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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour décembre 2016

Funeste Primat

Funeste Primat

14 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Funeste Primat.

Le primat du chiffre sur l’affectivité : au sein de nos sociétés, est-il constat plus sérieux ? De froids systèmes, sous le couvert du bien commun, de raisonnements fort variés et colorés, de démonstrations regardées comme puissantes et lumineuses, développent, en vérité, sur les cœurs humains, sur ces organes angoissés, leurs lianes verdâtres, leurs visqueux et détestables tentacules — répandent l’immonde. Là où les émotions et le sentiments s’estompent peu à peu, où la vie intime de l’être est graduellement réprimée, cadenassée, étouffée, en ces lieux tellement ordinaires, est-il toujours permis d’espérer la jouissance dans un paysage autre que celui de terres calcinées ? L’individu, en vue de se protéger, ou bien, et ceci est le cas le plus fréquent, de dominer, vaincre et « posséder » son prochain, soustrait, à son insu, des forces de vie incomparablement saines un élément si essentiel : la capacité de considérer, de comprendre, de sentir pleinement ce voisin et, davantage — de sentir ce dernier de la même manière que soi-même. L’équilibre est repoussé vers les lointaines contrées, et l’harmonie potentielle, ce lien tant nécessaire, tant cher entre le soi et l’autrui, cette sorte d’heureuse promesse se trouve, en conséquence, pour ainsi dire exilée. Dans cet état actuel des choses, atteintes d’un fléau destructeur, funeste à ne pouvoir l’être davantage, c’est-à-dire ignorant leur propre morbidité, comment pourrait-on encore attendre, qui plus est, avec confiance, que ces civilisations, situées aussi loin de l’empathie et de l’altruisme, se résolvent jamais à se soigner ?

 

2. Spectacle de dévastation.

Tant d’humilité unie à tant de connaissances ! tant de grandeur d’âme avec tant de richesses et de puissance ! et la tranquillité de l’esprit en pleine tâche !… Voilà ce que l’on nommait autrefois un Homme. Ainsi, au milieu de la crise « écologique », en plein cœur de cette forêt abattue, au pied de la dévastation de la culture comme du caractère, il ne se trouve que le fou ou le philistin pour ignorer, ou bien nier l’évidence : l’extinction imminente de cette manière d’espèce. Les provinces, les campagnes, les villages… les sols, les pousses, les récoltes… par les ouragans, par les épidémies, par les incendies… essuient les furieux tourbillons, les intraitables flammes, les pertes inestimables, — le feu continu de l’invisible ennemi ; ne nous laissant, à nous les consciences dans les sphères de la révolte, que notre bras afin d’ôter la sueur de nos fronts tout plissés — afin d’essuyer cette surface de chair… toute souillée par les larmes et les poussières.

 

Photo © iStockphoto.com / IADA

 

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Macrostructure humaine

Macrostructure humaine

13 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Macrostructure humaine.

En atteignant le sommet de la montagne, il eut le plus étonnant spectacle qu’il ait vu de sa vie. Un nid se composant d’étages et de galeries, logeant sa colonie : une fourmilière géante et grondante, la fourmilière aux têtes d’hommes ! Les insectes allaient et venaient, tels de sourds et inflexibles balanciers ; chaque individu disait pardon et merci dans une forme d’agitation, d’irréflexion… de non-sens frénétique et généralisé. Laissé quelque temps tout abasourdi par l’absurdité du panorama qui s’offrait à ses pieds, soudain, il lui vint un irrépressible désir, une timide envie qui avait prestement grandi : dans un fracas de tonnerre, heurter les villes, les villages, ces habitats douillets — la macrostructure humaine avec son grand soulier.

 

2. État d’indifférence.

« Ayez soin de ne pas vous égarer dans les activités insignifiantes », ajouta le jeune maître. — Pour quelle raison donc ? reprirent les enfants d’une voix tout innocente. — Le temps est le bien le plus précieux de l’homme, et si… » La plupart accueillirent ces paroles avec la plus profonde indifférence.

