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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour mai 2016

L’harmonie des lois

L’harmonie des lois

3 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / kgtoh

 

1

L’harmonie des lois

À tous ceux qui osent regarder, la nature se dévoile,

elle montre ses crimes et ses beautés ;

dans l’oeil de l’esprit et du coeur, le chaos et l’ordre se joignent,

les rythmes, les tons, les substances,

les rires, les larmes, les pleurs,

tout se mêle et danse –

où le regard juste se pose,

la laideur, la hauteur, la splendeur,

l’harmonie des lois se révèle pour lui.

 

2

La ronde

L’esprit suit les courbes du monde,

Il épouse l’Espace et le Temps ;

Il sent leur parfum, et avec les deux enfants fait la ronde –

Il a suffit d’à peine quelques printemps,

Pour qu’enivré parmi le tourbillon, saisi par la quête de sens,

Sa noble aspiration le porte vers les sublimes essences.

 

3

Les titans

Voyez tous ces géants de la pensée,

Tous ces maîtres du savoir ;

Mais sachez

Qu’au sein de toutes ces aptitudes, de toute cette puissance,

Perchés sur de vastes pieds,

Seules les sphères qui connaissent leur bassesse,

Qui éprouvent journellement et la misère devant leur affreuse sottise

Et la jubilation intense devant leur propre folie,

Sont les vrais grands… les uniques titans.

 

4

Les deux idoles

La passivité, l’immobilisme, la sécurité des existences

Forme tant d’appâts, use de tant de charmes :

Prétend tellement, et dispense si peu –

L’illusion, comme l’équilibre, rassure1,

Mais voici la vérité : une modeste rafale

Est en mesure de faire chavirer

Même la stabilité la plus tenace,

Même le mât le plus assuré ;

Il est le songe, et il est la réalité,

L’un d’entre eux respire l’égoïsme, l’autre la générosité,

Mais, ordinairement, les hommes se trompent d’idoles,

Et à leur insu, et fatalement, l’une et l’autre sont sévèrement confondues.

 

  1. « Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour faire tout bouger. » Julien Gracq.

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L’Important et l’Indifférence

L’Important et l’Indifférence

3 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / ericb007

 

1

Le lit. Ces existences humaines sont peuplées de tant de solitudes. Il est cette solitude dans ce que l’on sent, une solitude dans ce que l’on fait, cette solitude dans ce que l’on pense : solitude multiple au sein des êtres, et solitude des êtres au sein du monde… Il en découle que, parmi le grand désert, chaque minuscule attention des personnes qui comptent, est une vaste étendue d’eau qui roule vers le fond de l’insondable lit des âmes asséchées.

2

L’Important et l’Indifférence. Qu’est-ce qui est essentiel ? Quelle est la nature même de cet étrange animal ? L’a-t-on en un temps quelconque bien vu ? Et combien de choses devront encore subir le jugement hâté ? Combien de fois l’individu posera-t-il derechef les gros souliers de sa décision sur des têtes inconnues, en des lieux et sur des éléments étrangers ? Toujours, on tranche ; et, toujours, la main se meut dans l’insolente aisance – l’assurée ! –, sans jamais rencontrer l’Hésitation ! sans jamais se poser la question du doute ! Les pieds massifs, aveugles et éperdus écrasent constamment les boutons qui éclosent et les sublimes parterres, les terres grandioses et les magnifiques insectes. Les sols, les matériaux, les minéraux, toutes ces « substances » intérieures et extérieures indispensables, le sel de la terre, le sel de l’existence, l’Important lui-même est piétiné. Mais que t’importe tout ceci, homo credulus grossier, toi, la bête, qui ignore les différences, qui honore, – qui encense ton idole : la belle Indifférence ?!

3

Déraison. Qu’est-ce qui distingue un homme sage d’un homme appartenant au type de la       « bête sauvage » ? – Même dans ses songes les plus obscurs et les plus licencieux, le premier n’envisage pas les pensées, les sentiments et les actions du second : ceux-ci occupent des contrées inconnues de son esprit. La plus grande déraison incontrôlée et imaginaire de l’esprit « éveillé » ne surpasse en aucun temps, ou alors il s’agit d’un accident fort rare, la folie ordinaire des humains « endormis ». Pourtant c’est la bête qui se dit : « Ceux-là sont dans la lourde méprise, qui fuient ma bonne parole » !…

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Le vaisseau lumineux

Le vaisseau lumineux

2 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / bestdesigns

 

Les voiles intérieures se déploient, elles suffisent. Des vents froids, indifférents, fous s’y engouffrent et transportent ; mais la volonté ardente est là, et presque lasse elle se repose, elle attend : elle attend que l’individu approche, la remarque, la dévoile, qu’il veuille bien la saisir, l’ingérer, qu’il aspire à son souffle – qu’il se résolve à exploiter sa chaleur, son flux, à suivre ses propres voies, à se rendre aussi assuré et puissant que la tempête… L’existence exige son vainqueur, son timonier, elle espère que dans un avenir singulier on veuille bien se jeter.

