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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour juin 2016

Enjeu céleste

Enjeu céleste

14 juin 2016 par Vincent PAYET

 

1

L’excellence. — Ce qu’il voit dans son voisinage immédiat et en lui trempe depuis trop longtemps, dans une conspiration, dans un crime : dans la dolence. Il souffre, avale les frustrations, et non pas l’une après l’autre, mais d’un coup. Son regard caresse les sublimes lointains, lesquels, aujourd’hui, se refusent à tout ce que leur demandent ses mains : au loin, sur la rive étrangère, attendant en silence, presque inaccessible, demeurent les promesses, le remède… l’excellence.

 

2

Abattoirs. — Si vous me laissiez vous parler, je pourrais m’adresser à votre cœur. Mais, vous l’avez isolé, et le volet de fer est baissé. Certes je saurais bien exprimer ma colère, ma détresse, ma misère, cependant à quoi au juste cela pourrait servir ? — En l’effroyable indifférence, en le silence assassin, tout s’écoule et se désespère… tout coule… se perd.

 

3

Enjeu céleste. — Il n’est pas nécessaire qu’il y ait davantage qu’une seule langue lourde et maussade gravitant autour d’une étoile pour que non seulement celle-ci s’assombrisse, mais même l’ensemble du système solaire : les papillons noirs dans l’éther se propagent tel l’éclair. Et celui-ci, depuis toujours, habite la plupart des espaces. Cela explique que, les ondes étant devenues excessivement néfastes, insupportables, certains corps lumineux par eux-mêmes, s’indignent, chacun de son côté, contre leur sombre planète et éjectent l’importune. — Dans cette affaire il n’y allait pas moins que de leur belle humeur, de leur nature, de leur existence. — C’était leur santé, et donc également celle des autres qu’ils éclairent, qui était ici en jeu.

 

4

Suprême hyménée. — Celui qui déclare que les mots lui manquent pour l’expression juste de sa pensée, très souvent méconnaît l’inouï dans la richesse et la profondeur de sa propre langue. Quant à l’autre, la possédant, ce qui lui fait habituellement défaut, c’est l’ampleur, l’intensité, le trésor infini : la palette riche, brillante, inépuisable des sensations, des émotions, des sentiments et de l’imagination. — Seul le véritable artiste est doté des deux, du moins est-il le seul assez fou pour tenter de les unir, et de l’exprimer.

 

5

Principe d’incertitude. — Plus l’individu en face de toi sait précisément la vitesse de ta pensée, moins il devrait s’efforcer à connaître où tu es. Et plus il évalue correctement ta position, plus il devrait se méfier de l’élan qui le pousse à estimer avec trop de confiance ta célérité. Mais les gens pensent être en mesure d’apprécier complètement ton esprit ! avec leur règle étroite et leurs petits doigts grossiers ! — Peu d’hommes se soucient de ce que peut bien raconter Heisenberg1 : la majorité, et selon l’ange Jesrad, « jugent de tout sans rien connaître2 ».

 

  1. Werner Heisenberg, physicien allemand, a formulé le principe d’incertitude en 1926.

  2. Voltaire, Zadig.

     

     

Photo © iStockphoto.com / laski

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Des gens stupides par éminence

