• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

  • Accueil.
  • Auteur.
  • Journal.
  • Newsletter.
  • Contact.
  • Archive.

Archives pour octobre 2016

Variété

Variété

14 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

Combien d’erreurs ont été démasquées, et combien d’autres s’abritent encore dans les têtes ! Combien de pensées inconnues attendent patiemment, cachées, pareilles à ces pudiques beautés des champs, des rivières, des déserts, que leur élégance soit révélée ! Ah ! que Valery ne pouvait s’égarer lorsqu’il invoqua, à des fins d’intitulé d’ouvrages, le souverain terme Variété ; qu’il s’éloignait déjà des écueils de méprises élémentaires en parcourant sans aucune cesse les royaumes de la forme, de la structure, de l’architecture…, de la diversité, de la pureté, de la richesse… : le domaine de la grandeur des choses — que celles-ci appartiennent ou non à l’ordre de l’esprit, qu’elles soient ce que celui-ci s’imagine percevoir, ou bien cet esprit soi-même. — Les yeux actuels (ceux qui connaissent la vue), produisant leurs moyens, renforçant leur substance, atteignant des lignes de faîte toujours plus élevées en la puissance, plongent dans les vertiges d’une ignorance proportionnellement grandissante ; en quittant les découvertes et les régions éclairées, l’humain flotte immédiatement dans les intenses obscurités, en ces lieux singuliers, en ces inconnus inouïs, en ces insondables forêts. — Coeurs sensibles, corps semblables, mes amis, que la matière, l’espace, le temps, l’énergie sont des créatures si simples et si nébuleuses, tellement étranges, indiciblement charmantes ; qu’au milieu des mers quantiques, de leurs évènements innumérables et incertains, qu’au sein des tourbillons du réel — de ce réel qui est grains d’émergence, mouvements continuels, relations, systèmes, qui est nues de probabilités, mères qui enfantent — le poète est une émergence, une créature aussi nécessaire que spontanée ; et que cet enfant du monde se trouve dans son élément parmi les particules lumineuses, les lettres enchantées, ces hommes, ces femmes se quittant et se retrouvant, ces amants tantôt se déchirant, tantôt se mêlant — au milieu de cette fabuleuse grammaire fondamentale de la nature ! Oui, heureux qui sait encore accueillir le chant de Lucrèce — ces atomes et ces combinaisons, cet univers foisonnant, cette faune et cette flore prodigieuses —, la conscience laissant l’inestimable voix, les doux murmures, les semences divines vibrer, grandir et fleurir dans son cœur ; heureux les Werther et les Wilhelm ! ces âmes douées de sensibilité… capables d’accueillir les graines d’or les cœurs ouverts puis, à l’heure propice, de les cueillir ; heureuses donc mille fois, heureuses les personnalités qui s’épurent, ces sphères ivres d’infini, assoiffées de poésie, de mondes, de vérités ! Car à chaque coin d’espace et de temps s’apprêtent le charme secret et les vastes bienfaits ; car si proche est le son de la nature. — Mais seul celui qui ouvre la fenêtre de son logis est à même de goûter la mélodie des places et des siècles. Seul celui qui est et se fait le fin connaisseur en bonnes choses sait recevoir les ondes élégantes, palper les augustes cordes — est en mesure d’honorer la mystérieuse et sublime réalité.

 

Photo © iStockphoto.com / sswartz

 

Classé sous :Journal

Lecture en eau trouble

Lecture en eau trouble

13 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

L’homme moderne est bien pauvre dans ses lectures, cela est bien connu… En vérité, rien n’est davantage éloigné de la réalité. Dans les faits, il avale l’excès, engloutit les termes sans même les apprécier ni les mâcher ; l’étonnante créature, d’une gloutonnerie dégoûtante, se sépare du temps mis à sa disposition par la fortune pour rencontrer les meilleurs ouvrages en sa propre langue et parmi les nations étrangères, pour connaître les écrivains les plus remarquables, les esprits admirables de son époque et du passé. La bête parcourt des sentiers, des voix, des lignes qui ne mènent nulle part ; son esprit fait du surplace et, comme une flamme privée d’oxygène et gravement blessée par cette absence de mouvement, faute de soins faiblit et se meurt. Les fauves dévorent ses plus heureuses heures, ses moments précieux, ses jours radieux ; — et la proie se lance aveuglément dans les brumes intenses, le vide, les abîmes, — dans les mangeurs de temps ! Ah ! qu’en tout ceci le grotesque sourit ! Qu’en voulant fuir l’ordinaire, — la malheureuse y plonge ! bien au contraire.

