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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour juillet 2016

Des camisoles

Des camisoles

31 juillet 2016 par Vincent PAYET

 

1. Nébuleuses.

Qu’elle est curieuse, cette voûte étoilée des nations du monde ! — Oh ! quelle image que celle donnée par ces myriades de consciences poursuivant leur course ensemble ; si proches, si ressemblantes qu’elles forment ces nébuleuses sociétales : ces nébuleuses de personnalités identiques, de caractères inexistants, — d’âmes factices !

 

2. Des camisoles.

Dès leur naissance, les plus jeunes sont insérés dans des camisoles de force. Et, dans certains cas — rares —, lorsque leur physiologie se révolte, lorsque leur cerveau comprimé, opprimé, ligoté se met à hurler et se débattre comme un animal agité, troublé, égaré, comme une baleine au bout de l’harpon, un éléphant sans défense, un rhinocéros encerclé et broyé, ce sont des mesures nouvelles, radicales, ce sont l’orage, le désespoir, les maux, qu’ils ont à peine le temps de voir fondre sur eux, l’épée haute : après les camisoles physiques, voilà qu’on leur impose — les chimiques !

 

3. Marécage.

Vaste marécage, profond et puant : toute cette culture-là n’est qu’une surface spongieuse peuplée de bêtes répugnantes. Des odeurs infectes s’y prélassent ; des cadavres animés y surnagent. — Le monde se noie dans une bourbe indicible, où seulement quelques échassiers se délectent, et vivent.

 

4. Retour du bâton.

À force d’être méprisée, bafouée, agressée, la Raison s’est révoltée : elle a fait bonne justice de ces Principes absurdes — elle a empoigné leur bâton comme on conquiert par le glaive, et, leur a, gentiment, offert ses grandes frappes !

 

Photo © iStockphoto.com / dedMazay

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Déviants, dissidents, divergents, et autres petites bêtes

Déviants, dissidents, divergents, et autres petites bêtes

29 juillet 2016 par Vincent PAYET

 

1. Émanations fuligineuses.

Il serait bon de s’asseoir près de la cheminée, puis de favoriser la belle rencontre, celle entre tous ces livres médiocres et la noble flamme. Dans cette pièce hautement utile, l’effondrement des bûches nous ferait l’effet d’une belle mélodie, on y respirerait une atmosphère douce et se réjouirait de ces pertes qui enrichissent tant. Cependant on préfère, semble-t-il, respirer la poussière, avaler les inepties, les paroles néfastes — on choisit la fumée ondoyante, la fumée qui intoxique.

 

2. Déplorables médecins.

De nombreux malades se soignent eux-mêmes. Fixé à leur bras, un goutte-à-goutte les seconde dans leur entreprise. Le médicament, lentement et régulièrement, pénètre en leur organisme, la mauvaise humeur s’installent, — et cependant les grincheux s’étonnent de ne point prestement guérir !

 

3. Ceux qui écrivent avec les doigts.

En compulsant certains ouvrages une conclusion devrait s’imposer, telle une évidence : d’aucuns, écrivent avec leur tête ; un grand nombre, avec les doigts.

 

4. Déviants, dissidents, divergents, et autres petites bêtes.

Ils accélèrent l’histoire — laquelle s’était comme endormie —, dévient le cours de l’habitude, troublent la tranquillité de la routine… C’est une question de fait : « Tout commence par une déviance qui, dans certaine conditions favorables, devient une tendance1. » (E. Morin) Ce sont les personnalités marquantes, les âmes flottant dans la différence qui, par leurs propriétés intrinsèques et leurs actes en dehors des types communs, nourrissent le changement. Ainsi, on peut toujours s’évertuer à les emprisonner, les vilipender, les pendre sur les places publiques, il n’en demeure pas moins qu’elles portent l’avenir sur leurs ailes fragiles, qu’elles constituent ces locomotives tirant les wagons humains sur la voie ferrée inconnue — vers des destinations étrangères tantôt meilleures, tantôt pis.

 

  1. Boris Cyrulnik et Edgar Morin, Dialogue sur la nature humaine (Coll. l’Aube poche essai, Éditions de l’Aube, 2010), 58.