Des gens stupides par éminence

13 juin 2016 par Vincent PAYET

« Les non-stupides sous-estiment toujours la puissance destructrice des stupides. En particulier, les non-stupides oublient sans cesse qu’en tous temps, en tous lieux et dans toutes les circonstances, traiter et/ou s’associer avec des gens stupides se révèle immanquablement être une erreur coûteuse1 » (Carlo M. Cipolla). — On se rend effectivement compte de ma présence, moi, la Stupidité : — en la nature de l’autre, en son prochain ! On s’imagine que je préfère certaines classes, castes ou races, mais on mésestime ma générosité, mon amour inconditionnel, mon équitable répartition : noirs, blancs, jaunes, rouges… besogneux, rentiers, chômeurs… esclaves, ouvriers, élites… croyants, athées… solitaires, mondains… philanthropes, misanthropes, tous sont servis de la même manière ; la grande table de ma folie est aveugle, elle ignore ces distinctions et applique, à l’intérieur des mets spécialement apprêtés pour ses convives humains, la constance de la proportion — chaque groupe dispose de sa part d’âmes particulièrement affectées, infectées. Parmi les individus les plus favorisés par mon A.D.N., les meilleurs représentants sont ceux qui, tout en infligeant à autrui moult peines et désarrois, s’offrent des effets non moins néfastes. Et au milieu de ces êtres, les plus dangereux sont ces têtes possédant et la concentration maximale de mes gènes toxiques et le dernier degré de l’influence ; le cocktail mêlant le pouvoir, l’argent et la sottise est remarquablement étonnant, quoiqu’ordinaire ô combien ! mais, surtout, il est remarquablement… détonant. Il suffit pour prendre la mesure de ce phénomène d’évaluer la santé de la planète et de mes sociétés. Certains se persuadent que mes lois méritent d’être davantage connues, qu’ainsi, éclairé par des lumières nouvelles, on élirait enfin des représentants réellement favorables dans tous les domaines éminemment importants ; à ces naïfs, je dis seulement un mot : conformément à ma volonté, les connaître parfaitement n’y changerait rien, en ces cerveaux par trop dotés de mes illustres propriétés, de mes fameux biens, car en ce qui les concerne mes ordres sont implacables. De cela découle cette vérité, laquelle sera aussi considérée par les esprits perspicaces comme un conseil inestimable : si par un concours de circonstances favorables vous êtes de ceux qui, dans le trou noir des orbites de leur interlocuteur reconnaissent ma flamme, ne tentez point de lutter, puisque celui-ci, armé d’une telle ardeur, est invincible !… mieux vaudrait maîtriser le cheval de vos émotions, et, déployer votre égide, fermer vos volets ou réaliser au plus vite et vous échapper sitôt ! — Sachez ceci, chères volontés révoltées, consciences conscientes : qu’il est inutile de vous indigner et, surtout, de vous rebeller contre mes créations (et, par voie de conséquence, contre moi), contre ces gens stupides par éminence — certains hommes sont ce qu’ils sont, et je suis ce que je suis. — L’un est simple mortel, soumis à des lois, l’autre, celle qui les prodigue, qui gouverne… qui conçoit.

 

  1. Carlo M. Cipolla, Les lois fondamentales de la stupidité humaine (Paris, puf, 2012, 1988), 56.

     

 

Photo © iStockphoto.com / bobmadbob

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Question substantielle

Question substantielle

11 juin 2016 par Vincent PAYET

1

Douce retraite

Une petite construction, hermétique pour se prémunir contre le pillage du temps et le grand froid des cœurs et ainsi garder son trésor et sa chaleur, armée de fondations solides pour résister, d’un côté, aux bourrasques des aléas, de l’autre, aux séismes intérieurs, et disposant d’un seuil avenant, doté d’un paillasson : un sourire accueillant invitant en s’ouvrant les rares et aimables passants, lesquels en entrant laisseront derrière eux et la poussière et la misère des autres lieux.

 

2

Question substantielle

Parvenir à tirer le suc nourrissant de cette substance mystérieuse que constitue la vie, n’est-ce point là, la lourde charge, l’inestimable démarche, la grande tâche qui nous incombe — celle que nous devons rechercher, quoi qu’il en puisse coûter —, au sein de laquelle nous sommes en quelque sorte tenus d’exprimer notre plus parfaite maîtrise ? De ses plantes, de ses fruits…, de son air, de son feu, de sa terre, de son eau, ne nous est-il pas demandé de tout mettre en œuvre afin d’en extraire les éléments nutritifs — c’est-à-dire tout ce qu’il y a de consistant, de vivifiant, de valeur —, et de rassasier notre âme : d’y puiser le substantiel, et de rejeter, — de vomir le dérisoire ?