Quelque obstacle que l’esprit vrai ait à traverser, animé par la liberté, il va, court, vole. Sur le péril, il s’évertue à glisser, à faire parler l’art de la navigation. Il ressent la destination, il entrevoit le chemin ; et, certain en sa force, soutenu par les fiers mâts de ses vérités, il ne daigne point envisager l’alternative. De cette liberté et de cette vérité, il s’est fait un devoir de préserver les droits.

Comment en est-il arrivé là ? – Voici ce qu’on raconte.

À toutes ces embûches dissimulées, à toutes ces voix qui ne respiraient que pour l’absorber, à tous les soupirs, à tous ces conseils qui voulaient sucer son essence, l’inhaler, l’esprit libre, soudainement révélé à lui-même, sa colère enflant son courage leur répondit ceci :

« C’en est assez ! Si de davantage de peines vous brûlez de m’accabler, veuillez donc continuer ! Mais dans ce cas, sachez, chers amis, qu’avec célérité, je me ferai un plaisir de vous laisser. Car aveugles sur votre destinée, c’est, moi, que vous venez ainsi éclairer ? À l’avenir, si vous souhaitez sur ma barque pénétrer, avant que de monter à bord, vos fariboles, à son seuil, vous les déposerez. Le reste me concerne, et, seul, souffrez que j’y songe. »

Sur ces paroles, indigné, révolté, le vaisseau lumineux s’approchant de l’horizon rieur s’éloigna du monde, et personne n’en entendant plus parler durant des décennies, il fut décidé qu’il serait considéré comme noyé.

Mais un jour, revenant vers les hommes, pénétrant l’obscurité, transperçant les songes… ainsi s’exprima dans son retour le navire illuminé :

« Rejoignez le large ! Rencontrez vos contrées dépeuplées ! Partez embarcations, partez ; ou plutôt, sans frémir, regagnez votre maison, qui vous voyant au loin vous apprêter à venir, à son tour s’apprête à vous accueillir !

Petites âmes, de votre courage, de vos forces ne doutez pas. Comment ? Il vous semble que déjà votre assurance perd pied, qu’elle se dilue, qu’elle se défile ? Se peut-il que vous croyiez aux ondes vos pieds insensibles ? que vous pensiez aux aléas votre détermination tout à fait hermétique ? que vous vous figuriez l’âme haute avec des cloisons parfaitement étanches ? Mais cette noble altitude, de mémoire d’homme avait-on vu une créature l’atteindre ?

Nul n’a de son sort une complète perception : cela est l’évidence. Pour autant dans vos vies devez-vous évoluer seulement en observateurs fixés, en consciences figées ? N’est-il pas permis, et même souhaitable d’y aller plus avant, d’y forcer le destin à vous ôter le joug, d’y prendre le mors aux dents ? Votre navire ne doit-il pas naviguer en pleine mer en recouvrant et son identité et sa puissance : en exaltant votre sève, en éprouvant votre sang ?

Déjà ne distinguez-vous pas, enfantée par l’horizon, cette terre nouvelle qui émerge des flots ? Ne sentez-vous pas le ciel et les vagues vous tendant leur main, oeuvrant pour tout emmener, s’échinant à vous y conduire ? Les larges sillons s’ouvrent devant vos pieds trempés : à la vue de tant de persévérance, en présence de leur ami, l’Air, l’Eau, l’Espace, le Temps… tout facilite le passage et invite l’étranger ! – Votre conscience s’écarte-t-elle elle aussi, et tous ces phénomènes pénètrent-ils en son champ ?

La grandeur de la sincérité, les honneurs dus à l’authenticité, la valable destinée appelle les âmes qui, dans le désordre savent et osent voguer. Car – l’ignoriez-vous ? – le futur aide les natures préparées à s’échapper de la cellule ; il comble de faveurs l’être prêt à sombrer, à jaillir – à supporter, à se réjouir : le coeur qui se dresse, le digne mât qui pointe vers l’empyrée… la créature disposée à combattre, à jouir… La créature faisant le choix d’exister… »

À ces paroles, dérangées dans leur sommeil, éblouies par les éclairs, le soleil, l’indicible clarté, d’innombrables âmes sursautèrent. Mais, plus tard, à leur « réveil », peu d’entre elles comprirent ce qui s’était réellement passé.

Classé sous :Journal

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