 

Photo © iStockphoto.com / Kotkoa

 

Classé sous :Journal

Invitation au voyage

Invitation au voyage

12 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Invitation au voyage.

Il faudra bien un jour que nous, les inactuels, les apatrides, nous, les albatros, les hypersensibles, les esthètes, nous, sans-patrie depuis toujours, émigrants de tous pays, nous nous levions et marchions ; que nous consentions au grand départ, à la séparation, au retrouvaille ! — que nous empruntions le long voyage… Mieux : que nous dansions sur les quais et gagnions le large ; gambadant dans l’incertitude, le péril, l’inconnu ; portant nos cœurs à un niveau supérieur, nous surmontant ; élancés et tout fiers, la volonté, le tronc bien droit sur des ponts d’envol, flottants, volants !… — Oh ! de hauts mâts ! Oh ! des voiles élevées, des cimes enneigées, des âmes altières planant au-dessus des mares hideuses, delà ces lois, ces considérations, ces illusions indiciblement terre à terre ! Ô les marteaux célestes s’abattant sur des étendues, des monstres, des abysses immondes : ces empires de pensées indécents, dégoulinants — révoltants. Ah ! que tout s’agite, se prépare ! Qu’un souffle frais déborde et veut emplir ! Déjà les secondes, les flots, l’avenir mugit et lance un appel… Vous aussi, oiseaux d’azur, peuples ailés, esprits nomades ! tandis que vos frères des bassins goûtent la fange, plonge dans leur destin comme dans un festin, vous repaîtrez-vous de grandeur, d’espace — larguerez-vous les amarres ?

 

2. Chirurgie fabuleuse.

Les pensées circulant dans la conscience sont ces objets imaginaires, ce décor abstrait constituant la « réalité » subjective. Et comme la plupart abritent l’erreur ! Mais voilà qu’arrive, tel un éclair fuyant les cieux, l’esprit scientifique, l’homme sage armé de la méthode, lequel dans l’organisme corrompu de la raison anime ses mains, des doigts à la fois théoriques et concrets ; et celles-ci prennent soin de leur amie en mauvaise santé ! la nettoient, l’opèrent, l’embellissent ! En lui-même et au sein de la culture, cet homme rare, exceptionnel, inestimable, — ce Chirurgien, — affronte dans la constance les unités d’informations erronées, les conceptions délétères, les entités décadentes. Et quels efforts il s’impose, quel but il porte, quels assurance et courage dans l’entreprise et la vision ! Rapprocher le subjectif de l’objectif, la chose pour soi de la chose en soi, mêler les deux réalités, unifier les mondes de « pur » esprit et de choses !… : ô l’idée merveilleuse ! ô la mission fabuleuse !… Ô le rêve.

 

Photo © iStockphoto.com / VeraPetruk

 

Classé sous :Journal

Sentiment d’artiste

Sentiment d’artiste

11 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Sentiment d’artiste.

Qu’elles sont rares les âmes qui sentent assez pour sur le cours de leur vie voguer en plein sentiment d’artiste ; ces natures délicates, profondément sensibles, qui dans le simple plaisir de percevoir et de ressentir puisent leurs joies les plus radieuses ; ces consciences assez robustes pour, en accueillant les coups du sort les plus doux mais aussi les plus rudes, se laisser forger dans les hauteurs d’une sérénité intérieure primitive ; ces cœurs enfin sachant battre et se battre : bien de leur personne, bien hissés, bien élevés.