 

3

Sentiments de notre temps

Un vieux couple, fréquemment destructeur, pénètre toujours davantage l’esprit des peuples : l’Anxiété et l’Ennui, la main dans la main. Et que leur a-t-on trouvé, comme palliatifs, prospérant à travers les innombrables siècles, et aux effets affreusement visibles à notre époque ? Le long et profond oubli ainsi que les plaisirs : les drogues et l’illusion ainsi que les basses distractions et les vaines satisfactions.

 

4

Les âmes fugitives

— A : Vraiment ? peut-on devenir et rester tout à fait étranger à sa destinée, interdit, comme frappé par la foudre, indifférent à ce qui se passe, à sa propre existence, devenu autre, vivant ailleurs, succombant maintenant ? Une âme peut-elle s’autoriser un si funeste cours, permettre un si sinistre sort : vivre à l’écart d’elle-même, loin, dénaturée, en fugitive folle ? — B : Regardez autour de vous, mon cher confrère, et voyez !

 

5

Belle ruine

La quête du sentiment de sécurité, désirant rassurer la peur, et ce, par tous les moyens, s’oppose à la nouveauté, aux transformations, aux développements. La routine, les processus « sûrs », le prévisible sont bien davantage présents dans nos sociétés que le goût du risque et les joies de la découvertes. Mais que serait un organisme sociétal sans destructions et reconstructions, sans agitations et créations, sans mutations et évolutions ? De toute évidence, une telle Terre ne saurait être qu’une matière immobile, une pierre figée, un tas immonde ; une belle ruine, peut-être, inerte ! — Une nature presque morte, un vieux débris !

 

 

Photo © iStockphoto.com / Maaike Bunschoten-Bolh

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De l’état de mollesse de la terre

De l’état de mollesse de la terre

10 juin 2016 par Vincent PAYET

1

De l’état de mollesse de la terre

De gros doigts disgracieux appuient sur les surfaces faibles, tendres, molles. Les poutres, les voûtes ne cessent de céder, sans réellement résister ; l’empreinte est acceptée sans broncher. Il est des corps, des consciences, mous, molles, qui, sous l’empire des envahisseurs, intérieurs et extérieurs, ne savent que faire ; ils se courbent sous le faix, se déforment tout à fait — les ont-ils reconnus au moins ? La vigueur les abandonne, avant même l’éventualité d’un combat — la possédaient-ils ? L’oeuvre dessinée par les individus, le tableau de leur vie, reçoit continuellement de terribles manques, de multiples carences : des touches molles, des traits grossiers et des nuances vides ; je veux dire des intentions et des substances creuses, indolentes, livides — des pinceaux mous. Invariablement, le problème vient d’en haut…, des volontés, des conduites, des caractères, des esprits. Les évènements, les sociétés, les âmes, notre époque passe pour dure ; la vérité est qu’aujourd’hui est fait de cire molle — tout est d’une « indigne mollesse1 » qui répugne et révolte. Notre époque, — est la mollesse même.

 

  1. Pierre Corneille.

     

2

Stupéfiant !

Avec quoi soigne-t-on les cerveaux par trop curieux — et donc malades ! —, et ce, dès le plus jeune âge ? Les opinions préconçues, les systèmes de pensée sclérosés, stéréotypés, hermétiques : les pilules les plus modernes. Que délaisse-t-on ce faisant ? La curiosité, la recherche de la vérité, la soif de savoir… la joie de la découverte, de la connaissance, du sens… — Ce qui avilit, atrophie et dessèche l’esprit ? — Les pilules éternelles, les remèdes immortels, les stupéfiants actuels.

 

3

Rire et valeur

Le rire est un savoir : savoir-faire, savoir-vivre, « savoir-être ». Le rire est un art. Le rire dévoile les vérités de l’âme, révèle sa nature. — On devrait juger de la grandeur d’un esprit sur la hauteur de son rire.

