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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour novembre 2016

Du style laconique

Du style laconique

30 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Du style laconique.

Cet homme ne porte attention qu’aux personnalités passées maîtres dans le genre de l’aphorisme, dans cet art de s’égarer et de tromper d’une belle manière. Toute pensée humaine étant, dans l’absolu, bien contagieuse et fausse d’autant, il choisit ceux qui lui feront le moins perdre son temps. Il sélectionne ces bouches sachant qu’elles se trompent et s’exprimant en conséquence par la forme la plus adaptée : sur le chemin du bref, que par pointes — dans la voie du laconique. Il ne s’entretient qu’avec ces créatures heureusement élevées, qui honorent constamment la belle valeur, celle du majestueux silence. Oui nous pouvons l’affirmer, sans risquer en l’erreur de tomber : l’estomac de notre ami tolère exclusivement les salives honnêtes — les matières de ces organes dignes… les productions de Substances grises versées en concision lacédémonienne…

 

2. Soie dévoreuse.

Les humains, telles de petites araignées toutes besogneuses et affairées, inlassablement tissent leur toile. Ils y attrapent toutes sortes de choses : des croyances, des préjugés, des représentations, des interprétations…, par dizaines, par milliers — la plupart affreusement fausses. Mais comment pourrait-on les blâmer ? puisque tout ceci participe de la nature du besoin, de l’instinct, tient de leurs nourritures spirituelles « nécessaires » ?… — Et voilà comment, par la force de l’habitude, en cette soie si « vitale » les pauvres âmes finissent par s’emmêler elles-mêmes : dans la gueule des enchevêtrements de fils pernicieux, à l’intérieur d’un piège d’acier, en ce fatal tombeau se rétractant insensiblement — en ce « Soi » cruellement devenu… Grand Dévoreur !

 

Photo © iStockphoto.com / lolloj

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Du Palissage et de l’Émondage ou l’Art de la taille

Du Palissage et de l’Émondage ou l’Art de la taille

29 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Les ruminations, l’humeur, les instincts, le caractère forment cette végétation abondante et confuse se développant dans le champ entremêlé des cerveaux. C’est cette flore dense et prodigue qui est généralement laissée sans culture, à l’état de nature, de folle chevelure en désordre, chaotique — de broussailles ; c’est elle, que l’on abandonne à l’évolution spontanée, à l’aléa, aux fluctuations bien souvent malheureuses, à son triste sort. Mais tout individu est en mesure de monter à l’échelle et de palisser ses arbres fruitiers. Il est même tout à fait nécessaire que chacun effectue constamment la taille de ses végétaux intimes en considération de les amender et de favoriser la belle fructification. Cependant, manier d’une façon habile et heureuse les instruments de taille dans l’intention d’une mise en oeuvre efficace, d’un résultat élégant et vivifiant, d’une production délicate est une action réservée à ces horticulteurs raffinés gravissant les degrés supérieurs, aux artistes affrontant le vertige, recherchant son ivresse — aux créatures des hauteurs. Assurément cette dernière opération ressortit à l’art, car ce qui est visé n’est rien d’autre que la formation, le renforcement — au sein d’une voie harmonieuse — de l’équilibre, de l’existence même, de la croissance de chaque élément comme de l’ensemble. Donner une direction complètement rectiligne et ascendante à ses pêchers, pratiquer le palissage et la taille rigoureuse de ses pulsions et de ses passions, qui donc, au beau milieu de cette entreprise si délicate et si essentielle, armé de son audacieux sécateur, de son honorable serpe et de son égoïne scie, convoite de s’élever à présent : qui, en pleine ardeur, désire encore croître en la distinction ? En somme, quelles volontés, et quelque effort que cela exige, tout au long de leur courte existence, vers les trajectoires, les espaces, vers les clartés les plus radieuses et les plus généreuses osent s’élancer ? — Davantage : quelles sont ces grandes arborescences tâchant, en altitude… de toujours se maintenir ?

