• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

  • Accueil.
  • Auteur.
  • Journal.
  • Newsletter.
  • Contact.
  • Archive.

Archives pour mai 2016

La vie dans les cordes

La vie dans les cordes

10 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / BoSecher

 

1

Le vent neuf

On attend un vent neuf sur toutes ces hautes plaines,

Le souffle du réveil, un air frais qui soulève,

Une vague déversant ses ondes sur les peines

Un esprit rétabli : cet esclave qui se lève !

 

2

Constrictor

Tous ces organes ne doivent-ils pas songer à battre,

et tâcher de se débattre,

en vue de fuir au plus vite le péril imminent, intérieur,

la lignification latente, en devenir –

le mal constricteur ?

 

3

Douleur et Couleur

Il est cette insoutenable douleur,

Celle qui obscurcit, mine – endort tout à fait et annihile ;

Et cette autre, qui invite les lumières,

Excite et renforce la vie –

Qui encourage l’éveil,

Et ranime l’âme multiple et forte.

 

4

La vie dans les cordes

La froideur du hasard gèle les existences non préparées :

ces muances prises au piège, ces ombres égarées,

ces flammes devenues étrangères à leur propre assurance, à leur propre feu,

ces âmes pétrifiées qui de la chaudière se sont éloignées peu à peu,

ces danseuses ayant désappris ce qu’est le mouvement et comment vibrer –

toutes ces cordes vocales ne sachant plus chanter.

 

5

L’oeil qui brille

A-t-on suffisamment nettoyé le grand oeil,

L’oeil esthète, l’oeil avisé, l’oeil enjoué,

Pour espérer déceler le beau dans le laid,

La sérénité dans le tumulte,

La joie dans la misère –

Pour déterrer les vérités, dans les mensonges,

Le précieux, dans les rivières aurifères ?

Classé sous :Journal

Mouvement brownien

Mouvement brownien

9 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / berdsigns

 

1

L’entonnoir

Tu, me dis-tu, façonnes un destin singulier.

L’examen, le devoir, ne vont point résister :

Ta soif de réussite est forte, brûlante,

Ton désir de pouvoir, sûrement, s’impatiente,

Ta Voix hurle et son or et les honneurs, la gloire.

Dans l’immense miroir, ruiné en l’entonnoir,

Parmi les illusions, doucement tu progresses :

Tout maintenant s’envole, et l’âme et la jeunesse.

 

2

Mouvement brownien. — La vie d’un homme est celle d’une minuscule larme, faisant l’expérience inouïe d’une chute tout à fait irrégulière, sous l’effet, quant à lui régulier, de la gravitation, du Temps. De l’extérieur, l’existence évoque l’histoire de cette plume qui, chancelante, tanguant au sein des vents, s’enfuit néanmoins verticalement en direction du sol ; mais à l’intérieur, l’âme est cette embarcation ballotée au milieu de la tempête, filant désespérément dans les tourments.

 

3

Les aqueducs et le jardin. — Âme esseulée, âme égarée, âme sombre, crois-tu encore aux promesses de la vie ? Crois-tu en la présence de ses eaux d’une richesse prodigieuse, qui circulent dans les aqueducs de ton cœur ? Je te prie en grâce de te rendre un service. — Ne méprise pas la substance informe, l’ébullition, le chaos qui grandit en toi, et cela, ne l’échange pas contre l’ordre, la sécurité, la norme extérieure — ne troque pas tes trésors contre des chimères, ne laisse pas l’extérieur envahir ton monde intérieur. L’arbre qui croît en toi, cet arbre de la liberté, cet arbre de vie, réclame le plus grand soin. Lui refuseras-tu ses possibilités, ses opportunités, ses développements futurs — lui accorderas-tu une chance ? Le jardin implore l’assistance de son Dieu, l’amour du jardinier. Ce présent, le plus essentiel, peut et doit être offert. — Le feras-tu ?

 

4

État de la question et état de choses. — Quel état permet d’être au plus proche de la vérité, de la réalité, de la vie ? — Je l’ignore. Mais, ce que je sais ? — On se satisfait, ordinairement, des interprétations, des erreurs, des jugements les plus effroyables. La surface des consciences, cet évier géant, n’est pas difficile sur la nourriture : le trou avale tout. À l’approche des eaux les plus sordides, du danger, du funeste les esprits ne gagnent pas le large !… Ils meurent de soif et, — ils courent à leur rencontre !