 

3. Palais meurtriers.

Au sein de ces existences souffrant un engorgement se développant par degrés, qui pourrait nier que le temps de loisir ne soit précisément ce sel accordé à chaque être, l’aliment miraculeux, la sorte de remède qu’il n’est justement plus permis de laisser filer des mains grossières ? Puisque les bras laborieux de ceci ont claire conscience, on les voit donc… : écouler les stocks d’heures comptées, devant les jeux, les spectacles télévisés les plus niais ! ou bien se détendre en pleine gueule — à l’intérieur de ces pages noires et blêmes sises sur les confins du grotesque ! « Mais le ridicule ne tue pas, et souvent soulage même, voire console tout à fait ! » protestent avec force les voix nombreuses. — Las ! elles l’ignorent, les malheureuses : les victimes de ces palais multiformes, de ces cavités ouvertes bien malades, funestes, et partout fort dissimulées, se comptent aujourd’hui par centaines, par centaines de mille, que dis-je ? par centaines de centaines de… — ne se comptent plus. Et bientôt ces mêmes voix, qui à l’instant s’élevaient avec ardeur… bientôt ces mêmes voix iront grossir les fleuves rapides des prochaines avalées.

 

 

Photo © iStockphoto.com / LjubisaS 

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Les prodigues

Les prodigues

12 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Les prodigues.

C’est dans la haute méfiance que l’esprit qui écrit doit recevoir les conseils abondants d’autrui quant à sa production. Car, que savent-ils en définitive, ces autres, de l’important : des choses et des mondes que la plume abrite — de ce qui peut se former, de ce qui peut survenir, de ce qui vient en elle ? Et que sont-ils en droit d’affirmer, ces consciences ne se rencontrant jamais devant la glace de leur propre âme, ces bouches si prodigues d’encouragements, de paroles, de vérités — ces cœurs tout à fait étrangers à eux-mêmes ?

 

2. Ce qui influe.

Les secondes du monde glissent d’un prompt vol, et tandis que la grâce consommée influe dans certaines âmes, d’autres accueillent l’extrême bassesse. C’est ainsi que sur les parquets de chêne millénaires virevoltent en se croisant, mais sans jamais se confondre, l’Heureux et le Malheureux, le Sublime et l’Affreux, la Belle et la Bête. C’est ainsi que des qualités tout opposées pénètrent corps et esprits, que se répandent des scènes incomparablement riches, contrastées, que tant de diversité s’en va en toute hâte… sous les regards d’astres hautement étonnés.

 

Photo © iStockphoto.com / Fourleaflover

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Les Lignes de force ou la Culture et le Champ

Les Lignes de force ou la Culture et le Champ

11 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

Qu’est-ce donc que la culture ? Un « champ », immense, où les consciences de génie, par les équations, les mots, les formes, les mouvements, par la logique, l’imagination, l’inconscient, l’intuition, tentent de décrire, d’appréhender et de semer la nature des choses. Et certes le réel, pourtant si proche, évolue ordinairement loin de la compréhension des hommes : toutefois, les esprits brillants possèdent l’art de l’expédition, savent approcher l’incroyable visage, et surtout voir, c’est-à-dire discerner la lumière ainsi que sa gestuelle : les vibrations des radieuses lignes, les données hautement oscillantes, les unités d’informations véritablement dansantes. Par ailleurs, qui mieux que les âmes géantes des peuples seraient en mesure, tout en évoluant sur les ondes, en pleine écume, sur la face de ces univers perpétuellement changeants, sur l’étrange figure de ces surfaces pour le commun des mortels inaccessibles, voire fatalement « désorientantes », d’y voguer, d’y plonger, puis, dans une complète lucidité, de rapporter de ces voyages des impressions inouïes, une histoire inédite, un récit enthousiasmé tout à fait clair et détaillé ? Oui, exception faite pour nos colossales puissances, qui oseraient se confronter avec l’inconnu, avec son réseau formidable, et darder des regards débordants de vaillance dans le sein de ces lignes de force toutes mêlées à d’innombrables secrets ?

 

Photo © iStockphoto.com / ayvengo

 

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Du Verbe et du Ballet !

Du Verbe et du Ballet !

9 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1

Du Verbe et du Ballet !

Écriture mainte fois pesée,
Pensées et Textes tout maîtrisés,
Qui fuyez la quantité, étreignant la densité :
Où donc trouver vos terres habitées ?

 

Lignes fines, Courbures élégantes,
Modeste Assemblée, si précieuse, si choisie,
Songe-t-on assez — à votre valeur ?
Croit-on encore — à vos caractères supérieurs ?

