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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour novembre 2016

Seule au monde

Seule au monde

15 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Oh ! toutes ces nouveautés, ces gaietés, toutes ces beautés de la Nature inexprimée, qui regarde la créature, l’être infime, et désire lui confier ses secrets ! Hélas ! il manque… à celle-là la parole qui réveille ; à celle-ci les oreilles qui entendent… Mais, dans la vérité, sa voix baigne l’ensemble des régions et des époques ; à la vérité c’est l’organe de la multitude qui ne sait percevoir ses vibrations. Ainsi, ou bien on oublie ces dernières, ou bien on les ignore. Ainsi, que les choses cherchent ces âmes à même de les considérer, de les déchiffrer et de les rendre manifestes par les signes, qui donc de cela se fait une claire et juste idée ? Et cependant comme le Monde semble dans le cœur des hommes vouloir pleinement s’écouler ! comme ce baume en ces cavités, en ces contrées sablonneuses, en ces déserts désolés à soif d’irriguer, de voir fleurir et s’épanouir — comme en ces lieux par trop souvent obscurs, stériles et meurtris la noble substance souhaiterait guérir ! Et certes il existe des individus qui dans cette haute affaire se sentent la capacité de le seconder, pourtant la plupart des tentatives sont vaines. Car la Réalité, toute prodigieuse de sa nature, n’accepte que le secours provenant des consciences d’une même nature : elle ne refuserait le bras d’âmes qui l’égaleraient dans la pureté, dans l’objectivité, dans l’universalité ; elle ne s’opposerait à l’humain soutien, s’il était également remarquable, s’il s’entendait au prodigieux — mais où donc trouver encore de telles aides ?… — La voici, finalement, par une conséquence affreusement « naturelle », laissée presque seule… — toute seule au monde.

 

Photo © iStockphoto.com / BerSonnE

 

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Divines Hauteurs

Divines Hauteurs

14 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Grandeur d’esprit, Grandeur d’âme, divines Hauteurs ! vers quelles contrées vous êtes-vous envolées ? Cœurs composés, qui êtes faits de lignes, de formes, d’invraisemblables arrangements, de combinaisons heureuses, qui logez la magnifique structure, l’étonnante composition, ce monde d’une inépuisable variété ! de vibrer vous êtes-vous arrêtés ? Romantiques à l’oeil tout en ouvertures, intrépides visiteurs des constituants fondamentaux de la nature, de cette réalité plus libre et dégagée — débarrassée du Mythe, du Bien et du Mal, du Dessein intelligent —, de ce réel éclairé par le savoir scientifique, la pensée moderne, — du noble sentier avez-vous fini par vous éloigner ? Cerveaux finis, accumulant sans aucune cesse un nombre infini de connaissances, emplissant vos visions, votre raison, votre imagination de sensations, de sentiments, de vérités, est-ce l’élévation, cet auguste nid, ce lieu si pur, cette sphère tant altière, que par vos ailes rognées vous aspirez ainsi à quitter ? — Nous autres marchons dans les interrogations, parmi cette abondante forêt, à l’intérieur de cette singulière végétation bien souvent essentiellement étrangère ; nos petits pieds, érigés et bâtis sur de robustes volontés, tentent les moyens d’avancer — et un pas à la fois pour ne point trébucher ; notre conscience se tient alerte et sur ses gardes et toujours est en quête de ces êtres sains d’esprit, de ces personnalités ne déclarant pas publiquement et loin de la honte des paroles proches de celles-ci : « Au centre du monde, Elle ne connaît pas la rondeur ni la rotation », « l’Évolution appartient au royaume de la déraison », « la Morale nous vient d’en haut », « les Atomes sont de grandes illusions », « la Nature granulaire des corps, des âmes, des choses est une fausse croyance des plus tenaces »… ! — Et même s’ils se font cruellement rares, en les parcs en les vallées, sur les mers les sommets, dans les airs les souterrains, il nous arrive, quelquefois, de rencontrer l’indicible joie : de reconnaître et de serrer les mains de ces individus autres. Alors, ensemble, nous ne pouvons nous empêcher, tant la circonstance est merveilleuse, d’échanger de longs regards, de nous rapprocher les uns des autres, et de nous étreindre dans une sorte d’exquis sentiment de fraternité. C’est que, comprendra-t-on peut-être, ces occasions tellement rares méritent que nous les célébrions ! C’est que nous nous croisons si peu, nous, les compagnons éparpillés sur l’immense carte de la vaste expérience… nous, les autres « moi », les autres « sang » — les frères et sœurs, en la chair et le cœur.

