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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour décembre 2016

Modus faciendi

Modus faciendi

5 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1

Modus faciendi

Les manières d’être et d’agir auxquelles s’abandonnent avec force et constance les personnalités remarquables, revêtent généralement, et cela est d’autant plus visible, que l’on se donne la peine d’en distinguer les causes et les effets, un intérêt considérable. Qu’on examine attentivement l’évolution de ces consciences rares, ce soin révèle l’unité dans leur démarche, et fait naître une aimable surprise, un profond sentiment de cohérence et d’harmonie dans l’esprit des observateurs même. Après cela, comme devant un voile semblant se lever, qui naguère encore paraissait recouvrir une manière d’impénétrable mystère, l’on s’imagine reconnaître les mécanismes, les procédés, l’inestimable modus faciendi, les figures hautement improbables formant le caractère exceptionnel des concepteurs et des productions, puis l’on va courir vers ces réalités nouvellement révélées, vers ces belles arrivantes à peine débarquées. Mais que ces dernières, s’étant un instant arrêtées et laissé dévisager, s’immergent derechef dans leur ouvrage, qu’elles poursuivent ce pour quoi elles sont nées, ce travail perforant les parois rocheuses imperceptibles, les barrières abstraites, les obstacles bien réels — les conditions sont solidement établies pour que les « analystes », les « spécialistes » de l’inventivité et du progrès ne se retrouvent plus, comme rendus, ébahis, au perpétuel point de départ, pour ainsi dire complètement stupéfaits devant cette nature foncièrement invisible et intangible, cette réalité continuellement fugitive du génie. Sans doute d’aucuns diront-ils que tout ceci donne l’impression d’être considérablement flou ; cependant tout s’explique : la brume silencieuse a regagné ces anciennes terres ; — et là-bas, à l’abri des regards indiscrets, un musicien est retourné dans son violon… l’esprit du thérapeute a fait, encore une fois, corps avec la pensée et la chair de son patient… l’écrivain s’est remêlé à l’essence de ses personnages… un peintre, suivant sa manière accoutumée, s’est identifié à la nature… le penseur s’est remis à glisser avec gaieté parmi la matérialité de son objet… En ces lieux, à l’intérieur d’une atmosphère toute secrète, dans le sanctuaire de l’intimité, et en un puissant et délié sentiment de latitude, les petites mains, anciennes et nouvelles, dansent avec grâce, — et bientôt, avec confiance, s’attachent à satisfaire leurs activités particulières, leurs réalisations singulières. — Et comment en serait-il autrement ?

 

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Vers des contrées insoupçonnées

Vers l’étrange ligne… dans les lointains mes regards s’accumulent,
Et l’onde, et la terre assistent à mon voyage ;
En pleine fluctuation, mon bras ne se laisse démonter — :
Sillonnant les humides plaines, sur son ombre surplombe le lumineux coursier.
Là-haut — les astres surpris dévisagent curieusement le singulier duo,
Maintes considérations, pluies de délibérations s’ensuivent…
Pour, finalement, tout à la galopante volonté concéder :
L’action, le tracé… le fuyant et unique sillon bleu océan, bleu azur !

 

 

Photo © iStockphoto.com / Furtseff

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Sol pleureur ou Ennui et Dérivatifs

Sol pleureur ou Ennui et Dérivatifs

3 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

Si une manière d’abattement baigne continuellement le sol de ton cœur, pareil à ce cours d’eau amer s’évertuant pour saper le pied des dignes constructions, que cela tienne à un grave chagrin, ou bien à une confuse douleur, efforce-toi, toutefois, de détourner ton esprit des pénibles préoccupations ; cherche donc, et trouve ! un noble dérivatif à ta profonde misère. Puisant tes forces en ton propre fonds, en ton essence, en ta nature, élève-toi au-dessus de toi-même, et, fixant tes prunelles sur l’existence, et considérant ta vraisemblable destinée, en jetant ton regard audacieux dans les yeux des continuelles alarmes tel un pont majestueux s’élançant vers les berges à venir, oppose, aux ennuis, à cet Ennui hantant toute vie, et en ta pleine présence, ton admirable activité, ton auguste plan, ton joyeux tracé. Dans la vigueur d’une assurance affermie, plante, oui plante sans peur, en ce sein excité, en ce flanc ennemi, tes grandes, tes fières, tes intentions les plus éthérées. Ô graves-y mon ami, amène créature ! à l’écart de l’hésitation, loin du qu’en-dira-t-on, et en pleine inclination, ta volonté, ta détermination… tes desseins les plus élevés, les plus sains, les plus purs.