     

Photo © iStockphoto.com / evellade

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Grenouilles australiennes

Grenouilles australiennes

28 juillet 2016 par Vincent PAYET

1. Bibliothèques.

Ceux-là me sont particulièrement supportables, qui, en âmes prudentes, pudiques et silencieuses, au-dedans de soi se recueillent à l’intérieur des temples, se baignent dans les rayonnages lumineux.

 

2. Les peintres de l’obscurantisme ou l’incohérente renaissance.

Il se trouve un type d’individu déconcertant : je les appelle les « noircisseurs de vérité ». Ils se baladent tels de grands pinceaux bien ronds dégoulinants, et répandent sur chaque parcelle de lumière, sur chaque espace du réel leur substance épaisse et opaque. On croirait que la grande noirceur est leur fin, que la toile du monde est la leur et que celle-ci ne sera valable que quand ils l’auront recouverte de ténèbres, quand ils auront vomi leurs entrailles.

 

3. L’horticulteur.

Je vois ce constructeur de tables rases. Ce qui l’intéresse, c’est la qualité de la surface. En ce sens, c’est un horticulteur averti, un psychologue distingué ne tolérant pas les mauvaises herbes et la malpropreté. Ce qui puissamment l’importe ? La lutte contre la stérilité et l’insalubrité, la qualité de son sol et la noblesse des idées qu’il y plante, la profondeur des racines ainsi que la hauteur des titans émergents, tout enfin favorisant la profusion et la qualité de ses fruits : la valeur de ses créations et la création de valeurs.

 

4. Deux sortes d’animaux.

Mais comment peut-on accorder de l’importance au jugement de ces individus ? Eux qui ne connaissent que les gens de leur espèce : les animaux cadavériques ! Comment en qualité d’anatomistes citadins pourraient-ils avoir la moindre idée de l’existence et des propriétés de cet autre sorte d’animal, infiniment plus rare, infiniment plus distingué, pourraient-ils même sentir ce que sont ces esprits libres gambadant au grand air, naviguant sur les sentiers ?

 

5. Grenouilles australiennes.

Pour les semeurs de doute que nous sommes, il n’est point d’autre possibilité que de se laisser pousser des ventouses, et d’imiter ces grenouilles australiennes1, lesquelles se cramponnent dans la cuvette des toilettes lorsqu’avec violence on leur déverse sur le crâne des vagues pestilentielles de méchancetés et d’injures. — Ils auront beau tenter par tous les moyens de nous arracher notre tête… nous ne lâcheront rien ! — ni la raison ni l’espérance ! — « le rocher et l’homme » (V. Hugo) !

 

6. Le dégel.

La crise de l’esprit prodigue ses vents glaciaux sur ces âmes qui déjà gèlent et se fissurent. Les consciences commencent à s’agiter, effarées, mais, sous le grand froid ne devraient-elles pas plutôt se blottir les unes contre les autres, se cristalliser : ne devraient-elles pas se             « ressaisir », et regrouper leur esprit morcelé, dispersé ? — À quel moment cette Terre reprendra-t-elle ses esprits ? Et à quel moment cet esprit, devenu alors lucide, s’assurera-t-il de sa propre survie ?

 

7. Du bon usage de la bombe.

Ah ! Ce ne sont pas que des brutes affreuses ! Allons, admettons que l’altruisme réciproque existe, et que c’est heureux pour nous ! Aussi n’est-il probablement point indispensable de larguer une lourde bombe sur ce monde. Leur conduite est pitoyable, mais, par bonheur, les gènes ne sont pas les seuls à agir : opère également la psychologie et, outre celle-ci, se manifeste la culture. L’espoir qu’un gradualisme parmi les consciences puisse se développer, même s’il est faible demeure. Ainsi, compagnons observateurs, réjouissons-nous encore, tant que cela est possible ! de cette vision fascinante, — de cette attraction humaine !