 

Photo © iStockphoto.com / hchjjl

 

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De la souffrance et de la défense

De la souffrance et de la défense

28 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

« La souffrance pèse de tout son poids sur ma conscience, me dis-tu, et en chacune des parcelles de mon être, se nourrissant d’absence, désire enfoncer son accablante présence. Insensiblement, la solitude approche ses pas, ses griffes, ses dents ; le profond repli sur soi-même constamment me guette ; dans la nuit noire, la bête assoiffée sent graduellement en elle monter l’impatience… » Créateur ! cesse d’être le jouet de tes folles humeurs ! Fuis ton angoisse, et promptement rassemble ! tes volontés, tes forces, ton énergie vitale ! Oui, perçois ! Perçois l’alarme, entends ton état ! Et parmi l’urgence, face au danger, fais appel à ceux qui, de tout temps, ont été tes meilleurs alliés : réunis donc tes amis éternels — réunis, en vue de ta défense, dans l’intention du salut et de la vie, la Confiance en soi, le Dessein, le Travail.

 

Photo © iStockphoto.com / cammep 

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Physica et Approximation

Physica et Approximation

27 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Temps, espace, matière, objets bien étranges ! créatures à peu près inconnues, qui dans vos vastes bras bercez le monde, qui, depuis des millénaires, stimulez vos Aristotes, vos Newtons, vos Einsteins, vos Heisenbergs… — qui étonnez vos braves enfants !…

Ô notre Mère ! notre Père ! Oh ! notre Dieu ! apercevez-vous ces corps immergés dans les fluides, baignant dans les champs ? Ces sous-marins de chairs et de sang, ces constituants même des choses comme des phénomènes ?

Considérez-vous toutes ces créatures tout entières absorbées dans l’étude des propriétés, dans la formulation des élégantes lois, cramponnées à ces idoles séduisantes que sont le calcul, la logique, la science : vos regards se posent-ils sur ces matières humaines emportées par leurs paradigmes, leurs visions, par ces représentations du monde tout à fait incertaines, ces modèles de référence complètement changeants ?

Nous observez-vous, nous les esprits, les esquifs ballottés dans les réalités naturelles, mais, surtout, dans l’approximation : estimation d’une connaissance encore jeune, balbutiante, babillante, estimation des facettes du réel à peine entrevues, estimation enfin d’une nature formidablement drapée ?

Certes, c’est en la tâtonnante observation, en la description limitée et procédant par essais, en pleine incertitude que nous autres nous nous trouvons, cependant, lentement, prudemment, dans une forme de brume dense de principes et de causes, parmi les liens invisibles, au milieu des droites devenues courbes, des formes simples embrassant à présent la complexité, à l’intérieur de la configuration presque étrangère, nous tentons d’avancer — et, à l’intérieur de cet ordre de la nature voilé, devant les merveilles du monde, en face de ses collines et de ses soleils comme recouverts d’une opaque substance, notre entendement, sur des voies d’ignorance avalant l’obscurité, progresse en effet…

La Vérité semble ne vouloir se laisser approcher que par des évaluations approximatives, voilà l’évidence. Eh bien, que ces dernières soient ! — Par les sentiers loin de l’exactitude rigoureuse, par les voies des connaissances approchées, nous poursuivrons sans relâche notre quête, nous concourrons au développement de l’organe, à l’ouverture de l’esprit ! Attendu l’urgence du problème, nous découdrons les paupières des faucons. Puisque le doute n’est plus permis, nous réunirons les nobles instruments ainsi que les doigts les plus purs, puis, en dignes chirurgiens de la raison, réalisant de cette façon ce pour quoi l’on a été créés, nous produirons, poursuivrons, célébrerons l’utile, le beau, l’auguste travail : — endormies, debout sur les funestes planches du globe, tombées dans une manière de curieux coma : nous dessillerons, dans la patience, la constance et la remarquable sûreté de main, toutes ces intelligences en leurs interminables errances… l’ensemble de ces misérables consciences inconscientes.

 

Photo © iStockphoto.com / prawny

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Ils n’en ont cure

Ils n’en ont cure

26 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Ils n’en ont cure.

