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1
L’harmonie des lois
À tous ceux qui osent regarder, la nature se dévoile,
elle montre ses crimes et ses beautés ;
dans l’oeil de l’esprit et du coeur, le chaos et l’ordre se joignent,
les rythmes, les tons, les substances,
les rires, les larmes, les pleurs,
tout se mêle et danse –
où le regard juste se pose,
la laideur, la hauteur, la splendeur,
l’harmonie des lois se révèle pour lui.
2
La ronde
L’esprit suit les courbes du monde,
Il épouse l’Espace et le Temps ;
Il sent leur parfum, et avec les deux enfants fait la ronde –
Il a suffit d’à peine quelques printemps,
Pour qu’enivré parmi le tourbillon, saisi par la quête de sens,
Sa noble aspiration le porte vers les sublimes essences.
3
Les titans
Voyez tous ces géants de la pensée,
Tous ces maîtres du savoir ;
Mais sachez
Qu’au sein de toutes ces aptitudes, de toute cette puissance,
Perchés sur de vastes pieds,
Seules les sphères qui connaissent leur bassesse,
Qui éprouvent journellement et la misère devant leur affreuse sottise
Et la jubilation intense devant leur propre folie,
Sont les vrais grands… les uniques titans.
4
Les deux idoles
La passivité, l’immobilisme, la sécurité des existences
Forme tant d’appâts, use de tant de charmes :
Prétend tellement, et dispense si peu –
L’illusion, comme l’équilibre, rassure1,
Mais voici la vérité : une modeste rafale
Est en mesure de faire chavirer
Même la stabilité la plus tenace,
Même le mât le plus assuré ;
Il est le songe, et il est la réalité,
L’un d’entre eux respire l’égoïsme, l’autre la générosité,
Mais, ordinairement, les hommes se trompent d’idoles,
Et à leur insu, et fatalement, l’une et l’autre sont sévèrement confondues.
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« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour faire tout bouger. » Julien Gracq.