 

Photo © iStockphoto.com / nathan4847

 

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Sur la cime des bûchers

Sur la cime des bûchers

2 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

— A : Je me dois de te confier, mon ami, qu’à la vue de tant de souffrances, de malheurs, de misères, mon monde intérieur se sent comme pris de fièvre et de vomissements ; que les images désolantes de ces terres et de ces âmes déprimées, que ces objets, ainsi formés, à toute heure, en tout lieu ne cessent par leurs assiduités de m’excéder ; et que, tombé à demi pâmé entre les langues des mêmes flammes m’ayant saisi par derrière, sur la cime de ces intimes bûchers, en la brulante agitation je trésaille de crainte, je désespère de tout, je m’étiole. La grande Coupe de la Tristesse ne cesse de s’emplir, je le sens ; ce sentiment est puissant — la substance me brûle le palais, la gorge, l’estomac, le crâne ! — ; ample est l’incendie, à ce point qu’il me semble que mes lèvres fugitives constituent la principale destination de la mauvaise destinée. Funestement, ma volonté, pour ainsi dire presque séduite, hésite, rechigne ; ses frêles jambes veulent se détourner — mais la voilà qui se fait piéger, agonisant nuit et jour dans les filets du plus amer baiser. — B : Le Clair et le Sombre, le Rugueux et la Douceur, l’Heureux et le Néfaste toujours ont habité les humaines contrées, toujours ont peuplé les expériences millénaires, tu ne saurais l’ignorer. Appréhender, éprouver, et cependant, dans la constance se fortifier l’âme, est-il tâche supérieure accordée à toute créature sentante et pensante ? Ne sont-ce point là précisément l’épreuve, le chemin et le but en un seul lieu assemblés ? En outre, il est nécessaire de continuellement chercher à voir et entendre le monde à travers ses organes propres ; ce faisant, sans doute à notre cœur l’état actuel des choses ne paraîtrait-il pas tel qu’il est aujourd’hui en face de toi… — et pour quelle raison devrions-nous vivre par procuration, nous entretenir parmi les chimères d’autrui, durer en une augmentation graduelle de l’éloignement de nous-mêmes ? Par quelle déraison tolérer qu’il soit demandé à notre conscience de se satisfaire d’une impression de phénomènes falsifiée, autre, dénaturée ? Et pourquoi ne nous efforcerions-nous point vers un esprit maintenu dans sa tranquillité, au beau milieu de la fortune adverse ? « Nous tenons toutes tes affirmations pour les pensées les plus claires, pour des pierres fort précieuses… », s’écrie chacun dans l’heure et par-devers soi ; mais demain, déjà, pour ne point paraître un étranger aux yeux du groupe, pour assouvir cette forme de mentalité grégaire fomentant les troubles dans les seins, on s’éloigne du lien authentique existant entre l’homme et les choses, et souvent pour jamais.

 

Photo © iStockphoto.com / Zffoto 

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Paires d’yeux

Paires d’yeux

1 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Paires d’yeux.

Dans leur modeste retraite, sur de hautes collines boisées, ces bêtes étranges se protègent des pensées dominantes, de l’environnement délétère, de l’atmosphère suffocante. Aussi se les figure-t-on tout à fait à l’écart des réalités humaines, voire du réel ! Toutefois, combien on ne saurait davantage s’écarter de la vérité ! Que certaines visions déploient de si amples ailes au-dessus de si profonds champs, qu’il faille, et à bon droit, se représenter leurs éminents propriétaires comme dotés, non pas d’une seule paire d’yeux ordinaires, mais d’une bonne dizaine extraordinaires (extra ordinarius) est une évidence éclatante… Et cependant, comme cette dernière reste ignorée ! En outre, ces esprits sauteurs et sophistiqués, ces consciences solitaires merveilleusement ailées non seulement éprouvent la texture du monde, mais ressentent même ses vibrations, par la puissance des antennes de leur perception. Hélas !…     « Que vient-il encore nous conter là ? » serine soir et matin, sans fin face à la voix du joyeux sauteur, la foultitude de malheureux automates, en une manière de fort connu et bien funeste choeur…

 

2. Éclosions lumineuses.

Dès lors que les grands esprits s’éteignent, leurs semences vont pourvoir de nourriture les nouveaux cœurs incandescents. La lumière des étoiles qui éclosent prend pour aliment l’obscurité relative, de même que la vie la mort.

 

Photo © iStockphoto.com / zabgoe2525

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