 

  1. Allusion au primatologue Frans de Waal qui écrit : « Et je me suis senti comme une grenouille des toilettes pendant les trois dernières décennies du xxe siècle. Je devais m’accrocher désespérément chaque fois que sortait un livre sur la condition humaine, que son auteur fût biologiste, anthropologue ou journaliste scientifique, car la plupart de ces ouvrages défendaient des idées absolument incompatibles avec ma vision de notre espèce. » Frans de Waal, Le bonobo, Dieu et nous [e-book] (Éditions Les Liens qui Libèrent, 2013), empl. 715.

     

 

Photo © iStockphoto.com / kikkerdirk

 

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L’art épistolaire

L’art épistolaire

27 juillet 2016 par Vincent PAYET

1. Objets rampants non identifiés.

Il est des phénomènes surprenants. Ils vous tombent brutalement sur les bras, puis pareils à d’étranges insectes rampants enfoncent leurs griffes dans votre chair avant de pénétrer par tous les orifices. Ils se meuvent comme ces choses dont parlent Virginia Woolf1, qui                 « s’accroch[ent] aux doigts et s’insinu[ent] sous les ongles »… Et je n’ai jamais ouï dire que personne ait été en mesure de s’en débarrasser si facilement, de ces, parfois trop longues… journées.

 

2. Renouvellement bienfaisant.

Ô nature ! L’heure n’est-il pas d’enfanter une autre créature ? Moins affreuse et présomptueuse ; davantage respectueuse et joyeuse ? Enfin tout, plutôt que ce singe grotesque et enivré ; lequel, sans cesse ne peut se retenir, et asperge tous les lieux de sa semence : de ses graines de l’absurde et du risible. Oui, parce-qu’à force d’en rire, les crampes cèdent la place aux aiguilles, et le ravissement, bientôt, est expulsé — par la stupeur et l’horreur.

 

3. L’art épistolaire.

La valeur de la conversation habituelle est ordinairement surestimée. On devrait obliger les individus à communiquer par lettre. Ainsi les flots de paroles, aidés par la paresse naturelle des âmes, seraient moindres, et, avec un peu de chance, les gouttes d’or du silence parachèveraient l’effet en venant les tarir. Voilà qui serait rafraîchissant. Voilà qui serait purifiant. Las ! l’art épistolaire se perd — l’art épistolaire se noie.

 

4. Le singe-écrivain.

Décidément, le singe humain est capable de réflexions fort étonnantes. Par exemple :               « Conçois-tu qu’on écrive pour la postérité ? Ou pour qui que ce soit ? Ou même qu’on écrive tout simplement ? » (L. Strachey). Réellement, un animal capable de penser ce mot, est digne de tenir une plume dans sa patte, de saisir ses propres pensées et de les dessiner sur du papier, de la belle main de son esprit.

 

5. La question du style.

Certaines écritures (ok) sont prodigieuses. Elles accueillent la complexité au sein de leur simplicité, les beautés parmi le dépouillement. Ah ! quel style ! Quelle splendeur, et quelle admirable pudeur que cette fleur, qui étale son raffinement, ses plus sublimes pétales : que cette reine portant sa magnifique corolle et s’épanouissant dans le secret de la discrète floraison !

 

6. Des gentillesses.

« Oh, Méchanceté ! Va-t’en promptement ! et ne te retourne pas, la bannie ! » S’imagine-t-on qu’un péril aussi effrayant, et sans doute même davantage que celle qu’on exile, se tapit au fin fond de l’excès de gentillesse ?

 

7. Justifié.

À l’intérieur de ces vastes villes, il n’est que juste que sur le fronton de maints individus tenus pour illustres soient gravés les caractères : I-D-I-O-T-D-U-V-I-L-L-A-G-E. Et encore plus : que certains hommes les aperçoivent.

 

8. Sensées.

Ah ! Ne le prends pas personnellement, le problème qui grossit en moi n’est pas alimenté par toi particulièrement, mais par mon espèce. À ce sujet, pourquoi se fatiguer de plus belle quand d’autres ont déjà si joliment exprimé cette lourde sensation que je traîne sur le coeur. Reçois donc ces quelques mots sensés : « Ah ! Pourquoi faut-il que l’humanité soit si pitoyable ? Dieu sait. Ou suis-je pourrie par l’âge mûr ? » (Woolf), et, de la même : « Mais la race humaine s’explique-t-elle ? Je veux parler de ces étranges spécimens, qui nous ressemblent effrayamment mais qui en même temps sont si proches des chimpanzés. Ils sont si dignes, si pétris de principes, avec leurs rayonnages de classiques, leur porcelaine proprette, leurs rideaux à carreaux et leur pureté que je ne comprends pas ce qui cloche. » Certes ces sentiments sont blessants envers les authentiques chimpanzés, cependant peut-être te donneront-ils des indices pour ce qui à trait à mon comportement.