 

Photo © iStockphoto.com / bluebearry

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Ivresse marine

Ivresse marine

13 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

L’individu s’efforce de trouver des réponses qui pourraient rencontrer toujours davantage la pertinence et la profondeur. Mais rares sont ceux qui, dans un recul bienfaisant, pénètrent plus avant dans la connaissance de l’« origine », l’approfondissent, épurent ce flanc, — bref, s’attardent d’une manière tout à fait autre sur l’autrement important parmi l’important : les questions elles-mêmes. À la vue de l’immense majorité des hommes, on ne peut s’empêcher de songer à ces pauvres explorateurs pris de folie, s’élançant vers l’inconnu sans la moindre carte, ignorant le plan — à ces créatures mouvantes, à ces âmes fort émouvantes fendant les eaux sans même la conscience du point de départ ni de la destination. — Des têtes ayant donc perdu le nord, des boussoles désorientées, des consciences déboussolées… — Sur les eaux désordonnées, entre le rivage du passé et celui de l’avenir, en pleine écume d’éléments mugissants : des structures, des corps en plein éperdus… des embarcations ivres à ne pouvoir l’être davantage.

 

Photo © iStockphoto.com / tonefotografia

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Peinture et Réalité

Peinture et Réalité

12 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Peinture et Réalité.

La plume emprunte ordinairement l’une ou l’autre de ces deux voies. Ou elle s’éloigne de la vérité du réel, et va se perdre dans les dédales d’un imaginaire déréglé, ou alors elle s’accroche au monde, et manque du détachement nécessaire à la vision poétique des choses. La première s’oppose à la compréhension immédiate, soustrait au lecteur jusqu’à la possibilité de l’expérience intuitive. La seconde détruit l’élargissement programmé d’un univers pourtant naissant, emporte les potentialités de celui-ci, c’est-à-dire ses germes d’univers-enfants à venir, ses développements, ses « valeurs » ultérieures. Accidentels sont ces auteurs, ces maîtres davantage à même que personne de dépeindre, en des toiles prodigieuses, les motifs essentiels dans leur pleine vérité, dans leurs constantes clartés, en l’évidence même, sans pour autant détruire en un seul mouvement ce que ceux-ci renferment de caché, de secret, de latent. Inappréciables sont ces personnalités possédant à la fois la volonté, le désir du concret et la liberté, l’imagination de la nuance, de la forme, de l’irréalité, — et ce, dans des proportions effectivement harmonieuses. Et voilà comment la grande figure de l’histoire, le Véritable Artiste, appartient au petit nombre de celles qui, de tout temps, sont tenues pour les phénomènes les plus surprenants, les événements véritablement rares… les apparitions les plus heureuses comme les plus singulières.

 

2. Le frivole, l’inutile et l’insensé.

Ah ! la tâche insurmontable de l’insensé qui entend écrire ! — Ne point faire que discourir…

 

Photo © iStockphoto.com / artcalin

 

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Le cours d’eau détourné

Le cours d’eau détourné

11 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

S’éloigner de l’intime connaissance de ses forces et de ses faiblesses, de là sont dérivés tant d’égarements du cœur et de l’esprit, de là tant de pertes. Ne faut-il pas être une manière d’insensé pour s’imaginer Valery, prodiguant au piano la plus charmante des compositions musicales, ou Debussy, produisant de merveilleuses combinaisons échiquéennes, ou encore Carlsen, traitant de l’heureuse union du son et du sens en poésie… ? N’est-il point manifeste qu’il est essentiel de remonter à la source d’où viennent de telles erreurs, c’est-à-dire indispensable de comprendre qu’un cours d’eau a été détourné, de se mieux connaître, de s’absorber en ses propres aptitudes ? de glisser en ses profondes inclinations… de se tendre promptement mais sereinement, tel un enfant qui du fond de son obscure retraite invite soi-même à sa propre fête, — vers la douce clarté de ce rivage continuellement fuyant — vers le soi illuminé ?

