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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour mai 2016

Les sauts

Les sauts

16 mai 2016 par Vincent PAYET

1

Les Démons de l’Erreur et les Possédés

« Ceci est ma tasse, cet animal mon chien, cet être mon bébé, cette femme ma femme. — Ah ! que tes possessions sont considérables ! que tes êtres et tes choses sont innumérables ! que ton empire est vaste, interminable ! Les possèdes-tu vraiment ?… Vraiment ?… »

2

Les sauts

Ce qui pousse l’individu à verser sa vie dans un emploi quelconque ? — Le salaire, certes, mais aussi la peur de l’ennui, la honte d’être considéré comme une personne inutile : un oisif, un parasite, un superflu. Mais, quelle valeur a une fonction éloignée des inclinations et une rémunération qui engloutit l’enthousiasme, l’en-vie ? Quels intérêts est en mesure de générer un tel placement des énergies individuelles, lui qui invite à côtoyer le trou hideux, la grande et éternelle dépression ? Et quelle folie peut bien inciter ces êtres à noyer, à abîmer leur âmes dans une activité qui n’a que faire de leur état ni de leur physiologie, de leur nature ? Existe-t-il pire aveuglement, pire écueil que cet automatisme qui les rapproche, et chaque jour davantage, de la vacuité, de l’inanité, du cruel et profond ravin qui constamment se sent déshydraté ? Quand les volontés se lèveront-elles en accompagnant les pleurs d’une Aurore nouvelle : avec le désir d’éprouver, simultanément, et la sueur et la récompense ? Car en effet, actuellement, le labeur ingrat leur rapporte, et même énormément — énormément de peines, énormément d’infortunes ! Le spectacle est insupportable, la mauvaise fortune fort répandue, mais qu’importe ! — peut-on exiger d’une pièce qu’elle ait conscience du mécanisme, et plus encore, qu’elle le remette en cause ?! Peut-on raisonnablement attendre d’elle — de cette droguée prise dans les vapeurs de la grande locomotive — un sursaut, un réveil : un éveil, et, hors de son orbite implacable et insensée… un saut ?!

 

Photo © iStockphoto.com / selensergen

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Les sources et la cime

Les sources et la cime

16 mai 2016 par Vincent PAYET

1. Les sources et la cime.

L’esprit visualise l’objectif à atteindre : la cime. Parfois située à une hauteur remarquable, il pense pouvoir l’atteindre sans trop de difficultés, avec le secours des ailes de son désir. Mais celui-ci est fréquemment artificiel, superficiel : le fidèle sujet n’a pas pris le temps de sonder son âme en profondeur, de se poser les « bonnes » questions, de se mettre en quête des réponses valables ; il a attrapé une intention commune, une convention vulgaire ! — le chat a attrapé la malheureuse souris !… ; et la voilà maintenant qui pose ses premiers pas, ces petites pattes éperdues, sur ce chemin qui jamais ne cessera de s’étirer et de l’éloigner d’elle-même. Parmi ces conditions atmosphériques épouvantables, comment la voie « choisie » pourrait-elle ne pas lui paraître insurmontable, et la pente ne pas lui sembler insoutenable ? Un but qui a un sens, réclame une énergie prodigieuse, laquelle ne peut provenir que de sources intérieures qui ignorent l’âpre mensonge en se baignant dans la douce authenticité. Ce n’est que par l’entremise d’une force élevée et constante, et en produisant un « travail » régulier, que les lourdes jambes psychiques, celles de la volonté, se meuvent avec aisance et se renforcent, — et qu’une ascension efficace, par les chemins de la maîtrise, se développe, s’opère… est à l’« œuvre » et fait œuvre. Le sommet impose la présence d’une grande force de caractère. Oui, mais ce qu’on oublie habituellement, c’est de partir à la recherche de ce caractère, afin de le mieux connaître, de le transformer, de le renforcer et, pendant tout le cours de l’immense effort que requiert l’existence pour fleurir, de pouvoir s’y abreuver : y étancher cette soif, cette soif sincère… sa vraie soif.

 

2. Les murmures infatigables.

Il est les rois et les esclaves, les princesses et les catins, les hommes et les bêtes, les vérités et les mensonges, le laid et le beau, le comique et le tragique… En réalité, tout cela n’était qu’un songe : des interprétations, jugements, mots, sons, émotions, sentiments, perceptions… illusions — des murmures infatigables, des ondes étranges, des oscillations humaines flottant au gré des courants du monde… dans ces espaces célestes neutres, dans ce Cosmos, dans cet éther indifférent au ridicule, aux rumeurs, à la musique des humains… à la Terre.

 

Photo © iStockphoto.com / NataliaZelenova

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Le plus rapide

Le plus rapide

14 mai 2016 par Vincent PAYET

 

1. Le plus rapide.

— A : Comme vous êtes lent, monsieur ! Vos neurones sont-ils en grève ? L’influx nerveux demeure-t-il dans les embouteillages, au milieu d’une autoroute parfaitement lisse ? — B : Peut-on être aveugle à ce point, à tout ce qui se passe en soi et dehors, à la chaîne des conséquences de ses pensées et de ses actes ? Est-elle bien réelle : cette totale ignorance de la complexité inhérente à la nature des êtres et des choses, cette extraordinaire méconnaissance de la multitude des données à considérer, ce cruel et singulier état d’indifférence à l’égard de ce qui est essentiel, de ce qui est grave ?