 

Devenir vos rivales,
C’est le désir des Bibliothèques sans nombre !
De sorte qu’en leurs ouvrages, ô blêmes pages !
Elles s’évertuent pour rassembler les objets rayonnants.

 

Parmi cet espace si restreint,
Se croire à même d’attirer,
Et les lettres d’or, et les syllabes en diamant,
Et les idées irrépressibles, et les vérités étourdissantes…

 

Porter en l’extrême pâleur,
Ces choses qu’elles ne sont en mesure de dénombrer,
Soulever l’insoutenable, abriter l’inestimable :
Sont-elles folles !

 

Et cependant certaines pupilles au loin pétillent,
Les vastes, les paisibles âmes toujours scintillent ;
Sur la toile d’une poignée de consciences,
L’auguste matière continue de prospérer…

 

Cependant, sur ces voûtes illuminées,
Les Syllabes, les Exclamations, les Interrogations,
Le Verbe altier, imperturbable, dans les chaudrons ardents —
Poursuit, infatigable, son plus prodigieux ballet.

 

 

2

Jours et nuits d’une voyageuse

Toupie lumineuse,
Charmante patineuse,
Astre ondoyant,
Phare tournoyant !

 

Déjà tes forces te quittent
Et ton cœur ralentit
Et ta sphère rétrécit ;
À peine naissante : tout vacille !

 

Bientôt dans le noir,
Berceau le plus pur,
Repos aveugle,
Honnête et digne Tombeau…

 

Bientôt épuisée, toute consumée… :
Une lueur tremble à présent,
Dernier mouvement de cette danse —
— Ultime souffle d’une éternelle voyageuse.

 

 

Photo © iStockphoto.com / meyrass 

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Principes élémentaires

Principes élémentaires

8 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1

Principes élémentaires

Il existe ce livre, cet « ouvrage », où les violations les plus manifestes pour ce qui concerne les principes élémentaires de l’Écriture saisissent l’oeil alerte, dérangent le robuste estomac, excèdent le goût le plus tranquille, comme seuls le silence glacial, la fièvre, la douleur, le désespoir savent l’exécuter, bien que la construction soit d’une tête fort savante. De même qu’à l’intérieur de maint tableau les objets pris un à un peuvent se trouver dans la magnificence sans que cela offre le moindre intérêt à l’unité de la sensation, contribue à l’harmonie de la composition, de même dans ces enchaînements de caractères, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de ce tout que l’on nomme tantôt œuvre de l’esprit, tantôt volume… tantôt manuscrit, tantôt publication, les mots étincelants, les concepts inédits, les entités brillantes mais séparées échouent dans leurs efforts pour répandre sur l’ensemble une clarté tout heureuse. Ce n’est pas que l’auteur manque de dispositions, loin de là, mais dans sa hiérarchie de valeurs, il s’empare pour ainsi dire des superbes doigts, de la délicate main de la Signification, et aide la remarquable Dame à passer tout à fait au-dessus de la Forme. Se moquant du son, ignorant le rythme ; délaissant les enseignements des illustres plumes trépassées ; bafouant la merveilleuse mélodie cachée en chaque structure digne sur le papier d’être aimablement posée : en enjambant tous deux ce que lui se figure être une sorte de croupissante mare, ils s’éloignent d’autant de ce qui précisément fait la grandeur. — Et voilà notre écrivain « géant » quittant donc la voie de l’inestimable filiation ; le voilà en route vers le plus méprisable irrespect, plongeant dans le colossal dédain, en la vertigineuse arrogance : d’une part à l’égard de ses lecteurs, de l’autre, et ceci est au fond bien plus grave, à l’endroit de l’art… Et, de grâce ! n’allez pas croire, au moins, même un moment, que cet étrange objet de papier, accompli dans le pitoyable, et dont nous avons étalé à l’instant les multiples qualités… puisse être, sur les étagères des derniers libraires — seul et unique en son genre… — Ah ! Nous les entendons déjà, ces individus souhaitant nous confier la tâche d’énoncer des noms. À ceux-là, qui semblent marcher à l’écart de la pudeur, à ces êtres foulant aux pieds la décence, qu’il leur suffise de savoir ceci : ici même, et à cette fin, la place serait formidablement insuffisante…

 

2

À Nietzsche

(Chanson à danser)

Le vent, les flots, la foudre
Ne sont que tes attributs !
Dogme et conformisme
Abaissent la poésie…

Lutin des cimes, Ange des abîmes,
Flèche d’airain, Coursier princier,
Vaisseau mugissant fendant les os,
Fendant l’ère vers ton but…

Cible pour l’homme intangible,
Pour ton bras, pour ton galop à portée. —
Voix, Lit de la pensée délivrée :
— Libres Ailes, nous transportent en Gaîté.

