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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour août 2016

L’onde péristaltique

L’onde péristaltique

24 août 2016 par Vincent PAYET

 

Les êtres s’abandonnant aux pensées noires sont comme de minuscules corps, des pantins aliénés, des âmes fêlées, des aliments avariés progressant à l’intérieur du tube digestif d’un invisible monstre, conformément à la volonté d’obscurs mouvements péristaltiques, au désir d’une obsédante rythmique inconsciente : celle des contorsions lugubres de leur propre esprit. — Le contenu se présente à l’intérieur de l’hideuse bouche, accepte l’invitation de la langue, commence à emprunter la glissante pente vers le pharynx, puis roule successivement dans l’oesophage, l’estomac, l’intestin grêle, le gros intestin, en suivant les ordres de la Constriction annulaire… Arrive enfin un jour, où la vie elle-même est prise d’un grand dégoût : son ampoule rectale se comble ; « Le besoin est trop pressant : je dois aller à la selle », se dit-elle alors — ne supportant plus ses propres enfants, par son extrémité postérieure, par son illustre orifice extérieur elle évacue ses matières. Comment peut-on en arriver là ? Les consciences bien en peine se sont laissées aller au gré du courant, embarquer dans une sombre expérience, dans les entrailles d’un navire fuligineux ; elles ont accepté d’entreprendre une drôle d’aventure, un drôle de voyage, une drôle d’existence, — vers une effroyablement funeste et sûre destination. Ah ! tout ces mécanismes sont parfaitement connus ; et pourtant elles persévèrent dans leur choix, dans cette voie, dans le vice ! Mais, que faire ?

Photo © iStockphoto.com / yitewang

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De l’effondrement

De l’effondrement

23 août 2016 par Vincent PAYET

 

1. De l’effondrement.

Le nihilisme total, l’entropie psychique, la dépression profonde, l’effondrement figurent parmi les membres les plus éminents de la grande famille des petites bêtes sympathiques guettant l’esprit de l’homme. En face d’eux, quels sont les acteurs de la résistance, les opposants du régime, les énergies contraires : les freins ; les propriétés, les rôles, les actions structurantes ; les ressorts électriques et chimiques ; les piliers de la cohérence, de l’harmonie ; les voiles du maintien ? — La concentration, l’attention solide, la vigoureuse volonté, le contrôle souverain, la maîtrise de l’énergie mentale. Continûment l’effondrement gravitationnel observe toute étoile de l’intérieur à dessein de la surprendre ; laquelle agit en vue de s’opposer à sa propre gravitation, en vue de sa simple survie ; ainsi, tout individu qui n’y parvient pas, c’est-à-dire qui cède sous son propre poids, pour diverses raisons, entre implacablement dans la dernière course : la destruction complète, la désintégration négative, la destination ultime. Des puits de ténèbres tapissent de leurs ombres les chambres des cerveaux : des pensées négatives, avec des pioches et des pelles énormes, creusant nuit et jour des trous sans fond. Ces entités formidables et monstrueuses avalent et capturent, et ce, sans scrupules, sans la moindre gêne, les joies, les plaisirs, le noble, le grand, — le principe, la lumière vitale.

 

2. Des maîtres ès arts.

Ce tempérament, ce goût, cet esprit — du sculpteur, du musicien, du poète, du scientifique en pleine possession de leur art — ne s’arrête jamais d’enfanter, sa surface d’écumer, ses cordes de frissonner, sa palette de conter et de chanter, ses pieds de tournoyer, ses ailes de s’ébattre. Lui, l’homme sans nom, le cœur aux multiples visages, l’être indicible ; elle, l’originale, l’indépendante, l’indifférente. Et s’il se trouvait quelqu’un pour demander à ces maîtres de la texture, de la matière, des formes, des métamorphoses, du style, des jardins de l’imaginaire — suspendus, dans le vide à l’intérieur des genres, et flottants, entre les processus conscients et inconscients —, à la créature ce qui la fait continuer à se lever, à marcher, à vrombir, quels sont ces vents soufflant dans ses chaudières, ces courants se déversant dans ses artères, ces moteurs se déchaînant dans son sein, elle ne saurait y répondre… — Mais qu’importe au fond et la question et la réponse ?