 

2. L’illustre invitée.

Mon ami, lorsque mes pensées en flots véhéments viennent frapper les rivages de mon crâne, il n’y a rien qui apaise mieux ces tourments que la vision de ces esprits à part, de ces individualités en plein monde mais à l’écart, séparés des hommes mais vivant en eux, qui dans une grande application peignent, dansent ou rêvent… composent, jouent ou chantent… ; qui au milieu de la détermination luttent contre le désordre interne et externe ; qui dans les fers et la misère du monde cherchent et rencontrent l’essentiel ; — et observent et accueillent ce singulier phénomène qu’est l’existence avec les pensées pures, les idées dignes, les sentiments gais, et reçoivent avec bienveillance, politesse exquise et enthousiasme l’illustre invitée — célébrée par ces marques d’honneur, louée de la grandeur.

 

Photo © iStockphoto.com / Vimvertigo

 

Classé sous :Journal

De la nature du corps, du cerveau et de l’esprit

De la nature du corps, du cerveau et de l’esprit

10 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

« Le corps est matière, mais pas l’esprit », professe-t-il… ; « certes des liens existent entre celui-ci et celui-là, toutefois l’un et l’autre ne se touchent point d’une manière qui rendrait possible le mélange de leurs substances respectives », affirme-t-elle… Devant de telles paroles, un simple constat : la neurobiologie moderne a beau apporter ses lourdes preuves, à la source de la légère pensée toujours la créature s’abreuve. Ah ! que les conceptions actuelles sont éloignées de ce que nous dévoile la réalité ! que l’on ne s’éveille plus ! que la vie ne s’éprouve qu’en songe ! Et pourtant ! nous savons maintenant que l’esprit, le cerveau et le reste du corps sont indissolublement associés, si étroitement liés entre eux qu’ils forment une manière de prodigieux circuit intégré ; nous savons maintenant qu’il n’est plus permis de douter que ce phénomène qu’est l’esprit s’origine dans la biologie et la physique : l’évidence même se montre — la nature de celui-ci ressortit à la biophysique. Corps, cerveau, esprit — changeons l’ordre ! : les manifestations peuvent être différentes, et cependant la substance est unique — les atomes, les champs quantiques sous-jacents sont les mêmes… Comment, en conséquence, ne pas se trouver dans l’extrême étonnement lorsque viennent cogner à nos oreilles des objets de ce type : « L’esprit humain est une substance évoluant dehors l’orbe des mathématiques, de la physique et de leurs lois ; par ses propriétés complètement autres, lui, l’esprit individuel, l’« étranger », appartient au royaume de l’immortalité… » ? Comment réagir en face de ces êtres refusant la conclusion impérieuse — vraiment ? est-il des hommes assez fous pour s’opposer à la foudre, pour nier même son existence ? : lorsque l’enveloppe charnelle disparaît, elle emporte avec elle cet esprit dont on a beaucoup parlé…, comme deux amants magnifiques pris par la folie. — Ô que l’on me pardonne ! de laisser de côté, pour ce qui concerne certaines questions, les opinions fort douteuses d’illustres cerveaux ; de m’éloigner, quant à quelques points, d’une compagnie grandiose, — de Descartes, de Pascal, de Goethe… —, et de rejoindre plutôt la sphère de Spinoza, de Nietzsche, de Damasio… « Eh ! le contradicteur passionné ! ne t’as-t-on pas mis au fait ? nos considérations proviennent d’intuitions profondes, ô combien ! tentera-t-on encore, en vue de me séduire… Et tu ne voudrais tout de même pas nous enlever ce que nous sentons en nos entrailles, l’intime matière de nos perceptions, de nos sentiments, — nos pressentiments ?! » Ces enfants impolis ignorent que le navigateur que je suis devenu sait trop combien ces fameuses intuitions ont, bien souvent, fourvoyer le bon sens des humains ; — ils ignorent qu’assurément, des sirènes de toutes sortes, l’hardi nautonier en connaît un certain nombre, et que, quoi qu’elles fassent, — son entendement, son âme s’étant fortifiée des écueils du passé les mieux cachés, — désormais il ne se laissera plus si aisément abuser.

