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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour septembre 2016

Les prisonnières

Les prisonnières

9 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1

Les prisonnières

 

Ah ! les pauvres infirmes !

Ces terres réduites et tourmentées,

Ces mers comprimées et agitées,

Ces tonneaux de vin encerclés !

Ah ! les interminables errances des consciences bornées ! —

En cette région très-circonscrite,

Dans les hautes et infranchissables murailles

De contrevérités.

 

2

Superfétatoire

 

Convenablement s’habiller ;

Régulièrement se sustenter ;

Journellement se distraire ;

Même parler :

Que tout ceci leur paraît dérisoire,

Combien il s’ajoute inutilement au superfétatoire !

Ainsi réfléchissent les têtes singulières,

Celles qui respirent et loin des hommes et parmi eux ;

Ainsi parlent les sphères entourées et enveloppantes,

Ces astres harmonieux où règne l’ordre, la maîtrise, l’obsession :

Ces corps célestes orientant sans repos…

Toute leur attention —

Vers une seule direction.

 

3

Les Jardins de la Jeunesse

 

« Lorsque je serai adulte,

Je m’ébattrai enfin dans les discussions des grands » —

Pense cet enfant en lui-même.

Le jeune esprit croît, et bientôt comprend.

C’est ainsi que de nouvelles paroles voient le jour dans son âme :

« Je le sais désormais, je le sens maintenant :

Ce n’est que dans les jardins éternellement jeunes

Qu’il est permis à ma nature de fleurir ;

Là-bas, ici, mon être reconnaît ses moyens —

Enfin il est en mesure de s’élargir, de s’élever, de s’épanouir. »

 

Photo © iStockphoto.com / kiko_jimenez

 

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De la conscience et des ondes

De la conscience et des ondes

8 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. De la conscience et des ondes.

La conscience est cet objet à la fois élastique — elle est courbée par les sensations, les émotions, les sentiments, les idées — et dynamique — car sa structure et son contenu se transforme dans le temps. Les pensées négatives, en naissant et en se déplaçant, modifient, comme toute masse, la courbure de la surface psychique et produisent des ondulations ; lesquelles, quoique bien souvent imperceptibles, sont à l’origine de phénomènes particulièrement intenses et changeants : les variations physiologiques de l’humeur, voire les manifestions pathologiques de celle-ci, c’est-à-dire ses troubles. La maîtrise de la nature —     « positive » ou « négative » — des ondes, de leur propagation et de leur impact est essentielle pour l’individu qui aspire à ne pas se laisser emporter par les déferlantes. En effet, pour ce qui le concerne, une vision embrassant le large champ de l’esprit, une régulation optimale de tous les éléments en et sur cette grande scène intérieure, une excellente hygiène de cette étendue mentale est recherchée avec une attention et un soin fort appliqués et soutenus : le contrôle se doit à lui-même d’être en quelque sorte parfait au logis de l’être se dominant, chez la volonté parvenue à la complète possession de soi, — en cette âme maîtresse de soi atteignant le sommet, et se baignant dans la plénitude de ses moyens et de ses états.

 

2. L’émancipation des esprits.

Je nomme la Vitesse d’émancipation, la vitesse à laquelle doivent se déplacer les esprits souhaitant se libérer de l’attraction gravitationnelle du mimétisme, de l’habitude, du milieu, en somme, de la « culture de masse ». Qu’on imagine donc, si l’on désire quitter les régions obscures, l’ampleur des moyens de propulsion requis au sein de toute conscience — à l’intérieur d’un champ de gravité tel que celui qui règne à notre époque et dans nos sociétés.

 

Photo © iStockphoto.com / Ecelop

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Suggérer l’art et l’art de suggérer

Suggérer l’art et l’art de suggérer

7 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Suggérer l’art et l’art de suggérer.

Croit-on réellement que les mots de l’écrivain-artiste puissent être d’une nature autre que particulière, d’une constitution différente de celle d’une substance composite faite de concret et d’irréalité ? que leurs traits ne doivent cesser d’être épais, grossiers ? que leur modalité gagne à s’éloigner de leur fonction naturelle, qui est, non pas d’étaler, d’exhiber, mais, suivant l’opinion de Faure1 pour ce qui concerne la couleur, d’évoquer, de suggérer ? Se représente-t-on une plume qui serait absolument étrangère à son véritable rôle, tandis que, de l’intérieur, celui-ci la supplie de contribuer, par son art, à faire entrevoir un univers de possibilités en perpétuelle expansion plutôt qu’un monde de réductions, de compressions sans fin ? Croit-on enfin que la sphère littéraire ou scientifique soient à même de poursuivre leur rotation et leur orbite, leur prodigieuse course, sans le carburant essentiel pour leurs moteurs : sans que chacune d’elles soit tenue pour « une “fin en soi” et une activité artistique » (P. Valery), sans qu’elles soient toutes deux considérées comme des activités « autotéliques » (Csikszentmihalyi) ?