 

Photo © iStockphoto.com / FreeSoulProduction

 

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Belle et grande santé, concept et problème

Belle et grande santé, concept et problème

9 juin 2016 par Vincent PAYET

Lorsque l’individu éprouve le grave de l’existence, toutes ces choses qui possèdent une véritable masse, qui ne se laissent approcher que dans la barque de l’intensité, on entend, sur-le-champ, les bouches environnantes commenter ses excès, ses égarements, sa « maladie ». C’est qu’elles se font une idée bien précise de la nature de la santé et de l’infirmité ces langue déliées ! Mais se figure-t-on un monde sans éléments « négatifs », ignorant les phénomènes, l’état morbide ? Se représente-t-on le perfectionnement des sociétés et l’amendement de chaque individu, en l’absence de tout ennui, de toute alarme ? Cette obsession de ce qui est considéré comme un objet sain, cela même qui, le plus souvent, se trouve être précisément ce qui peut et doit justement être rangé dans la catégorie du nuisible, du malsain, du délétère, n’est-elle pas très symptomatique d’une ignorance profonde à l’égard des mécanismes évolutifs conduisant au favorable et au viable ? Et quoi ! vous pensez savoir vider la Terre et les consciences de ces représentations qui ne sont à vos yeux que nuances sombres, tons horribles, colorations à abhorrer, à repousser — à exiler ! Vous vous imaginez ainsi un tableau plus vrai, plus beau, plus gai ? On n’envisage ordinairement que la destruction, là où la tolérance et le contrôle sont essentiels, n’aperçoit que le noir, le mal, les maux, quand il s’agit de contrastes, de textures, de reliefs — d’images et de paysages variés, hétéroclites, entremêlés ; — en ces complications, en ces imbrications le jugement s’emmêle les pinceaux, l’évaluation, et par suite la caractérisation, voient trouble ; sur l’étiquette des choses, en la dénomination, l’esprit bafouille, mélange tout, et se trompe de mot. La voix étant insuffisante, il faut se résoudre à l’écrire : les souffrances, les pensées obscures, les affections de l’âme sont des entités à la fois destructrices et salvatrices — des pharmaka. A-t-on oublié que, dans la coupe d’Hygie répandue dans de nombreux pays, coule aussi le venin du serpent ? Accordera-t-on la plus grande attention à ces paroles qui, se noyant dans l’amnésie collective, affirment en s’écriant que l’enjeu n’est pas, l’éradication, mais l’écoute, la compréhension, la maîtrise : le dépassement de soi, la complexification, l’intégration — la transformation… l’évolution ? Fréquemment, les pires ennemis sont également, par les troubles, par les incitations, par les développements qu’ils imposent à l’esprit et au corps — les plus formidables bienfaiteurs ; pourtant, cela, tout aussi souvent, n’est pas pris en considération. Car oui, ce sont eux qui encouragent la créativité, eux qui forgent le caractère, eux qui déploient la personnalité ; l’instabilité, l’agitation, l’écume, le vertige, la nausée même, en déformant l’être, en le faisant prendre des configurations inattendues, atypiques, particulières, s’opposent violemment à la platitude, à l’immobilisme, au conformisme : en rendant les expériences singulières possibles, ils enrichissent les esprits, nourrissent l’âme — forment l’être. Néanmoins on croit saisir l’essence de la santé, et on la place, si aisément et si promptement, aux antipodes de la maladie. Comme pour d’innombrables affaires, en cette conception erronée de la santé on s’interdit de grandir, d’évoluer : on privilégie d’autres voies — on croit trop donc, ou plutôt, — on ne croît pas suffisamment…

 

Photo © iStockphoto.com / AlexeyPushkin

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All’arme !

All’arme !