Classé sous :Journal

Travail, sacrifice et manège

Travail, sacrifice et manège

9 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / mocoo

 

1

Travail, sacrifice et manège. — L’individu sacrifie habituellement sa santé, son temps, sa vie en un emploi qu’il abhorre, et cependant l’épanouissement de son esprit, l’anoblissement de sa pensée, l’élévation de sa destinée sont parfaitement laissés de côté. Il y a un aveuglement terrible, dans cette vision de l’existence qui s’accorde avec l’orthodoxie ainsi que dans la recherche de la « grande » utilité au détriment de la personnalité. Et ce sacrifice — « Sacrifiez l’âme ! “Sacrifiez Iphigénie1” ! » — a lieu aussi bien au sein du travail manuel que du travail intellectuel. L’ouvrage même importe ordinairement peu : ce qui compte, aux yeux de la bête, c’est le labeur, c’est le sentiment d’appartenance, c’est la persévérance à l’intérieur de sa propre destruction. Terres mentales, ou bien terres concrètes : voici vos bêtes de labeur ! Toutes ces conditions condamnent généralement les enfants des peuples à environ quarante ans de travaux forcés ; ce qui, eu égard à la durée moyenne d’une vie, signifie : à perpétuité ! « Les mécanismes sociétaux doivent être protégés », entend-on, et cela requiert mercenaires, engagés volontaires — et involontaires ! Tout ceci est patent : il est un instinct de conservation de la vie physique, mais, ce qui manque, c’est un gardien pour l’individualité, un égoïsme tenace pour la conservation totale, — une égide pour la singularité. Mais,                  « égoïsme » : quel mot ne vient-on pas d’employer ! Et puis, « il faut produire », dit-on… On appelle manège, l’art de dompter un cheval, et travail, les exercices nécessaires à cette fin. Et c’est bien de ça dont il s’agit, dans nos cultures qui, à force de tournoyer dans la folle insouciance, donnent le vertige : d’une vaste attraction, d’un formidable manège !… D’une pieuvre géante et, — cannibale !

 

  1. Jean Racine, Iphigénie.

Classé sous :Journal

L’écoute

L’écoute

8 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / wacomka

 

1

L’écoute

L’âme depuis longtemps est négligée, honnie :

Toujours on court partout, on délaisse le nid.

Aveugle à sa lumière, et sourd à son secours,

L’être, las ! se développe éloignée de l’amour.

Mais par bonheur l’essence habite la patience,

À qui souhaite l’éveil, elle révèle sa présence ;

En ces contrées obscures, elle libère ses senteurs :

La nature réveillée fuit la triste sombreur.

Tout vient, émerge, croît, sur toutes les routes :

De bien belles choses arrivent avec le temps, l’écoute.

 

2

Curieuse disposition. — On dispose du sort d’autrui, cela est très ordinaire. Mais combien de femmes et d’hommes connaissent et usent du moyen de posséder leur volonté : de disposer de soi ? Ce monde est peuplé d’esclaves, et ce fait, cette réalité, est largement ignoré. Des conditions de sa propre existence l’individu semble se moquer. Les fonctions et les structures sociétales ont produit l’avènement de l’homme-machine, et l’heure est venue d’assister à l’infâme spoliation : du temps accordé à chaque existence, des possibilités de rêver, du désir de s’individuer, du mouvement vers la croissance. On dispose des hommes, comme on dispose des objets : en rangs, en cercle — la table des consciences est disposée pour les vastes banquets, pour les banquets… royaux. De nos jours, le terme esclave semble avoir perdu sa force évocatrice : on a oublié sa signification. L’homme moderne a su jusques à aujourd’hui se disposer à la nature aliénée, opprimée, – captive. C’est sa vie même qu’il n’a plus à sa disposition. Mais, tous ces ennuis, tous ces soucis : qui s’intéresse encore à tout ceci ? « Si je puis vous être utile, disposez de ma chair vive, de ma conscience morte, des restes de mon âme »… — Le pauvre mortel propose et la pauvreté d’esprit dispose.

 

3

Les bouches

Ils croient que tu es perdu, ils te conseillent !

Voyez toutes ces belles paroles, toutes ces volontés attentionnées !