 

Photo © iStockphoto.com / alex-mit

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Anthropomorphisme et égomorphisme

Anthropomorphisme et égomorphisme

22 août 2016 par Vincent PAYET

 

1. Anthropomorphisme et égomorphisme.

Assurément, ces individus ne sentent pas, ne ressentent pas, ne pensent pas comme nous ; et pourtant on leur attribue des caractères humains, on tombe dans l’anthropomorphisme ! Car on l’ignore encore : les apparences sont trompeuses, notre interprétation spontanée fait de nous ses dupes. Diablement étrange est cette croyance selon laquelle l’essence de ces âmes-là serait semblable à l’essence de ces âmes-ci. Diantrement puissante est la tendance qui mêle les objets, les phénomènes, les réalités disparates. — Pour ce qui concerne les êtres qui nous ressemblent, il existe en outre, certes, le problème de l’égomorphisme ; mais ses conséquences semblent bien moindres.

 

2. Des tristes personnages.

Elles sont assises fort sagement, là, devant leurs téléviseurs — Leurs, car un seul par demeure : croit-on que cela suffise à remplir ces cœurs ? —, fidèles au poste, hypnotisées, les foules hallucinées, les masses admiratives, par les feuilletons, les costumes, les décors fixes, les acteurs habituels. Pour autant, tout ceci ne devrait point surprendre l’oeil avisé, ce regard extérieur, puisqu’il le sait, lui, que l’organisme est une merveille de machine, d’ingéniosité, une structure qui sait s’adapter aux substances, même les plus toxiques. — Le seul ennui avec un certain nombre de ces « personnages » de la vie politique, du monde des affaires, de la sphère de la « culture », du royaume de la célébrité…, c’est qu’en dépit de leurs actes, de leurs manières, de leur aspects, et de tout ce que le bon sens est amené à en penser, — ils sont tout à fait… réels ! Et la raison pour laquelle nul ne s’en indigne ne réside que dans la constatation suivante. Ces terres, ces régions, ces consciences sont des pays de mal-voyants, de non voyants, disons mieux, de parfaits spectateurs. — D’un côté, il se trouve les comédiens principaux ; de l’autre, les secondaires : mais, la plupart, et sans distinction de nature, jouent un bien triste rôle…

 

Photo © iStockphoto.com / ant_art

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De la Farandole

De la Farandole

21 août 2016 par Vincent PAYET

 

1. De la Farandole.

Il n’y a point de chose qui ignore le mouvement. Chaque élément se meut entre 0 et 299 792 km/s, ces deux barrières étant infranchissables : cette limite-là en raison du principe d’incertitude ; cette limite-ci à cause de l’énergie infinie imposée. La vie se développe dans le déplacement — elle est vibration, agitation, fluctuation. On se représente ordinairement la mort comme une absence totale d’actions, de réactions, de changements de position, d’évolution, comme l’extrême rigidité. Mais, d’une certaine façon, puisque rien n’est immobile, rien ne s’affaiblit et ne s’éteint véritablement ; le repos éternel est un sommeil bien agité. Tout est : marche, circulation, modification de valeur, d’intensité, variation ; corps, cortège nuptial, cortège funèbre, cortège dansant !… farandole cosmique ! Ainsi opère cet air mystérieux, entraînant, tout-puissant. Ainsi gouverne et voyage en tout lieu la nature, l’Absentia… l’absence de l’absence.

 

2. Des neutrinos.

Certaines particules élémentaires, dont l’esprit accueille des étendues semblables aux galaxies, afin d’éviter le nivellement de leurs capacités créatives, de fuir comme elles peuvent le « Grand Attracteur », de préserver leur singularité se retirent dans l’isolement, réduisent l’interaction des phénomènes internes et extérieurs, s’éloignent de la passivité, de la rigidité des idées et des comportements du milieu, se mettent à l’abri de l’absurde conformisme. C’est que les délicieuses créatures veulent ressentir l’exaltation de l’esprit et du corps ! l’accélération vertigineuse ! l’inspiration, l’ivresse dionysiaques ! À cette fin, elles savent que le ralentissement est proscrit : l’alternative n’est pas ; elles doivent, au sein d’une inflexible constance, continuer ce qui a été commencé, poursuivre leur course… se comporter d’une manière appropriée — se comporter en neutrinos !

