• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

  • Accueil.
  • Auteur.
  • Journal.
  • Newsletter.
  • Contact.
  • Archive.

Archives pour août 2016

Danse au sein d’une plaie

Danse au sein d’une plaie

10 août 2016 par Vincent PAYET

1. Danse au sein d’une plaie.

Toujours, les mêmes pensées dansent dans la tête des êtres. Quelle est la nature du réel ? Et celle-ci aux mortels est-elle parfaitement accessible ?… La limitation des sens, des instruments, de la perception… l’insuffisance de l’intelligence… l’essence même de la mécanique quantique… les mirages gravitationnels, les possibles mirages topologiques font vaciller le jugement, la fierté, la hauteur, la stabilité de l’esprit humain. C’est que, il faut bien l’admettre, toutes ces distorsions, altérations, restrictions, imperfections, incertitudes, tous ces infinis sont nombreux ! et puissants ! et « réellement » perturbants ! « Réel voilé » (Bernard d’Espagnat), « univers chiffonné » (J.-P. Luminet), « réalité cachée » (B. Greene)…, tous ces jolis petits monstres, ces pays bizarres, ces merveilleux mondes tourbillonnent élégamment et semblent s’éloigner à chaque fois davantage, tels des fugitifs endiablés, à mesure que l’entendement s’acharne et paraît avancer. L’illusion a jusqu’ici terrifié plus d’une âme, mais quel nombre ! ayant également goûté ses vapeurs enivrantes ! La conscience de ces choses, toute époque considérée, a continûment transformé certains individus en « chercheurs » : de lois, d’entités ; de trésors, de secrets. Ces âmes hardies sont reconnaissables à leur volonté élevée, à leur curiosité sans bornes, et à leur confiance ; elles conservent sans relâche l’espoir qu’à force de développement, d’approfondissement, d’élévation, leur main rejoindra le corps de l’étrange créature, de l’inexprimable réalité, — qu’avec temps et efforts leurs doigts finiront par retrouver cette pince jadis insaisissable : par réunir les deux lèvres de la plaie ; la plaie, — leur singulière condition…

 

2. Naissance du nouveau monde.

Tout en lui semblait vouloir déborder, mais contre lui-même il ne cessait de lutter, bravant les pressions, les forces, ses énergies les plus intimes. Mais un jour, l’ensemble interne surpassa la totalité de la résistance extérieure, et le monde sembla, pour ces autres qui n’y étaient préparés, de même qu’à ses propres yeux d’ailleurs, comme surgir du néant : répandant sa substance et ses phénomènes sur les objets environnants, communiant avec le vivant et l’inerte, le concret et l’abstrait, l’humain et l’inhumain, embrassant dans un même mouvement le ciel sans fin et les profondeurs de la terre, sympathisant avec l’infiniment grand et l’infiniment petit… Déjà la créature complètement transfigurée se mit à flotter au-dessus de la furieuse substance, de la soupe spumeuse, à courir dans la propriété surélevée des plus prodigieuses conceptions : à rejoindre sa patrie trop longtemps ignorée — le pays de l’immuable, de l’ineffable, de la sublimité. Les passants se figuraient qu’il se désintéressait d’autrui, mais comme ils se méprenaient ! On le voyait s’enfoncer dans la distance, quand il se mêlait, avec une intensité croissante, au ballet immense ; disparaître dans son univers, quand il ne faisait que les rallier… Que rallier le tout…

 