 

Photo © iStockphoto.com / bennyb

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Les introspectifs

Les introspectifs

10 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Les introspectifs.

Je ne sais quoi, dans les profondeurs de la vie intérieure, dans le cours impétueux de l’âme, les oppresse, leur ôte la respiration, les secoue, anime les statues de l’intime, enflamme l’inanimé… Qu’est-ce donc qui les engage alors tous si vivement, ces diaristes, ces essayistes, ces poètes, ces philosophes, ces créatures aventureuses, ces explorateurs des cœurs, ces introspectifs de leur nature, à saisir brusquement le verbe, à vouloir former l’indicible, à tenter l’improbable expérience, — celle de produire avec le secours de leurs intimes matériaux leur œuvre propre ? C’est qu’un étrange phénomène a lieu, qui consiste en se sentir dans une manière d’impérieuse nécessité de faire naître le chaos d’émotions, de sentiments, d’imaginaire… de produire ce monde d’ébullition intérieure… d’être en mesure de voir ce dernier, de le palper, de le ressentir dehors soi, — afin de le mieux saisir au milieu de ses multiples facettes, cet objet logeant dans toute sa complexité, en sa pleine irrégularité, — afin de mieux l’observer, de mieux l’éclairer, cet « autre » tout à fait à part se trouvant dans l’exceptionnelle circonstance. Je dis : Cet « autre », et j’entends par là ce « soi-ci » éclairé, en face de ce « soi-là » se découvrant lui-même ; celui-là offrant ses aspects à sa propre vision, à l’oeil de celui-ci — cet objet vivant semblant également plonger ses regards dans l’esprit du sujet conscient… cette structure remarquable restant là, comme attentive… comme une nouvelle-née posée devant soi, installée dans sa surprenante unité.

 

2. Destinée d’une belle âme.

L’esprit d’un homme abrite continuellement un affrontement terrible. Dès sa naissance, une lutte des plus âpres s’opère entre la contraction et l’expansion, c’est-à-dire l’appel du néant et le désir de durer. Devant ce spectacle si ordinaire et pourtant si singulier, la question de l’observateur quant à savoir si les forces de la Décadence enseveliront définitivement celles de la Vie est toute légitime, car à cette réponse s’accroche la destinée de chaque âme. Il existe donc deux évolutions qui peuvent être : la conscience embrasse graduellement de nouveaux savoirs, se complexifie, s’intensifie, et rayonne, ou bien elle se ratatine, se recroqueville tel un enfant malade, et peu à peu emporte son propre souvenir dans les espaces glaciaux et inertes, en la froideur — en l’obscure nuit du dernier silence…

 

Photo © iStockphoto.com / agsandrew

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L’art de modeler

L’art de modeler

9 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. L’art de modeler.

Jeunes esprits, matières malléables ! quelles sont donc ces formes que vous vous êtes choisies ? Substances indécises, masses informes ! quelle est cette destinée par vos mains pétrie ? Les enfants, il vous faut apprendre l’art de modeler : est-il possible, qu’à cette heure si grave et si propice, vous l’ignoriez ? De même que le corps se transforme par l’exercice, de même la conscience s’embellit par l’éducation — voici l’évidence ! Oui, jeunes gens ouvrez !… Ouvrez les yeux, et voyez ! Voyez enfin comme par des degrés presque imperceptibles l’eau creuse les terres, comme les doigts insensiblement vous modèlent… Ô fils de la Terre, puissances ensommeillées, beautés dans les ténèbres, que ne préférez-vous d’autres conceptions, d’autres occupations, d’autres actes ? ne vous dirigez-vous vers les grandes figures ? et ne montez-vous sur les épaules de ces personnages marquants, de vos guides… des illustres maîtres de l’histoire ?

 

2. Les puissances bâtisseuses.

Oh ! l’homme fou, le créateur ! Qui respecte, non pas les êtres, mais les oeuvres ; non pas toute activité, mais l’énergie, le sens, la valeur artistiques — les instincts, les seigneurs, les Puissances bâtisseuses. Qui tente, par un travail acharné, de parvenir à la perfection dans son ouvrage ; éprouve toutes sortes de moyens et de routes ; — qui même s’enivre de cette expérience, de cette pure démence… de l’impossible !

 

Photo © iStockphoto.com / Alvina_Denisenko

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