Comment parviennent-elles, toutes ces têtes, à supporter ces tonnes de déchets versées sur leur tranquillité ? Au moyen de quelle puissance, réalisent-elles le tour de force de contenir la colère, qui en ces heures détone en leur cœur par révolte contre la fatuité des frivolités, lesquelles, sous de grands airs, se croient autorisées à oppresser la sérénité ?… Mais oui ! Tout apparaît à l’horizon à présent ! Ces personnes ne sentent pas ces choses ! Elles ne connaissent pas, elles n’éprouvent l’odeur ni l’insupportable ; elles ignorent leurs bourreaux même ! Ainsi, qu’il faille s’occuper sérieusement des bagatelles, elles ne peuvent le savoir ! Qu’il soit indispensable, et à plus forte raison de nos jours, de prendre l’inutile au sérieux, ces corps ne sauraient tout bonnement se le figurer. Et l’on palabre, et l’on pérore, et l’on dégoise, toujours et sans faiblir ! dans les livres, sur les sites, à l’intérieur des journaux, longuement et avec le plus de pauvreté d’esprit possible ! Et l’on vous frappe, et les coups pleuvent de tous côtés, sans prévenir, avec le moins d’empathie : les histoires les plus ordinaires, les plus basses, les plus inutiles, les ennemies arrivent de partout ! Armés de la trique du terre à terre, on assomme, sans relâche et sans merci… — Tantôt pauvre victime, tantôt main assassine, tantôt triste innocente, tantôt âme impure, dieu ! combien du ridicule, du mépris… combien de tout ceci on n’a cure !

 

2. L’Histoire enfantée.

La maîtrise de leur domaine, celui dans lequel leurs inclinations et leurs aptitudes les a porté, les habite continuellement, — et les voilà ! qui nagent en ce qui à leurs yeux possède un sens ; les voilà évoluant dans leur matière, à l’écart du temps, à l’intérieur des voies de l’excellence, propulsés par les puissants moteurs de la curiosité, de la détermination, de l’inventivité. — Les voici ! les âmes éternelles, les navigatrices, les fascinantes créatrices du passé et du futur… les têtes façonnant les idées, les mains transmuant les choses — les flancs divins enfantant le monde, enfantant l’Histoire.

 

Photo © iStockphoto.com / JuanDarien

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Une petite Chambre pour Soi

Une petite Chambre pour Soi

25 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Une petite chambre, un bureau modeste, des habitudes dépouillées… Une vie frugale, éloignée de la furieuse avarice, des formes variées de la hiérarchie ordinaire, de ce curieux objet que constitue le rang social, de l’étrange structure, de la masse formidable de la créature qu’est cette saisissante société humaine… Jour après jour, emplir son esprit de lectures nourrissantes, fleurir à la rencontre d’amènes compagnons, s’abandonner sans réserve aux voyages, à la découverte des contrées les plus lointaines ; manipuler, façonner, combiner, tel un architecte possédant son art, les lignes, les nombres, les formes idéelles les plus pures ; à l’heure propice, laisser enfin se déverser l’encre mêlée au sang, tolérer qu’elle envahisse, comme des flots de musique épousant la pente endiablée de l’inspiration, le royaume du verbe en exprimant sa vérité, sa substance, son essence, aller, de la même manière que les chevaliers d’autrefois, à la recherche des prouesses guerrières… : toute âme sentant les choses ainsi, n’aspirant qu’à sa propre croissance et, lorsque son état le lui permet, à celle d’autrui, a-t-elle besoin de davantage que le peu, le sobre, le nécessaire ? Que sont donc ces sommes supérieures aux véritables besoins de l’homme, sinon le superflu même — sinon Le Moindre ? Que sont ces activités permettant, soutenant, alimentant ce dernier, si ce n’est le gaspillage, la dissipation, la perte ? que la chaîne, la complète déraison, la Folie ?… Enfin, comment pourrions-nous nommer cette Voie qui empêche d’être celui que l’individu voudrait devenir, qui s’oppose à chaque conscience soupirant après le perfectionnement continuel, à chaque esprit parvenu à cet état de compréhension n’autorisant plus la persistance du doute — cette interrogation qui, ainsi qu’un mécanisme dérangé, qu’une horloge percée, qu’une bouche détraquée, ne s’arrête jamais de répandre sa superficialité : « Est-il indispensable qu’une personnalité s’évertue, sans jamais faiblir, pour s’améliorer, pour évoluer… pour se développer ? »… —, autrement que trouble, égarement… autrement qu’impasse ?