Photo © iStockphoto.com / proksima

Classé sous :Journal

Lassées

Lassées

9 août 2016 par Vincent PAYET

Après avoir conservé avec un homme affligé dans la vieillesse, il s’assit en tailleur sur le sol… puis se remit debout, et se dit en lui-même ceci. Avec l’âge l’idée de mort se renforce telle une obsession ; il serait sans doute plus profitable que, plutôt, les consciences lassées par l’évidente réalité des choses, cette étrange pensée s’estompe dans le cours des évènements. Les peurs inutiles y seraient comme noyées, et l’âme ainsi libérée terminerait sa navigation dans une légèreté grandissante. Mais en souhaitant cela c’est, semble-t-il, trop qui est demandé. On n’a qu’à tourner la tête de tout côté pour s’en convaincre par ses propres yeux : les cœurs aiment à s’angoisser devant les ombres, à charger des fardeaux supplémentaires sur leur dos, à s’accabler d’inutiles souffrances. Mais comment encore espérer convenablement nager lorsque l’on est par trop lesté ?! Ayant toute la vie pour examiner l’ultime question, la créature dans le fleuve avançant ne devrait-elle pas de cette hantise finir par s’ennuyer à mourir, et, par une conséquence naturelle, pleinement lassée, de ces idées troubles entièrement se détourner, dans le complet détachement les laisser sombrer — ne devrait-elle pas, enfin avant que de véritablement plonger, de ses poches retirer tout ce qu’elle peut de cailloux ?… Comment faire silence quand en tous lieux sont vus des âmes allant trouver la mort sous les lames de l’idée fixe, quand, accompagnant les saisons, celle-ci développe ces ailes ployées et plane en femme impérieuse à l’intérieur des crânes et toujours davantage ? — Car (s’il y a quelque chose de bel et bien effrayant ici, elle loge réellement dans ce qui suit), c’est de cette manière qu’ordinairement, bien avant l’heure, de l’ennemie qui n’est qu’absence on boit la coupe amère…

 

Photo © iStockphoto.com / joegolby

Classé sous :Journal

Les choses de l’esprit

Les choses de l’esprit

8 août 2016 par Vincent PAYET

1. Les choses de l’esprit.

C’est à table que certains esprits se sentent le plus à l’aise et le plus heureux. Ils ont développé leur goût et, dans cet espace, animés par le désir de la découverte, par l’enthousiasme et la curiosité, les fins gourmets flottent, comme des enfants radieux, dans la mer des délices. Ayant éduqué leur faim, ils savent qu’il est tant de splendeurs à explorer, de saveurs à conquérir, de textures à caresser. En ces lieux, ils ne doutent que les promesses sont tenues ; leurs regards distinguent toutes ces merveilles qui dans le calme les attendent ; leur palais à la vue de pareilles invitées à l’avance est flatté — Et, à cette heure, ils sont fins prêts… — à les savourer !

 

2. Pauvres cabèches.

La confusion exerce le pouvoir souverain au cœur des consciences des peuples. Pour s’en débarrasser les hôtes, tels des pilotes suicidaires, s’attachent à la télévision, à leur siège,           « perdent » leur temps dans la surface aguichante des ordinateurs, s’adonnent au jeu ainsi qu’à la substance, s’enfoncent dans l’habitude, la routine, les comportements addictifs, les pensées et les actions destructrices, fixent leur demeure à intérieur des odieuses contrées (celles des règles sociales bien trop souvent d’une rigidité et d’un ridicule hideux), accueillent dans leur cabèche toutes sortes de données inutiles ; bref, invitent à une sinistre fête la superficialité, l’inanité et la dépendance. Et je dis : Dépendance, car en effet, le produit est nuisible à la santé, et l’ingestion répétée a donné naissance à un besoin tyrannique…

 

3. À l’abri des chaînes et des ordres.

L’esprit libre de travailler au milieu d’une indépendance complète, se promenant dans la sphère de l’abstraction, se repaissant d’indicibles vertiges, de sa vaste licence — dans les hauts jardins des idées grimpantes, sur les terres de l’abstrait… Il n’en faut point davantage à certains pour qu’à l’abri des chaînes et des ordres ils rencontrent le ravissement.

 

4. Formation, achevée.

Les voilà qui quittent les classes les « titres » dans les poches. Leur formation est terminée ; après toutes ces années de travail acharné ils vont désormais pouvoir laisser se reposer leur mémoire, leur intelligence, leur créativité… — c’est ce qui se dit. — Et moi qui croyait que la vie était cet endroit même où devait constamment s’exercer un effort de l’esprit !