Qui jamais elles-mêmes ne se sont cherchées,

Qui jamais donc, ne se sont trouvées,

Et qui ne savent pas que, toi,

Au sein des courants, dans les incertitudes,

Parmi le bouillonnement, au milieu de la multitude,

Tu t’es installé, et qu’à toi-même,

Tu t’es décelé !

Les bouches ne peuvent s’arrêter : les flots sont intarissables ! —

Ainsi, sois compatissant !… Laisse-les donc !…

Classé sous :Journal

Normalité et anormalité

Normalité et anormalité

6 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / ImageGap

 

1

Le Quoi et le Pourquoi

L’aiguille vibre dans ton âme troublée.

Elle avance, implacable dans la constance,

Cependant que ta vie promptement recule : la fugitive !

Et durant ton voyage tu te demandes,

Ce que tout ceci peut bien vouloir dire :

Tu interroges le Quoi et le Pourquoi !

Et durant tout ton séjour, croissent en la goutte des secondes,

Toutes ces choses insoutenables, infinies, insondables :

Tes erreurs et tes errances,

Tes peurs, tes doutes,

Tes joies, tes peines,

Tes rires, tes pleurs,

Tes espoirs et tes désespoirs —

Ce point d’interrogation porté par ses instincts,

Cet être emporté par les vibrations,

Cette plante qui s’anime, oscille et tâche de se dresser.

 

2

Lame

Toi ! Sais-tu ce que tu es ?

Tu brilles, tu piques, tu tranches,

Mais ta nature, tu l’ignores encore !

Dans ton souhait de préserver les choses et les êtres,

Tu t’évertues à aplanir ta pointe,

À abîmer ton tranchant.

Mais en faisant cela, tu ne fais honneur

Ni aux choses, ni aux êtres, ni à ta nature !

Quand donc te rendras-tu à l’évidence ? —

Tu possèdes la destinée du fer ! —

C’est lame que tu es,

Lame que tu deviendras !

 

3

Normalité et anormalité. — Tu crois que l’évidence est un plat goûté et aimé par l’ensemble des consciences. Tu penses que tout ce qui exalte le monde, le fait trembler, l’ennuie, le révolte est présent à l’identique en chaque esprit. Mais, mon ami, ne vois-tu donc point combien de réalités sont inconnues du nombre, combien de vérités sont rejetées par les hommes ? L’énergie qui remplit ton cœur, les saveurs qui passionnent ton palais, l’exigence qui habite ta pensée, peux-tu encore songer que les mêmes existent chez tes « semblables » ? Le moment n’est-il pas venu de prendre conscience du raffinement, de la hauteur, de la noblesse, de la liberté — de tous ces vents qui soufflent dans tes veines et qui excitent tes voiles —, et de réaliser que tu ne les trouveras probablement pas, bien que tu t’obstines ordinairement à les y chercher, possédant la même intensité dans le sein de tes frères, de tes sœurs, de ton « prochain » ? Certes, il t’est possible de toujours espérer — le hasard dépose parfois sur les routes, des âmes véritablement proches, et des bras humides se rejoignent parfois dans la nature ; cependant aie constamment à l’esprit ceci, et la société dans laquelle tu es amené à respirer t’en sera profondément reconnaissante, et ta vie grandement facilitée. — Ta normalité, bien souvent, pour autrui, constitue et constituera le parfait exemple de ce qu’est l’« anormalité ». Ainsi, ne doute jamais de la présence de l’abîme, de la différence qui sépare les êtres, de la distance qui s’étire entre les prochains à moins que tu ne veuilles trébucher à coup sûr, t’illusionner à coup sûr, sombrer à coup sûr…

Classé sous :Journal

Touche en six lettres

Touche en six lettres

5 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / artpustovit

 

1

Les couleuvres

Son Éminence l’Ignorance

Aussi bien que Sa Gracieuse Majesté la Reine de Bassesse

Se figurent pouvoir distribuer de bien belles et bonnes paroles.

Et le vulgum pecus leur donne raison :

Les oreilles se dressent, charmées comme le serpent,

Et elles avalent tout — même des couleuvres.

 

2

N’importe lequel 

« Mon fils, trouve-toi donc un travail,

N’importe lequel !

