L’hideur du visage humain s’acharne, devant tes regards frappés de stupeur, à te montrer son étonnante variété ; tu sens ton cœur se tordre en tous sens, l’écoeurement jaillir à l’intérieur… — Apprends donc à reconnaître les infernales vibrations, et range-les sous tes ordres ; enveloppe-les sous l’empire de tes décisions. Instruis-toi dans les heureuses façons de dominer les trépidations, camarade, et forme ton âme par les manières distinguées de chanter ! À l’école de la vie, ennoblis tes paroles, ta voix, ton style ; accueille chaleureusement tes sourdes plaintes, épure-les, rends-leur leurs attraits : dévoile leurs charmes, révèle leurs gaietés ! — Malheureux ! Sèche ces larmes et sois ce magnifique chantre, qui, ayant su se hisser au seuil de la sombreur, de sa propre caverne et rejoignant le délire des hommes, est pris pour un fou, par cette seule raison que désirant célébrer l’esprit, la nature et l’existence sa gorge ne cesse de se déployer ! — En présence du pessimisme, de cette sorte de nihilisme n’aspirant qu’à te perdre, plutôt que de laisser tout ton être s’abîmer dans la douleur, dans la profonde détresse, dans l’insondable décadence, abandonne-toi totalement à la contemplation des merveilles du monde ; redresse-toi, laisse-toi aller, mon ami ! et plonge en ses couleurs, ses fréquences, ses belles ondes… Prépare-toi donc, en fixant ton œil sur les ennemis, l’un horrible, l’autre désespérant — à cracher, à produire… à souffler ton chant le plus haut, le plus grand, le plus pur…
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