 

  1. Pour ce qui concerne les citations du présent texte relatives à Virginia Woolf et Lytton Strachey, cf. Virginia Woolf-Lytton Strachey Correspondance (Le Promeneur, Éditions Gallimard, 2009 pour la traduction française).

     

Photo © iStockphoto.com / Studio-Annika

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Maîtriser l’ivresse

Maîtriser l’ivresse

26 juillet 2016 par Vincent PAYET

 

1. L’excentricité.

Les consciences en orbite autour de systèmes stellaires binaires possèdent une météorologie très particulière, trop folle certaines saisons pour accueillir les nobles pensées et trop froide certaines autres. L’esprit créateur, quant à lui, autour du soleil de la folie, doit suivre une trajectoire proche de la circularité. — La nature des orbites abrite les conditions primordiales pour l’éclosion et l’épanouissement du phénomène créatif, y étant favorable ou non. Et c’est, dans l’entre-deux, que les idées d’une luminosité sans égale jaillissent.

 

2. La zone Boucle d’or.

Oh ! comme cet homme sait vivre ! Il n’envisage d’amitiés que lorsqu’il est question de planètes habitant la zone « Boucle d’or1 » ! Car, là, il a appris que la présence d’eau liquide est possible, là, l’expérience lui a montré qu’une vie « intelligente » peut se développer. Considérant tout ceci, c’est en être assuré qu’il évolue : certain, en cette région, de pouvoir à ces sources chaleureuses se désaltérer — certain, de résider… au sein d’une zone habitable.

 

3. Maîtriser l’ivresse.

Son esprit habite presque toujours le royaume de l’abstraction. Quelle difficulté alors, quand il s’agit de redescendre des hauteurs, de respirer un air inférieur ! Quels efforts, que ceux consistant à traiter avec les autres réalités de la vie ! De fait, songe-t-on à tout l’art présent dans la remarquable gestion des phases de transition, dans la redoutable épreuve des montagnes russes : à tout ce que cela implique de maîtrise, de contrôle pour, sans trop de dommages, éprouver de telles « descentes » à la suite de telles « montées » ???

 

4. La Moustiquaire.

La pensée des hommes se cogne sans arrêt la tête contre l’invisible moustiquaire. Subrepticement, le rideau de tulle se transforme en grillage métallique ; promptement, les coups se font plus rudes et les crânes bleuissent. Sa place, pourtant, appartient au dehors. Mais elle s’est laissée capturer, la belle, par les modèles habituels, les conceptions communes, les surfaces ordinaires. Désormais, c’est en ce lieu restreint, abêtissant, fatal, qu’étourdie et oublieuse elle volette… comme une éperdue de tristesse.

 

  1. Concernant la zone « Boucles d’or », lire par exemple Ken Tapping (astronome), « La zone “Boucles d’or” », Conseil national de recherches Canada, 20 mars 2013, disponible sur

    www.nrc-cnrc.gc.ca/fra/publications/pubs_cnrc/tapping/2013/2013_03_20.html.

     

Photo © iStockphoto.com / hchjjl

 

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L’important

L’important

25 juillet 2016 par Vincent PAYET

1. L’important.

Ce que l’on tenait pour étranger au frivole, pour sérieux, ce qui importait, abritait la grande valeur, était solide autrefois, l’essentiel donc, semble comme implacablement s’échapper dans les mains du temps. À peine un battement de coeur a suffi pour que, déjà, à nos yeux l’important disparaisse, emporté par le vague du souvenir, désormais bien loin. Ah ! assurément le difficile, selon le mot de Gide, « c’est de prendre au sérieux longtemps de suite la même chose ». C’est, avec constance, de prendre intérêt à tout ceci que l’on sait, hélas ! — vain.