8 juin 2016 par Vincent PAYET

Des menaces imminentes rodent alentour : il faut sonner l’alarme, appeler au secours. Les ennemis invisibles s’agitent et approchent, mais, villes et campagnes, tout ici semble immobile, paisible — en un songe. Elles méconnaissent la venue des ombres, les âmes somnolentes ; elles ignorent l’effroi, celui qui sauve parfois. Eh bien, me voici ! apportant la nouvelle, en ces temps de grand froid, répandant le signal en tous lieux, réveillant les consciences, brusquement, sûrement. Sauve-toi vite, petite, la survie t’appelle, souffle ma voix dans les esprits et les corps, en l’Humanité allongée sur sa tombe, et, dans la pénombre, ne trébuche pas. L’alarme est au camp, mais ne vous y trompez pas ! je ne suis pas la cause de vos ennuis, mais bien la parole qui raconte, annonce, espère : le tiède zéphyr qui chuchote, embrasse, réchauffe, — le vent doux et prévenant qui prévient les drames affreux, les chagrins, les soucis — ces épouvantables alarmes susceptibles, par les mains de l’ignorance, de l’insouciance, de l’indifférence de survenir. Car c’est bien cela le réel danger, c’est bien elle, le redoutable péril : la pauvreté d’esprit ! Et c’est contre elle que la résistance doit s’armer d’armes puissantes, toujours et toujours : se disposer au combat. Allons, peuples du monde, civilisations, ma géniture, courage — all’arme1 ! — La science grandit, et cependant l’obscurité grossit : une obésité pernicieuse, morbide, décadente — un mal imminent. Ainsi, ne devient-il pas nécessaire d’opposer aux murmures de l’illusion, à ces histoires ensommeillant les consciences, d’autres sirènes, plus « fortes », plus vraies, plus sonores ? — Es-tu prête, petite pousse, à abandonner tes certitudes, ta servitude, ton aveuglement, à entendre et à voir, et, hors de cette atmosphère qui comprime, des anneaux qui étouffent, à t’évader, respirer, — à renaître liberté ? Enfin : as-tu l’âme d’une authentique voyageuse ? — Même si tu m’en assures, rien n’est moins sûr : je te connais trop, las ! — et cette connaissance, jamais ne rassure. Ainsi parlait l’esprit ailé.

 

  1. « Emprunté de l’italien all’arme, “aux armes” » (Ac. 1992).

     

 

Photo © iStockphoto.com / anttohoho

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Télévision, terrible vision

Télévision, terrible vision

7 juin 2016 par Vincent PAYET

1

Du bon traitement

La vie est un excellent traitement contre la mort…, mais, à cause des formes que les hommes lui permettent de revêtir, combien considérable est l’incidence des effets secondaires ! — d’où il suit l’importance d’une grande vigilance à son égard, — envers ses molécules, ses principes, sa nature, ses manifestations.

 

2

Télévision, terrible vision

Ah ! le petit écran ! la boîte noire, la sombre surface dont le rayon constamment s’étend ! Avec toutes ses émissions passionnantes, ses débats animés, et ses kyrielles de grands bipèdes assis dans le vaste fauteuil du clownesque, ces experts autoproclamés et fort acclamés ! Énergie, enthousiasme, excitation, extraversion, je vous vois !… Comme sur les plateaux l’intarissable faconde, l’expansivité, tout cet extraordinaire brio de l’illusion ordinaire s’exprime gaiement ! Que l’on donne libre cours à ses sentiments, qu’on laisse s’écouler sans retenue la médiocrité, la suffisance, le ridicule ! Comment ? On paye pour cela ?!… En argent, en temps, en forces, en sang ?! — Une meilleure fortune, un sort davantage favorable daignera-t-il un jour, en cette culture funeste se joindre à mes vœux ? Le cours des évènements, les flots de mes espoirs : ces deux rivières mêleront-elles jamais leurs eaux ? — Ô époque ! ô moeurs ! — Ô cruel mirage, horrible image, terrible spectacle des temps modernes.

 

3

Le visage de la vérité

Certaines choses doivent être dites deux fois. La première leur confère une oreille. La deuxième une deuxième. Ainsi, lorsque les yeux hébétés dévisagent les énoncés, les remarquables assertions, les splendides révélations, il arrive qu’ils ne voient alors plus un monstre : ils aperçoivent, parfois, pour la première fois, la symétrie, ils perçoivent faiblement l’harmonie, ils n’ont plus peur — dès lors leur esprit peut observer et écouter véritablement, sans que leur raison soit effrayée par ce qu’elle prenait jadis pour un visage étrange, d’une conformation contre nature — sans qu’elle prenne ses jambes à son cou !

 

Photo © iStockphoto.com / briddy_

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