 

2. Le creuset et l’îlot.

C’est au creuset de la culture éthérée que toute âme doit s’épurer. Là, en ce récipient n’ayant ni bornes ni mesures : les trésors des civilisations modernes et passées confondent leurs matériaux, leurs eaux en un tout ; l’esprit rencontre ce qu’il y a de très grand dans les plus délicates pensées, dans les sentiments et les actes les plus rares ; il foule avec respect les plus hauts degrés de l’élévation ; les formes et les beautés achevées naissent et renaissent par milliers — là, au cœur du propice lieu, la substance de chaque être se revêt d’un éclat autrement singulier… C’est ainsi que les consciences individuelles, délaissant leurs défauts, leurs vices, débarrassées de leurs impuretés, dans un prodigieux effort commun assistent à l’émergence — de la brume, de l’obscurité — d’un goût, des formes, des mœurs, d’un fond tout inattendus, véritablement originaux : — une culture neuve, saine, rayonnante de lumière se lève sur une terre aux regards enchantés — un îlot volcanique étonnant, détonant, prometteur… sublime.

 

  1. « Le dessin décrit et précise, la couleur évoque et suggère. »

 

Photo © iStockphoto.com / PaulFleet

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Le pari

Le pari

6 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

En vue de lutter contre le désordre, les esprits recourent principalement à deux moyens : l’un exploite les préjugés de toutes sortes, les systèmes de pensée ne fléchissant pas, les mœurs gelées ; l’autre fait le pari que tout est mouvement, mutations, évolution. Le premier, anti-physiologique, contre-nature, prétendant à vaincre par les cadres hermétiques, les frontières toutes fermées, les liens illusoires et donc dérisoires, évolue au sein d’une régression certaine vers le passé. Le second accepte les propriétés et la valeur du changement et, y reconnaissant ce qu’il y a de meilleur, essaye de danser à l’intérieur. Bref, d’aucuns misent sur l’agitation, le progrès, le réel — la physique, la vie ; d’autres sur l’immuable, le songe, l’involution — l’irrationnel, la mort. Certes on pourra objecter, et avec raison, que les mouvements brusques de l’écorce culturelle sont aussi redoutables que certaines secousses telluriennes, mais faut-il pour autant se soumettre entièrement à la volonté des antiques traditions, aux ordres de la peur, à tout ce qu’il plaira à l’extrême organisation ? En un mot : doit-on, afin de faire durer la vie — l’entraver à ce point ?

 

Photo © iStockphoto.com / a-poselenov

 

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La matraque de Perelman

La matraque de Perelman

5 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. La matraque de Perelman.

Les obstacles s’opposant à l’avenir des hommes n’arrêtent de s’enfler. Certes nous voyons, ici et là, de petites volontés qui tentent de réfléchir honnêtement, de croiser le fer avec les questions, les difficultés, les problèmes sans nombre, mais il manque cruellement d’engins de compactage systémiques, d’intellects en pleine possession de leurs moyens en mesure de condenser par compression les objets indésirables de la culture. En effet, se trouvera-t-il quelqu’un pour contester l’effroyable carence en “matraque de Perelman” : en « énorme[s] massue[s] qui rest[ent] immobile[s] avant de porter un unique coup fatal1 » (Masha Gessen) ? Donc : évidemment on essaye chaque jour de faire la chasse aux nuisibles passants ! — cependant combien les coups sont étonnants, dérisoires, ridicules ! Combien ces monstres, par nous-mêmes enfantés, rient bruyamment lorsqu’ils voient la mollesse de nos bras, le vacillement de nos pieds, le grotesque de nos armes tous ensemble arriver !

 

2. Le but de la culture.

Que serait le monde sans Léonard de Vinci, Newton, Einstein… ? Ce n’est qu’à travers cette question que nous pouvons pleinement saisir l’idée selon laquelle le but de la culture est l’avènement du génie : qu‘en considérant le fait que les plus grandes créations humaines sont issues de l’imagination d’une infime fraction de notre espèce.

 

3. Le Professeur.

D’innumérables élèves, jeunes et moins jeunes, s’entassaient depuis longtemps autour de celui que l’on surnommait « le Professeur », quand soudain la voix s’éleva : « Comment ? Cette chose n’est pas la plus importante à tes yeux ? Ne mérite-t-elle pas l’essentiel de ton libre temps ? Ne réclame-t-elle pas toutes tes émotions, tes sentiments, l’ensemble de tes forces ? Mais, alors, n’est-il pas tout à fait insensé que tu veuilles gravir, et avec célérité, ces degrés infinis menant de l’état d’apprenti à celui de maître ? Est-il possible d’être si naïf : de s’imaginer que l’art dévoile ses mystères aux plus indifférents ? N’est-ce point la folie même que de n’avoir ni objectif ni passion et de se souhaiter, tout de même, les plus hautes réalisations ? Allons, mes chers visages, mes chers sourires, mes chers enfants !… un peu de grandeur, un peu de raison — un peu de sérieux ! »

 

  1. Masha Gessen, Dans la tête d’un génie (Paris, Globe, 2013, 2009), 35. Il s’agit, ici, de Grigori Perelman, mathématicien qui publia la démonstration de la conjecture de Poincaré.