« Quand on prend en compte l’ensemble des paramètres, écrit Josef Schovanec, effectivement, la prise de décision prend plus de temps1. » Soit ! mais encore faut-il, en avoir conscience !…

 

2. Les respects et les métamorphoses.

Ce que l’individu réalise pendant son temps de travail, mais aussi, avant et après, forme considérablement ce qu’il est, et ce qu’il devient. Les propriétés individuelles, qui confèrent à l’être son essence, modèlent et influencent ses inclinations, ces goûts et ces choix. Toutefois les pensées et les actes façonnent à leur tour, au sein de cette boucle étonnante, sa nature profonde. De tout ceci découle une véritable nécessité de maîtriser son énergie mentale afin que celle-ci ne se dilapide pas en des activités, en des actions stériles, voire encore pires : en des comportements abêtissants et destructeurs. Le cerveau — ses structures, sa matière — évolue ; l’esprit se transforme, perpétuellement. Ainsi, il est un impératif que toute personne devrait « s’offrir », et cela, en vue d’accroître la liste de ses propres bienfaits, mais également celle d’autrui : sa responsabilité — à l’égard de la qualité de l’expérience vécue, du genre des changements, de la valeur de ses propres métamorphoses. En somme, ce qui lui est demandé de rendre, à ce mammifère plantigrade, au cerveau « très » développé ? — Des respects inouïs… à lui-même, et aux autres.

 

  1. Josef Schovanec, Je suis à l’est ! (Plon, 2012), 122.

Photo © iStockphoto.com / Makkuro_GL

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Le Grave ou l’insoutenable Légèreté des cœurs

Le Grave ou l’insoutenable Légèreté des cœurs

13 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / dimapf

 

Notre époque voit ses consciences ignorer l’attitude sage, prudente et digne. Tant de paroles sont lancées, sans réflexions qui les portent, de mots sont posés sur le papier et sur la toile, sans forme ni consistance, d’idées sont colportées, sans véritable examen, sans qu’y soit présent le moindre questionnement, le moindre doute — le ciel actuel de la culture est piqué des cerfs-volants fous, lesquels tantôt s’agitent, tantôt s’écrasent. Tout s’accélère, et veut s’accélérer toujours davantage ; le pouls du monde se déchaîne, le pauvre sang, désoxygéné, se débat comme un forcené, contre la noyade  : l’aorte effarée, observe impuissante la misère envahir les organismes. La matière, la pensée et le style grave ne sont plus considérés et, par voie de conséquence, sont négligés, — car n’étant plus suffisamment rentables. On se moque des choses importantes, profondes, tandis qu’on s’intéresse au frivole, au superficiel ; on a oublié et le bien rire et la mine grave : on ne sait plus distinguer par la valeur les choses, j’entends par là qu’on ne sait plus « placer l’accent » sur ce qui compte véritablement. « Nous devons, comme l’écrit Rilke, nous mettre du côté du grave […] qu’une chose soit grave doit être pour nous une raison de plus de la faire1. » Ainsi, au sein du tumulte, une voix devrait se lever : « Qu’est-ce que le grave ?! Et où réside-t-il ? » — mais, qui se pose ces questions ? Les lamentations des peuples étouffent dans l’aigu, mais quelle âme écoute encore ? Aujourd’hui, le Grave ne fait pas le « poids » face à la massive Insouciance, face à l’épaisse Futilité : le temps est par trop lourd et les hauteurs foncées et encombrées, pour que les hommes puissent apercevoir ses doux rayons. Les plaintes, accompagnant l’ère nouvelle, montent en nuée dansante au-dessus des têtes, et cependant la dignité, quant à elle, possède une densité encore trop faible, pour être en mesure de descendre avec assurance et de reposer, telle une fière colonne de marbre, sur le tréfonds des cœurs.

 

  1. Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (Librairie Générale Française, 1989), 70.

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Réalisation

Réalisation

12 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Panmaule

 

1. Demain ?

Depuis que le monde est monde, l’homme qui ouvre l’oeil voit, défiler devant lui, les jours et les nuits. Aujourd’hui, lui est offert ; demain, se tient dans la promesse. Puis la promesse est tenue : demain est passé. Mais, songe-t-il que, de maintenant à l’aube qui s’apprête et paraît, il est un battement de paupières, ou bien il y a loin ?… que certaines danseront dans le noir, tandis que d’autres se fermeront pour jamais ?— Se figure-t-il, régulièrement, habitant les êtres et les choses, la permanence et la fugacité, entre ici et la prochaine clarté, le mouvement des ailes ou son absence : l’éphémère et l’abysse ? Les journées trépassent sans qu’on y prenne garde. Sans cesse, on remet au lendemain, mais : demain, peut être, — ou peut-être pas.

 

2. Évacuation.