 

Photo © iStockphoto.com / ChrisGorgio

 

Classé sous :Journal

Vertu, bonheur et futurs

Vertu, bonheur et futurs

7 août 2016 par Vincent PAYET

Les règles sociales, morales mêlées à la culture et formant ainsi les sociétés visent à l’équilibre, et de cette manière, à la survie et au bien-être de l’humanité : elles constituent des moyens au service de l’homéostasie. Tentons d’expliciter cela. — La vertu, cette « disposition ferme, constante de l’âme, qui porte à faire le bien et à fuir le mal » (Ac. 1935), et produisant un ensemble d’actes éthiques, possède des fondations ancrées au sein même de la condition humaine, à l’intérieur de la biologie. Les individus sont des organismes vivants et, en tant que tels, tendent naturellement à protéger leur existence, à persister. Lorsqu’ils y parviennent, ils se donnent la possibilité de résider dans un état optimal, et de connaître le plein épanouissement, la belle gaieté. Chaque personne est conçue, et pour essayer de durer, et pour être en quête du bonheur : tout ceci n’est rien d’autre qu’une simple réalité biologique. Et comme il est presque impossible de se préserver sans chercher à préserver autrui, l’esprit humain a pris toujours plus conscience de l’importance des organisations sociétales et des liaisons invisibles, mais bien réelles, présentes entre toutes les individualités, dans un système ô combien complexe et « connecté » ; d’ailleurs de cette compréhension nouvelle est probablement née la notion même de vertu. En examinant ce qui vient d’être évoqué plusieurs considérations se dégagent. Premièrement, la morale, puisqu’elle émerge d’un principe biologique n’est pas révélée. Deuxièmement, il est essentiel de réfléchir profondément à la notion de bien et de mal, et ce, en s’éclairant avec les derniers apports de la science — et ceux-ci nous annoncent sobrement mais fortement que sont bons les objets suscitant « de façon fiable et durable, les états de joie […] [et qui] ne font pas de mal aux autres individus » (Antonio R. Damasio). Troisièmement, la connaissance de notre propre nature s’approfondissant davantage, les groupes humains devraient investir toute leur expérience et toute leur volonté dans la construction et l’amendement d’instances mondiales — situées au même niveau que les conventions et les « lois » éthiques — capables de contenir les dérives actuelles, ainsi que de favoriser une aventure planétaire rassemblant toutes les conditions nécessaires à la vie et apportant soutien à la réalisation de celle-ci. En raison des impérieuses circonstances l’homme se doit plus que jamais de méditer sur les paroles du chercheur : « […] l’éthique, le droit et la politique [sont] des procédés homéostatiques […] [Ils constituent les] moyens pour les individus de parvenir à l’équilibre naturel qui s’exprime dans la joie […] Le bonheur n’est pas une récompense due à la vertu : c’est la vertu elle-même. » — Bien sûr, ces réflexions devraient être avantageusement prises en compte à chaque fois qu’il est question d’innovations, de mèmes, de bouleversement majeurs au sein de ces cultures globalisées — à l’intérieur de cette sphère tellement changeante, imprévisible… à la fois si excitante et si menaçante.

 

Photo © iStockphoto.com / Vmelinda

Classé sous :Journal

La clepsydre de la langue

La clepsydre de la langue

6 août 2016 par Vincent PAYET

1. La clepsydre de la langue.

Que cette langue parle-t-elle autant alors qu’il n’est point d’oreilles l’écoutant ? Eh bien, simplement parce que cet esprit se dit, à part lui : en me connaissant davantage, je périrai moins seul — parce qu’il se trouve cette idée qui l’excède, celle de rejoindre l’ultime océan sans s’être jamais connu ! En effet, il n’accepte de suivre les pentes de l’abîme qu’à la condition de disposer d’un recul suffisant pour apprécier le tableau ; il cherche à analyser ses expériences en perspective, même s’il est bien conscient que dans la dernière chute ce recul disparaît à l’intérieur des trous obscurs et définitifs de l’espace et du temps. Il tente, avec ses propres moyens, de remplir les vides gouttes des secondes, de mettre du soi dans cette vie qui peu à peu s’assèche. — Il désire humidifier son existence par la salive de son essence.

 

2. Incompréhension.

Tu t’imagines connaître tous les détails de ma maison, mais tu ne fais que croire. Tes yeux ne me voient pas, ils me donnent une forme, ils inventent. Ton âme ne me sent pas, elle devine un autre. — Si proches et si étrangers peuvent être le destin de deux êtres, lesquels sont comme faits pour habiter, non pas le réel, mais le monde des représentations. Et ils conçoivent autrement leur existence (!) : ils se figurent avec leurs sens être en mesure de la distinguer, de la saisir, de l’appréhender, ma réalité ! Ô immense incompréhension ! ô cruelle méprise ! ô malicieuse rêverie !