 

 

Photo © iStockphoto.com / MagnusJohansson

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Forme et Mélodie

Forme et Mélodie

7 décembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Forme et Mélodie.

Le Fond se putréfie dans les fosses du temps ; toutefois, certaines structures, certains styles, certaines Formes portent encore dans leur voix quelque chose d’inaltérable. C’est que celles-ci ont cela de particulier, que tout semble y confiner à la grandeur, aux sentiments élevés, à vigueur intérieure ; tout, de façon ou d’autre, s’y rassemble, se complète et concourt à une sorte d’éternelle plénitude. Que saisir ces réalités soit de l’ordre de l’inaccessible, nul esprit sensé ne le conçoit. Et pourtant… Ainsi, à ceux-là qui viendront, et demanderont : « Quels sont donc ces chemins praticables menant à la destination ? » la réponse suivante leur sera promptement et amènement délivrée. « Coeurs potentiellement semblables, rapprochez-vous d’elles simplement davantage, vibrer sans crainte au plus près ! Et voyez si l’on y sent le temps nécessaire, les refus par milliers, les contraintes toutes déjouées… Voyez quels obstacles sont à présent surmontés… Et combien on y trouve la puissance de la réflexion, la hauteur de la rêverie, la valeur des innombrables méditations… Combien on y éprouve la solitude indispensable au caractère de l’ouvrage, la lente et essentielle maturation, sans oublier l’heureuse esquisse… Combien enfin l’esprit est à même de se représenter les cris joyeux de l’inspiration, la remarquable sûreté de jugement et de main dans la mise en œuvre, la fantaisie et la gravité fort entrelacées. Camarades, entrevoyez-vous désormais cette prodigieuse latitude au sein même du plus difficile ? » Car, tout bien considéré, ce qui veut s’exprimer n’est rien de moins que la force intellectuelle, la vivacité d’une imagination déliée, l’intensité impérieuse — tumultueuse en sa diversité, la vie elle-même ! — Ah ! et quels trésors, quelles étendues, quels panoramas ! que toutes ces œuvres caressées par le regard frais, quand ce fragment de jeunesse, cette partie ayant appris à croître dans la distinction survole l’abondante forêt des plus élégantes productions terrestres ! quand son coeur altier embrasse toutes ces plantes éthérées qui malgré le poids des années continuent d’émerger ! J’entends par là toutes ces immortelles relevant la dignité, tous ces arbres immenses élevant la valeur de l’homme, hissant dans les hauteurs, et sans connaître le repos, les espérances les plus distinguées ! Ô exquises créatures ! avant que cette lecture ne s’achève honorerez-vous les honnêtes consciences en portant en votre sein leur précieux secret, ce chuchotement doux et discret qui en toute humilité désire se confier… : « Si vos propres formes ainsi que vos formes propres vous illuminent lorsque vous vous redressez sous les rayons du jour, elles vous célèbrent infiniment plus encore à la paisible lueur de la lampe… » ? — Et qu’il nous soit permis, à nous les éternellement reconnaissants, avant que de nous évanouir dans l’épais silence de la nuit… de poursuivre ainsi la confidence précédente, le doux et intime murmure des lectrices solitaires : « … mais jamais nous n’eussions savouré un instant aussi heureux, si la culture et le bon goût, si rien ne nous avait aussi aimablement apprêtés à cette mélodie de l’âme. »

 

2. Indéterminé.

Tout ceci est aisé à appréhender ; le phénomène, la réalité se laisse si bien observer… La nature est composée de telles matières, de telles énergies, abrite tels objets, tels visages, tels êtres vivants anonymes, telles espèces différentes de consciences, rassemble telles conceptions, représentations, telles équations, telles capacités d’intellection. Son caractère est formé d’indétermination. Son état même est celui d’une âme irrésolue, d’un esprit indéterminé.

 

Photo © iStockphoto.com / egal 

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