 

2. Composition en feu.

À l’heure où l’on écrit pour le grand nombre, pour la quantité de lettres, pour influencer, pour séduire, pour vendre, et non plus, pour l’acte même d’écrire, à l’heure où l’on achève la blessée, l’admirable composition, combien se nourrissent toujours du feu de la composition ? Combien libèrent les pensées encore brûlantes, ces signes qui calcinent, ce verbe en ignition ? Écriture surveillée, contrôlée, soumise, police de caractères parfaitement lisse, pensée monstrueusement plate, aux regards altiers presque illisible, invisible : ce sont-ils éteints, tous les volcans du monde — ces augustes cracheurs de vérité, ces personnalités jadis révoltées, ces créatures de lave !

 

3. Vicissitude des choses humaines.

Je me lève et me mets à la quête, de ces âmes qui se laissent bercer dans les bras humides, au sein du flux et reflux des jours, qui, tout en badinant avec la vicissitude des choses humaines offrent à la vie son sourire le plus jeune, le plus éclatant !

 

4. Ainsi soit-il !

Oh, regardez, ces peuples qui disent amen à tout, et qui face à leur propre destinée, au récit de leur aventure se déroulant devant eux, semblent être telles ces grenouilles prisonnières de la casserole bouillant : paraissent attendre, comme stupéfaits, le cours du progrès… jusqu’à amen !

 

5. Ressort secret.

Autrefois, une angoisse naissait. Depuis, les secondes, les heures, les nuits se sont succédé, et, elle, tu l’as parfaitement oubliée. Tu es, à présent, envahi par des pensées détraquées, des comportements formidablement inadaptés — ah ! un vrai possédé ! Aujourd’hui, écoute donc : si, de tout cela tu t’en rends compte, ne t’efforce point trop d’en déterminer la cause, car certaines forces excellent à se cacher. Plutôt, examine davantage le miroir, et découvre, par tous les moyens, la manière de t’apparaître à toi-même moins déséquilibré : la manière, en ton existence, de mieux te détendre, la manière… de mieux débander ton être !

 

Photo © iStockphoto.com / bestdesigns

 

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L’éthologie, par-delà le Bien et le Mal

L’éthologie, par-delà le Bien et le Mal

24 juillet 2016 par Vincent PAYET

 

1. L’éthologie, par-delà le Bien et le Mal1.

L’étude des « autres » animaux montre que « les éléments de base de la morale sont plus anciens que l’humanité2 » (Frans de Waal) ? Cependant, pour ce qui concerne l’origine de la morale, d’autres explications lui sont bien davantage préférées. C’est que l’on s’attache facilement, à certaines conceptions, et ce, si fort, que lorsque vient le moment de s’en défaire, on ne sait plus trop comment les grands changements s’opèrent. — Sans s’en rendre compte, les menottes de l’habitude, de la peur, de l’ignorance se sont refermées, laissant ainsi l’esprit… tout à fait amarré.

 

2. De la précipitation.

Il se trouve des volontés d’exception qui ne parviennent à leur destination que parce qu’elles s’y sont précipitées. — Il est des lieux qui imposent la détermination, mais également la sérénité : l’assurance et la belle cadence.

 

3. Voyage en Autruistan.

Tant de personnes affirment réellement connaître l’autre. Pourtant très peu sont prêtes à dans ses profondeurs descendre, dans ses vérités naviguer, en cette réalité différente s’immerger — à l’étranger s’en aller.

 

4. Ô deliciae !

Ô que cette contrée est un authentique délice ! Et que ce pays de l’esprit se situe si proche et si loin des hommes ! Lesquels préfèrent, plutôt que lutter et de savourer la région magnifique, s’endormir dans un endroit cruellement différent : dans les délices de Capoue !

 

  1. Par-delà le Bien et le Mal et Généalogie de la morale. Friedrich Nietzsche.

  1. Frans de Waal, Le bonobo, Dieu et nous [e-book] (Éditions Les Liens qui Libèrent, 2013), empl. 377.

 

Photo © iStockphoto.com / curioustiger

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