 

3. Le dernier jour d’un exilé.

Pourquoi faut-il que cette âme affamée de liens intimes, d’infini soit contrainte à l’éloignement. Est-il donc vrai qu’autrui lui sera toujours inaccessible, par trop étrange, excessivement incompréhensible ? Et ces autres, envisagent-ils que leur allure, leur posture, leur nature baigne dans le dernier degré de l’inconstance, de l’inconsistance, du déraisonnable — de l’absurde ? Ah ! le sort est-il vraiment de cette manière-là qui porte l’infortunée à revivre chaque jour le dernier jour d’une exilée ? Pourtant elle avait accueilli autrefois l’espoir de rencontrer le doux réconfort, la pure entente. Aujourd’hui, ce n’est pas que celui-ci l’ait totalement quittée, mais combien il se cogne perpétuellement la tête contre l’épineuse réalité !

 

4. Du labeur invisible.

« Oh ! que tes visites sont rares ! » — Oh ! Oh ! s’ils savaient le temps qui m’est indispensable en vue de complètement récupérer !

 

5. Où porterai-je mes pas ?

« Où porterai-je mes pas ? » se demandent-ils fréquemment. Il leur suffit pourtant d’être sensibles aux conditions atmosphériques intérieures — à leurs inclinations ! Il leur suffit de songer que tout comme le doux soleil engage à la promenade certaines forces internes et naturelles poussent à telles voies, tels environnements, telles destinations.

 

6. Transfiguration de l’hideux.

Il arrive que je me réveille dans un état déroutant, un état qui pourrait être celui d’un patient touché par une étrange démence dans le dernier stade de l’évolution d’une maladie, tout mon être luttant contre l’expression d’une folie furieuse. Alors, saisissant les touches je me mets à cracher mon feu, à vomir la haine, à lâcher les fauves de l’extrême violence. Ce faisant, en emprisonnant les démons dans les mots, mon organisme surpasse de temps à autre ces entités insensées, et, phénomène davantage extraordinaire, parvient, fort rarement, à les rendre moins hideux qu’ils ne l’étaient.

 

Photo © iStockphoto.com / kvkirillov

Classé sous :Journal

Paire de doutes et courage double

Paire de doutes et courage double

5 août 2016 par Vincent PAYET

1. Paire de doutes et courage double.

Si tu songes à entreprendre une tâche ardue, et il n’y a pas mieux à faire, tu devras, au milieu des sceptiques et des moqueurs t’armer d’un courage double afin d’affronter la paire de doutes — intérieur et extérieur : d’abord, pour surmonter ta faible confiance en tes propres capacités, laquelle ne cessera jamais de te tirer vers le bas, ensuite, pour vaincre les soupçons de la multitude d’êtres que ta volonté croisera nécessairement en chemin. Il te faudra également poursuivre ton sentier les yeux rivés à la cime des monts, non pas par prétention, mais parce que ta sensibilité, ta raison, ton imagination, tout enfin, en toi, t’invite à cette destination. Et, plutôt que d’écouter attentivement dans l’immobilité d’une affreuse sculpture les paroles environnantes, ces ignorants ne respirant que pour t’instruire, rassemble tes forces, car, tu ne peux douter que pour un tel voyage tu en auras bien besoin, tu ne peux croire que l’art soit une place de facile accès… tu ne peux te représenter ce lieu — à l’écart d’une difficulté et d’un effort toujours croissants.

 

2. Amorphe.

Tant de visible et d’invisible, de mystères, de charmes, de présence et d’absence, d’infinis sont susceptibles d’être devinés, ressentis, effleurés par les esprits. Et pourtant… Les plus étonnantes, rares, pures merveilles ont beau se produire… les filles et garçons, les enfants du monde, la progéniture de la nature semble insensible, les cœurs des fleuves gelés : le manque de frémissements et l’excès de lassitude courent ensemble dans les vastes salles, hantent les êtres, habitent cette foule invraisemblable, ces spectateurs éperdus, ces âmes hagardes — cette assistance amorphe.