 

Photo © iStockphoto.com / ChristinLola

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Le clinquant

Le clinquant

20 août 2016 par Vincent PAYET

1. Le clinquant.

Qu’observe-t-on, pressent-on, partout, à longueur de journée ? à la radio, à l’intérieur des téléviseurs, dans les journaux, et jusque dans les ouvrages se voulant des plus aimables et sérieux ? Du voyant, du ni profond ni essentiel — du clinquant ! Le comble de tout ceci ? Il faudrait, à entendre la majorité, se satisfaire de ce qui s’étale là devant nos yeux, et se vite consoler comme l’on peut ! Et cependant l’évidence est immense : soit on est véritablement atteint d’une cécité totale ou parmi toutes ces choses semblant plaire on n’en peut trouver… qui ne nous désespèrent.

 

2. Charme irrésistible.

Comprendre et le soi et le monde, l’affaire est d’une certaine importance. Ce qui l’est encore davantage ? Croire qu’elle constitue la plus fascinante des matières, se dire, sans que l’on s’en rende compte, que la valeur de ce jeu, de ce parfum, de ce travail justifie notre existence.

 

3. De l’ennui.

Mais quelle est donc cette énergie fabuleuse qui anime le plus grand nombre des hommes ? Car l’individu sensé, quand à lui, s’il ne navigue que dans la tourbe ne peut s’empêcher de mourir — de mourir d’envie de dormir.

 

4. Outre-tombe.

Il est des âmes qui se repaissent de travaux d’horticulture singuliers, ô combien ! Et, lorsque l’heure est venue de récolter les fruits de leurs réflexions, de leurs attentes, de leurs désirs désespérés, elles se retrouvent les mains bien vides… — il n’y a plus de plantes, de pensées, de membres ! pour un motif évident. Sous les vastes ponts, les majestueuses voûtes du Temps, les arches du Soupir tant d’eaux ont coulé ; il ne reste rien, — que les espoirs passés, ces choses oubliées, ces entités tout à fait décharnées.

 

5. Des plumes dénaturées.

Comme certaines plumes sont belles ! L’écriture semble aisément respirer, tendre patiemment vers le pur — le talent est comme sûr, s’imagine-t-on. Soudain on s’aperçoit qu’une idée fixe est en train de les dévorer ! qu’une doctrine saugrenue les possède ! qu’elles s’agitent à l’intérieur d’austères camisoles de force imaginaires ! Leur esprit a tissé une toile invisible, et, sans le savoir, dans ses propres liens d’acier s’est fait prendre ! En les approchant on peut encore déceler quelques beautés ; mais, gare ! tu te laisses déjà par trop troubler, ta raison se perd, leur folie t’égare ! — D’autres, plus sages, se tenant à distance du danger, attendent avidement la suite de l’histoire : celle des premières victimes et des passants bien curieux…

 

Photo © iStockphoto.com / Skathi

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Les infatués

Les infatués

19 août 2016 par Vincent PAYET

1. Les infatués.

Ils se croient bien malins, s’imaginant maîtriser les savoirs, les subtilités, les vérités ultimes, se flattant de connaître comme leur propre progéniture la vie. Quelle présomption ! Quelle illusion ! Quel ridicule ! Oh ! les voilà qui s’approchent de moi, et me dévisagent de manière impertinente  !… Dans le calme je poursuis : Mais, si vous insistez, alors, dites-moi donc ; avez-vous résolu les problèmes de causalité ? déterminé s’il est possible de s’évader des cônes de lumière et s’il existe des fontaines blanches ? Avez-vous vu l’authentique visage de l’espace et du temps ? Comment ? Vos verres de myope viennent juste de se briser ?! — Il est vrai qu’une multitudes d’objets, facilement, se réduisent en pièces contre les rochers et les flèches du temps ; ainsi de votre insupportable suffisance ; — ainsi de vous.

 

2. La chute.

On les croise, allongées sur les côtés, ces personnes qui se sont arrêtées de marcher. Au bord du sentier elles paraissent déposer un corps fatigué, et cependant leur esprit, leur cœur, leur vitalité, leur santé, leur belle humeur, accompagnant les courtes heures, poursuivent leur chemin au galop. Comment s’expliquer tout ceci ? Les cavaliers ont chuté en dégringolades, et ils éprouvent désormais les peines d’une chair meurtrie et lancinante ; mais, et là habite la terreur, là réside la tragédie, les malheureux ne conçoivent ce qui leur est arrivé. Ils ignorent, et souffrent en s’étalant à l’intérieur des fossés d’amertume et d’acceptation tandis que leur monture toute de fureur et de folie, comme peut l’être la vie qui, voyant ses peurs et ses défis les provoquent et sourit, s’échappe en hurlant à la mort dans le lointain.