Pourvu que tu fasses tel le monde,

Que tu te donnes bien de la peine,

Que tu perçoives le doux salaire,

Que tu aies ta subsistance ! —

Oui ! Et à défaut de sève, tu boiras des larmes,

À défaut d’aisance, tu acquerras les fers,

À défaut de gaieté, tu habiteras… ta misère ! »

 

3

Delà

Vous vous imaginez qu’il se baigne dans une rivière de suffisance.

Vous le méprisez parce que vos yeux le voient entouré par de grands airs.

Mais votre dédain n’effleure pas même ses ailes,

Car, déjà, il plane dans les hauteurs :

Au-dessus des considérations communes,

De vos erreurs,

De votre aveuglement,

De vos jugements, —

Au-delà du trouble dans l’oeil,

Par-delà la mare fangeuse —

Delà.

 

4

Le verbe

Mes mots ne sont pas seulement projetés par ma tête :

Mon âme, mon être, eux aussi veulent participer à la fête.

C’est ainsi que le verbe se fait éclat, enfant du cœur ! —

C’est en des explosions, que mes traits naissent, touchent et meurent.

 

5

Touche en six lettres

Les touches s’animent sur mon clavier et se meuvent, les joyeuses !

Elles s’enfoncent, elles se relèvent : elles rient, elles sont remontées !

Elle s’amusent, sautent, se jouent des plus beaux maux et des pires joies –

C’est l’intensité multicolore qu’elles choisissent pour demeure !

Mais en grandissant, elles deviennent naïves !

L’énergie du naturel, l’élégance spontanée les quittent,

Et la grâce ainsi que la légèreté de leurs petits bonds,

Peu à peu, se dégradent et s’évanouissent :

Elles s’attachent au regard des autres, les malheureuses !

Elles oublient et leur œil intérieur et ses battements libres ;

Obsédées par les appréciations étrangères,

Elles s’aplanissent, elles désapprennent de vivre.

Mais, petites, sottes ! en six lettres, ne savez-vous point

Que votre timidité et votre méfiance n’étaient pas fondées,

Que dans le charme où jadis vous évoluiez,

Personne ne vous voyait ?

Ceci écrit, sachez-le, – pour jamais !

Classé sous :Journal

L’Exil rieur

L’Exil rieur

4 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Ronald van der Beek

 

1

La nappe d’or

L’océan des délices déjà se prépare,

À recevoir ses invités inédits, ces âmes neuves,

Ces seigneurs des mers, ces palais éduqués,

Hissant des voiles fraîches, naviguant comme jamais,

Vers les augustes tables, les plats altiers,

Vers les royaumes fins, les sphères tout autrement raffinées —

La nappe d’or est mise ; elle attend ses convives…

 

2

Le silence du géant

A-t-on déjà ouï un arbre émergent

Se demander où aller et par quels moyens ?

C’est silencieusement, et sereinement,

Qu’il exprime sa sève, qu’il libère sa nature,

Qu’il escalade les degrés invisibles, les obstacles, les montagnes,

Qu’il se dresse sur la pointe des pieds —

Qu’il parcourt les espaces et envahit le futur.

 

3

L’Exil rieur

Regardez !

Ce bonobo, perdu au milieu des chimpanzés,

Cet artiste, ignoré de la multitude,

Cette plume, noyée dans la mer noire,

Cette petite fille, égarée dans la cour de récréation

Cet homme, exilé parmi le cortège funèbre,

Ce canard, envoyé à tous les diables,

Car les voilà ! saisis par le grand Rire, libérés !

Qui sur les pleurs, les souffrances, les ennuis, dansent désormais !

L’absurdité du monde, à leurs yeux humides s’est montrée ;

Et avec elle, la main dans la main maintenant,

Ils badinent pour jamais !

 

4

L’onde moutonneuse

N’aplanirez-vous point cette onde moutonneuse

Qui en vos consciences fait fuir la bienheureuse ?

À cet enfant joyeux offrirez-vous les soins

À sa santé cruciaux, à son humeur adjoints ?

Ou le laisserez-vous tout avaler, périr :

L’ensemble du poison le happer, l’engloutir ;

Dans ces propres larmes, mourir des propres lames ?

Classé sous :Journal

« Page précédente
Page suivante »

Copyright © 2025 Espritetliberté.com · Tous droits réservés . No Sidebar Pro On Genesis Framework