 

3. De la continuité de la conscience.

Ah ! la conscience ! Quelle solidité de structure ! Quelle permanence ! Et, surtout : quelle illusion de continuité !…

 

4. Périodicité.

Les sociétés humaines peuvent se développer de plusieurs manières. La première, par un simple mécanisme de répétition : les individus adoptent les mêmes façons de penser, d’agir, de sentir ; des pièces humaines semblables s’assemblent — la périodicité agit, la structure grossit, l’identique s’applique et prospère. La deuxième, par un processus de différenciation : les êtres possèdent des rôles distincts et se singularisent ; les consciences se lient les unes aux autres sans perdre leur individualité — l’organisme se développe, la diversité émerge et fleurit. L’une, paraît plus cohérente, stable, solide ; l’autre, davantage déséquilibrée, imprévisible, folle — cependant, est-il bien nécessaire de rappeler que l’évolution a choisi le hasard, les mutations, la diversité ? Doit-on préciser lorsqu’il est question de « matière » sociale et de cet immense « organisme » qu’est l’humanité de quel côté penche la pérennité, de quel côté penchera la survie ? En conséquence, il n’y a pas d’alternative : l’épanouissement des peuples ne passera par un chemin différent de celui qui incarne les propriétés du « solide apériodique1 » (je souligne).

 

  1. Erwin Schrödinger.

     

Photo © iStockphoto.com / Ysbrand Cosijn

Classé sous :Journal

L’appel du silence

L’appel du silence

4 août 2016 par Vincent PAYET

1. L’appel du silence.

Emporté dans le tumulte des conversations insipides, la moindre pensée te paraît insurmontable, te semble insupportable ? Détournes-en ton attention, détends-toi entre les mots — étends-toi joyeusement sur le rivage du silence ! Et laisse ses mouvements, ses courants, ses fluctuations te soutenir, te séduire, t’emmener, laisse-toi aller en ses ondes. Entends ses étangs, ses lacs, ses rivières… perçois ses vallées, ses montagnes, ses paysages inouïs… goûte ses couleurs… sens sa mesure… ressens l’harmonie ! L’apprentissage de la noble écoute peut se réaliser à tout âge et, permet de transmuer les platitudes en symphonies. Sache que pour ce qui concerne l’éducation de l’oreille, il n’est jamais trop tard pour y faire ses premiers pas.

 

2. Orbes écaillés ou les Regards constrictors

Le regard se rapproche d’elle. Il l’enveloppe, la circonscrit, la réduit. Bientôt elle ne vit plus que dans et pour ses mains, lesquelles sont tantôt de tendres caresses, tantôt d’effroyables anneaux. L’âme se mouvant sans cesse dans l’inquiétude à l’endroit du jugement d’autrui, dans le désir constant de plaire et dans la volonté soutenue de se conformer aux conventions réside éloignée de sa propre essence, à l’écart d’une existence spontanée, créative, riche, — séparée de l’expérience de la plénitude.

 

3. De l’importance de la concentration.

Ce qui importe ? De se concentrer — parmi tous les signaux qui, telles des pluies de météorites, viennent déformer la surface de la conscience — sur les signaux les plus appropriés : une surface mentale parfaitement plate n’offre ni charme ni intérêt ; certains cratères enrichissent, tandis que d’autres altèrent. — Une étendue qui se verrait creusée presque en tous lieux ne serait plus qu’une structure cabossée, détruite, sans identité, une structure à la merci des éléments : une conscience qui perdrait le contrôle de soi, la conscience d’elle-même.

 

4. Filer à l’anglaise.

Les tâches que tu exécutes déversent dans ton sein des torrents d’ennui, sèment en ton cœur les graines de l’indifférence, au lieu de te remplir font de toi un réceptacle complètement vide ? Injectes-y un beau remède : injectes-y l’enthousiasme ! Et si, malgré tous tes efforts, tu n’y parviens, lâche celles dont tu en as la possibilité, et entreprends de nouvelles. Ah ! regarderas-tu, impuissant, de tes mains filer le sel de la vie : l’excitation, la nouveauté, les vibrations ?!

 

Photo © iStockphoto.com / Matthias De Boeck

Classé sous :Journal

« Page précédente
Page suivante »

Copyright © 2025 Espritetliberté.com · Tous droits réservés . No Sidebar Pro On Genesis Framework