 

Photo © iStockphoto.com / dimapf 

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Des génies

Des génies

24 novembre 2016 par Vincent PAYET

 

Depuis toujours, l’animal humain considère les génies dans l’étonnement et l’admiration, attiré, ainsi que le fer et l’aimant, par ces grands caractères qui embellissent les cultures, ces consciences comme faites pour flotter éternellement en une sorte de parfait éther d’idées et d’actes ; fort charmé de ces femmes et hommes, ces manières de demi-dieux, dont le cœur éprouve fréquemment, à un âge où celui d’autrui commence à peine de battre et de s’égarer, les graves pulsations des lourdes oeuvres à venir : la rythmique presque sacrée des entreprises entendant s’établir en la durée, les vibrations des empreintes ancrant leurs racines les plus intimes dans l’admirable fureur — cette passion de vivre, de célébrer et de se graver dans le marbre à tout jamais. Cependant, et il y a là quelque chose d’étrange, on ne s’intéresse aux circonstances, aux terreaux, aux conditions qui de ces formidables créatures constituent l’inestimable et entière origine. Et, sans détours, il semble tout à fait permis d’affirmer que cette ignorance, cette indifférence, cette négligence insondable ne sont rien moins que rares. C’est ainsi que dans l’attente… l’important, le favorable et le durable ensemble désespèrent. C’est qu’ils tardent à plein à se montrer, ou bien le nombre est si faible ! ces coeurs forgés dans la grandeur, ces nouvelles consciences d’une essence supérieure, ces « meilleures créatures du monde » abritant et caressant la sublimité dans leur âme, imposant le respect, attirant les considérations élogieuses, les louanges les plus élevées comme les plus fondées. Certainement, combien leur venue est lente, combien à notre époque elle ne paraît guère sûre : combien dans l’ombre de l’improbable elle fluctue ! l’arrivée de ces êtres isolés, solitaires par nature ; ces exceptions s’épurant, ennoblissant leur être, bandant sans cesse l’arc de leur esprit vers la version quasi parfaite d’elles-mêmes — cette cible, cet idéal au milieu de l’intangible ; ces êtres se frayant des passages dans la jungle, un chemin au milieu de l’arrogante foule, en la patrie de la Bassesse et de ses huées persistantes  ; ces pas, ces bras, ces têtes de géant qui, quelle que soit l’espèce du Bruit ambiant et son envergure, en pleine rumeur, et en dépit de leurs individuelles humeurs, poursuivent inlassablement l’itinéraire de leur destinée singulière… En face de phénomènes si particuliers, sous ces esprits ailés qu’on croirait irréels, de la même manière que devant un peintre au travail dont on pressent déjà, sous les doigts étrangement inspirés, l’héroïque accomplissement — l’enfantement d’une production remarquable —, on ne peut et ne doit que se réjouir, garder le silence et les soutenir ; et jamais les marques d’affection, d’estime, d’admiration, jamais la simple satisfaction, — jamais les moyens mis en œuvre pour semer de telles graines et les aider à croître, eu égard aux bénéfices que tout homme serait légitimement amené à espérer de pareilles âmes, ne pourront être trop considérables. Car il est bien évident qu’immense est le devoir de favoriser les naissances de cette nature, d’inciter les croissances de cette forme, d’exciter de si monumentales floraisons… Mais, hélas ! comme d’ordinaire (qu’on pardonne la redondance) notre culture se moque cruellement de ce vaste champ en friche qu’est l’esprit planétaire ! Ah ! que l’on rechigne ! dans ce meilleur des mondes possibles, à faire son travail, à bien entretenir son domaine… à cultiver, honorablement, son propre jardin.

 

Photo © iStockphoto.com / Orla 

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