les âges
De proche en proche
Flambeau grossier
Torche funéraire
Esprit contraire à la lumière
Volontiers les mains te portent
Avec joie on te transmet

 

    Ah parmi le village mondial
Comme ta religion est professée
Virus planétaire
Le plus aimé

 

2

L’âme des philistins

Hélas ! lettres, arts, culture,
Combien il nous est pénible
De vous voir depuis des siècles
Vous débattre avec constance !
Au milieu d’insondables difficultés,
Contre la maladie, la décadence
Contre la misère, l’indifférence,
Dans des eaux souvent si troubles,
À la surface d’un gouffre sans fond… :
Oh ! une manière de sinistre cauchemar !
Parmi les hautes lames tout acérées,
L’âme des purs, celle des vrais philistins.

 

3

Suffisance et insuffisance.

Certes cet artiste était capable d’« états d’âme supérieurs », cependant ses sensations, ses sentiments remarquables, sa personnalité atypique étaient-ils suffisants pour qu’il fût possible de le qualifier « homme supérieur » ? L’esprit honnête, forcé de reconnaître, en face de ce singulier personnage, la vigueur de ses organes, la nature étonnante de ses sens, le caractère particulier de sa complexion, devrait-il à présent s’imaginer envelopper dans son regard l’ensemble des éléments nécessaires à l’élaboration d’un jugement solide et valable, d’un constat manifeste, d’une conclusion souveraine ? La vérité ? Notre peintre ressentait, mais ne concevait point la chose ressentie ; le bras de sa sensibilité était comme laissé seul, en quelque sorte à l’écart de la raison, laquelle constituait chez lui cette forme de puissance éclairante toute tremblante, en définitive, une faculté pour ainsi dire vaguement présente. Parmi ses nombreux motifs, au sein de la vie, il regardait, collectait, parfois même rendait heureusement certaines pensées ; seulement, hélas ! il ne possédait point la distance, les bons angles, la profondeur et l’éloignement — les lois, l’art de la perspective convenable et prometteuse. Jamais, en sa carrière, jamais, en l’existence, ses doigts n’avaient pu acquérir l’essentielle dimension, l’acuité, la perspicacité, en somme, la vision et l’attitude indispensables aux réalisations éternellement estimées et foncièrement durables ; jamais il ne sut toucher la possibilité de donner le jour aux seules choses qui demeurent, qui souvent même prennent de l’ampleur : aux créations impérissables, aux œuvres d’exception.

 

4

Le temps qui court

    Pour lire le temps manquait à l’homme ;
Alors la Plume écrivit pour lui de brefs essais.

 

    Mais le temps s’échappait ;
Aussi composa-t-elle des aphorismes.

 

    Toujours les heures s’évanouissaient,
De brefs poèmes virent le jour.

 

    Et comme le temps fut encore trop court,
Quelques lettres en toute hâte furent animées.

 

    Mais sans faiblir, en la parfaite continuité,
« Que le temps semble fuir ! » qu’il disait.

 

5

L’essence de l’être

L’énergie n’est pas seulement l’aliment de l’être, elle est l’être. Car ôtez-la lui : le corps, l’esprit, l’ensemble indivisible ne reste pas immobile et assoiffé, telle une machine privée de sa boisson favorite ; mais bien plutôt commence à réclamer sa subsistance, puis, faute de réponse appropriée, c’est-à-dire de soutien, d’essence, de matières, par manque de substance, s’affaiblit, se désespère, et se disperse peu à peu…

 

6

Douce nuit
Et dans le lointain
Le murmure d’un oiselet

 

7

Jeunes plantes
Arbres majestueux
Quelle haute tranquillité
Quelle paix aux coeurs offerte

 

8

Amies silencieuses

    Variété merveilleuse,
Amies silencieuses,
Aux mille couleurs,
Aux multiples senteurs,
Êtres si nécessaires
Et tant négligés,
Dans l’obscurité,
Combien vous soutenez
Vos hôtes,
Combien vous irriguez
Les hommes —
Comme vous portez
La vie !

 

 

Photo © iStockphoto.com / Romanovskyy 

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