     

Photo © iStockphoto.com / hchjjl

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Réalité nue

Réalité nue

4 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Réalité nue.

Si tu lui montrais tous tes objets, tous tes mystères, tous tes codes, si, soudainement tu te mettais à supprimer dans l’esprit de tes fidèles les songes, les désirs, les quêtes, où iraient se loger la substance, l’expérience tant vitale : l’intérêt, la gaieté, l’enthousiasme ? Ah ! sublime Réalité ! Toi, la reine de la pudeur, qui voile tes significations, tes charmes, tes secrets… Comme tu égares, perturbes, attires !… Comme ta progéniture est vaste, diverse, monstrueuse !… Et combien vos souffles, ensemble, depuis la plus haute antiquité chavirent des choeurs exquis : de courageux et fins voiliers de cœur ! — Il est vrai que ces derniers lamentent parfois ; pourtant, ignorent-ils ceci, que s’il en était autrement, alors, selon les paroles de Koestler, « la muse dénud[erait] son sein flétri comme une catin trop obligeante ; il n’y [aurait] plus de promesse voilée, plus de mystère, rien à deviner » ? Songent-ils à tout ce qui en découlerait : dans quelle tristesse la science, les arts, les hommes seraient plongés ? Se représentent-ils ces montagnes de gains qui seraient, dès cet instant, pour l’imaginaire, la curiosité, l’ivresse autant d’océans de pertes ? — Le cœur d’un homme pourrait-il même concevoir une navigation dans un espace-temps au sein duquel la possibilité même de rêver serait comme tout exilée ? le bel organe, battre au milieu d’un récit où, le « bonheur de deviner peu à peu » (Mallarmé) serait un parfait étranger, survivre dans une mousse où, l’objet étant nommé, et pour reprendre les termes de ce dernier, « la jouissance du poème » serait supprimée ?…

 

2. Critique de la critique.

— A : Ton esprit ne laisse pas de critiquer : ta langue bifide s’agite dans la continuité — depuis des années, de ta gueule il pleut des cordes, des hallebardes, des obus. Verra-t-on ce jour où, cette épaisse fumée noirâtre de ton crâne s’échappera, où, tout ton venin lassé définitivement s’épuisera ? — B : C’est que mon âme ne s’élève, à ne pouvoir l’être davantage, non pas dans ce qui est, mais dans ce qui est possible. Que, n’oubliant jamais l’ampleur de la masse et de la luminosité de mes rêves, il ne lui reste d’autre choix que de tenter de courber l’actuelle réalité. Car, en définitive, après avoir vu un ange prisonnier dans le marbre comment ne pas être transformés, — et ne point plonger en désespéré dans les flots constants des coups de ciseau ?…

 

Photo © iStockphoto.com / WestWindGraphics

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Point de rupture

Point de rupture

3 septembre 2016 par Vincent PAYET

 

1. Point de rupture.

L’humanité éprouve actuellement les formidables assauts des tempêtes du temps, les forces de marée : l’immense bouche de l’Entropie opère — les multiples crises, la crise multiple en est un symptôme criant —, et son influence colossale est sur le point de surpasser la force de cohésion interne des structures sociétales, c’est-à-dire les forces « néguentropiques ». C’est pourquoi, d’une certaine manière, la néguentropie est une, si elle n’est la, valeur essentielle. L’une de ses fonctions principales consiste en ses capacités de cohésion ; celles-ci s’opposent à la désagrégation de toutes les autres valeurs, en maintenant la stabilité au coeur des fondements des groupes humains, en disséminant la synergie et l’harmonie au sein de ce vaste paquebot fonçant à travers l’éther : de ce vaisseau dans les affres de l’agonie, résistant, avec les moyens dont il dispose, à la pression des forces supérieures, à l’appel de l’abîme, — à l’insondable glissement… vers son point de rupture.

 

2. Les sables d’or.

Ô formes, gorges, êtres altérés de trésors rafraîchissants : de savoirs, de lumières, de réalité ! Ô esprits extrêmement massifs, créatures terrestres inouïes, objets célestes ! Que vos corps particuliers rayonnent sur la cime de la connaissance ! Que votre puissance éclaire les peuples, et attire la puissance ! Et combien vous devez, en vue de durer, absorber, tels des sables d’or à la venue des pluies miraculeuses, des masses solaires de faits purs, de raisonnements élégants, — d’idées claires, neuves, fraîches !

 

Photo © iStockphoto.com / Daria_Andrianova

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