 

Photo © iStockphoto.com / &#169 Patrick Naphan

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Des bons compagnons

Des bons compagnons

18 août 2016 par Vincent PAYET

1. Des bons compagnons.

Que cet homme est joliment entouré ! Il ne se trouve en quelque endroit, sans qu’au moins un seul de ses bons compagnons ne l’accompagne. Et quelle joie, lorsqu’il rentre avec les derniers rayons du crépuscule, de tous les retrouver ; eux, qui en silence attendaient son retour au cœur de l’impatience. Alors, comme un aimable chien haletant de gaieté à la vue de ses maîtres, il se jette sur ces amis, les petits et les grands, les jaunes, les blancs, les noirs, les rouges…, ne négligeant ni les vivants ni les disparus, les prenant un à un, caressant certains, pressant d’autres contre son sein, rigolant avec celui-ci, taquinant celui-là… ; ses bras sont fort courts, mais ils doivent céder : le désir d’embrasser la belle assemblée est par trop considérable. D’aucuns par la solitude sont hantés ; lui, quittant le vacarme des hommes et retrouvant la douce chaumière, en passant le seuil de sa solitude retrouve ses amis, ses amours : ses livres, sa sérénité — lui, en quittant le terrible tapage de la foule surexcitée, pénètre et se loge, dans le paisible silence habité.

 

2. Le Grand.

Croyez-vous donc que son esprit s’évertue à sonder les profondeurs du beau, de l’utile, du vrai, du bien ? Que voudrait-il fréquenter ces enfants de la mode, ces denrées périssables, ces conceptions lunatiques, superficielles, ces nourritures terrestres ??? Non ! son œil, à travers sa seule raison de vivre, à travers un motif clair comme une fenêtre pure ouverte sur les contrées illuminées, regarde vers le « Grand » ; car lui seul est « Impérissable » — lui seul abrite le « Sublime ».

 

3. De la sculpture.

Quel sens pourrait exister dans l’attitude d’une conscience qui fréquenterait les hautes pensées mais sans se laisser quelque peu déformer ? — Il faut que la personnalité qui se construit accepte joyeusement de laisser à quelques-uns le privilège de parfois la modeler. — La conscience doit s’éduquer, et savoir garder la mémoire de certains burins : celle des idées essentielles, des paroles de valeur, des créatures inestimables. C’est ainsi qu’en accueillant favorablement les coups, les effets des ciseaux, en recherchant même leurs causes elle sera, peut-être un jour, en mesure de posséder l’art de la sculpture à son tour. Enfin fasse la fortune qu’elle n’oublie ceci. On peut souvent évaluer la grandeur des présents déposés par quelques mains suivant ce qu’elles dérobent : leur passage emporte un grand nombre d’impuretés. Aussi ne faut-il point trop rapidement juger les bénéfices d’après ce que l’on voit pour la première fois arriver, mais d’après ce qui reste dans la suite. — Mainte fois, à l’intérieur d’une cité, ce qu’il y a de plus charmant réside aussi bien au fond de la qualité des structures, des formes, des constructions que dans l’espace libre entre ceux-ci. « Les grands artisans de villes sont des sculpteurs d’espace », écrivait Duhamel. D’aucuns le savent…

 

4. L’intervalle.

Distance entre les paroles humaines, séparant une existence qui émerge et une autre qui glisse, noir entre les étoiles, espace libre à l’intérieur des cerveaux, écarts minimums et maximums : comme la réalité se plaît à se cacher ! parmi la petitesse comme parmi l’immensité ! Et combien les chasseurs de réel, au milieu de ses moindres replis tentent des hypothèses, des théories, des expéditions… courent à la découverte des histoires, des énigmes, des révélations ! — Combien ils pressentent que c’est au sein de l’intervalle que les trésors abondent, la nature se dévoile, les mathématiques chantent, la physique et la chimie dansent, — qu’ici tout se rencontre, se transforme, se passe et se sait !

 

Photo © iStockphoto.com / colematt

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