 

Photo © iStockphoto.com / d1sk

Classé sous :Journal

La famille, l’école et l’enseignement

La famille, l’école et l’enseignement

9 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

« Voudriez-vous m’informer de l’état actuel de l’enseignement ? demanda le vif garçon au vieil homme à la harpe ? — Un des problèmes considérables de l’éducation réside dans la tâche qu’elle se propose, répondit-il. L’école et la famille ne s’évertuent point à élever les esprits, mais à former de bons « élèves » — comparables aux jeunes animaux dociles chez les éleveurs, à ces jeunes plantes naïves dont la croissance est parfaitement contrôlée ; à accentuer les individualités, mais à favoriser la ressemblance ; à développer l’être, mais à créer des masses conformes, des consciences admirablement adaptées, des pièces tout à fait utiles. Si l’on voulait simplement encourager la vertu, les talents printaniers, en somme, le développement des personnalités, et si celles-ci étaient alimentées essentiellement en ce qu’il y a d’excellent dans les pensées des plus grands hommes, — lesquels furent et sont invariablement les plus libres, les plus hérétiques, les plus extra ordinaires, — on serait en droit d’espérer que le meilleur soit à venir, car il y aurait encore de merveilleuses aurores à poindre… » Un orage survint, interrompant les paroles, et le garçon, apeuré, se mit à l’abri. Ces réflexions laissèrent l’oeil de la Jeunesse, dans les minutes qui suivirent, tout songeur — complètement stupéfait.

 

Photo © iStockphoto.com / Andrew_Mayovskyy

 

Classé sous :Journal

L’artiste, la marque et le siècle

L’artiste, la marque et le siècle

8 octobre 2016 par Vincent PAYET

 

1. L’artiste, la marque et le siècle.

Les hommes, perdus dans l’indifférencié, ne désirent plus laisser une trace sur le corps des sociétés, une marque sur le cours impétueux de l’histoire ; s’asseoir à la table de leur existence, et observer les phénomènes passant sur la grande scène, c’est suffisant ; en leur sein égaré, nul besoin ne se fait sentir d’être, non plus le spectateur, mais l’acteur de quelque événement d’importance ; chaque individu vient, prend place, et au terme de la représentation, comme par le jeu d’une machine, froidement se lève et se retire, parmi la foule d’irréflexion et d’inattention, au milieu des flots insensibles, et dans l’attitude confiante que tout ceci constitue le rôle qui lui est dévolu par le sort.

 

2. Les grâces du style.

Certaines plumes paraissent nées dans la danse. Dès leurs premiers battements d’ailes elles évoluent dans la même grâce et légèreté que l’oiseau des hauteurs qui, se riant des courants et porté par le souffle de l’aisance, d’instinct réalise les gestes parfaits, de nature déploie la perfection, spontanément, eu égard à l’allure du regard, l’exécution de la trajectoire, le choix et l’atteinte de la cible, s’engouffre dans les plus prometteurs couloirs, dans les plus élégantes des voies.

 

3. Drame silencieux.

L’objectif est connu,
en ton âme il s’abrite ;
et pourtant que tu trembles,
et que tu fais des cercles,
et que tu t’alourdis !…
et ton regard s’affaisse,
et tes béquillons… lâche !
et ta volonté ploie,
et te voilà bien pris ;
et en ce champ de forces,
et en la lassitude,
et au sein de l’ennui,
et parmi les alarmes —
tout ton être,
tout roidit.

 

4. Les neiges éternelles.

Les beautés formant le cœur de certains écrits, pareilles à ces illustres neiges de vertigineux sommets, ne sont point soumises aux fluctuations du temps ; hors de celui-ci, elles semblent être façonnées par les doigts d’un esprit divin — à l’écart, comme inactuelles, elles aussi baignent dans la rougeur et la blancheur, dans la pureté de la couleur, dans le lac intact de l’éternité.

 

Photo © iStockphoto.com / Serafima82

 

Classé sous :Journal

« Page précédente
Page suivante »

Copyright © 2025 Espritetliberté.com · Tous droits réservés . No Sidebar Pro On Genesis Framework