Peut-être pourrait-on encore tolérer une aristocratie de la pensée, mais une oligarchie folle ? une ploutocratie aveugle ? — l’aristocratie de la « haute » finance et du pouvoir ? On cherche l’amendement là où, la démolition est nécessaire : parfois, la survie d’un système, comme celle d’un organisme, et même lorsqu’elle a trait à l’économie du corps social, réside, non pas dans les réformes, mais dans les ruines… dans les cendres ! Le problème ? — Les sociétés s’efforcent, généralement, de conserver un grand nombre de ces choses qui portent en elles la décadence, le déclin, qui veulent les perdre, et cependant elles tâchent de se débarrasser des prétendues menaces pour sa « sécurité » et son « harmonie ». Les malades désirent garder le mal… et souhaitent évacuer le remède ! — Savent-ils que, quelquefois, le « remède » est pire que le « mal » ?

 

3. Réalisation.

Les esprits pénètrent à l’intérieur d’un domaine et, face à tout ce qui a été réalisé et tout ce qui peut être réalisé, prennent promptement conscience de leurs propres faiblesses. Très souvent, affligés par ce qu’ils nomment leurs « déficiences », par les insuffisances, ils renoncent à poursuivre leurs efforts, à honorer le vrai travail : les Volontés baissent les bras ! Combien de personnes sont capables de s’immerger dans leur champ de prédilection, de ne faire qu’un avec l’objet choisi ? Combien ont les moyens d’y éprouver et la perte de la notion même du temps et l’enthousiasme qui croît en elles ? — En vérité, la plupart. Toutefois qui s’évertue pour rechercher son élément et y ressentir cet état qui fait flotter au-dessus de l’écume des lieux et des instants ? — Qui œuvre pour cette condition, laquelle seule, permet les grandes réalisations, les grandes œuvres… seule, est en mesure de justifier l’entreprise, la tâche et la voie ?

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Accident mortel

Accident mortel

11 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / in.focus

 

1. Accident mortel.

Il y a cette grande table. À sa surface : des microcosmes grouillant, une multitude de fourmis en pleine effervescence. Au-dessus, dans les hauteurs, courant dans l’air : une gueule si avide, une main tellement lourde — une menace planante. Soudain, un cœur cède, une âme s’envole en poussière, — emportée par l’oubli. Que s’est-il passé ? — La divine Gorge, assoiffée et rieuse, a fait venir à ses pieds la coupe de nectar, et, dans ses grandes réjouissances, elle a posé délicatement son verre écrasant… sur une minuscule tête ! Grâce à cette faveur, venue du ciel, d’autres petites bêtes se réjouissent maintenant : d’autres créatures, d’autres réjouissances, d’autres mouvements — ce sont les vers qui grouillent à présent !

 

2. La tête et l’oreille dures.

Les hommes prêtent une oreille attentive à certains sons, à certaines paroles, à certaines vérités, croient les comprendre, puis les oublient. — Un problème initial d’organe donc : un problème… d’entendement…

 

3. La meilleure réponse possible.

Il est des questions, des individus, des propos, des ennuis auxquels, il n’est permis qu’une seule bonne réponse : le silence… Que dis-je, mieux : l’indifférence !

 

4. Concrétion existentielle.

La tâche cristallise cette existence éparse et molle. Elle lui donne une consistance, une forme, une direction, une netteté. Au cours de ce processus, en cette concrétion existentielle, c’est l’avenir lui-même qui, informe et vaporeux, s’épaissit : tout s’agrège, s’embrasse, — prend corps… Le songe et la réalité, le futur et le présent, l’esprit et le monde se rencontrent, se prennent la main et courent ensemble — vers le même objet, dans le même enthousiasme, sur le même chemin… — Une clarté jaillit, des vœux se réalisent, un dessein s’accomplit.

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Les belles nuits et les beaux jours

Les belles nuits et les beaux jours

10 mai 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / zacky24

 

1

Les belles nuits et les beaux jours. — Il y a trouble de la raison lorsque l’individu persévère dans les activités néfastes, demeure à la cruelle nocivité ; lorsqu’il permet à une idée, un comportement, une habitude, un caractère dévastateur de s’emparer de son royaume ; lorsque son intégrité est négligée, délaissée, abusée ; lorsque l’on voit une déperdition immense des énergies (physiques ou morales) individuelles ; lorsque la croissance, la libération de la puissance, l’épanouissement des personnalités, la prodigieuse floraison des âmes est entravée, paralysée, étouffée.

Si l’on avait véritablement conscience de tout ceci, si l’être prenait vraiment soin de lui-même, il s’offusquerait de toute cette folie, et il tâcherait, à son tour, de contrecarrer le dérèglement de sa physiologie en s’armant d’une indignation sans précédent contre ces désordres, ces maux, ce mauvais temps — ce noir attentat à la vie.

Mais, pour qu’il y ait révolte, cela implique une indignation, laquelle requiert la venue, sur la scène éclairée des esprits, de ce qui est automatique et répété ; compte tenu des circonstances, on attendra encore un moment le grand soulèvement à l’intérieur des théâtres : la grande salle ignorant encore la lumière, la folie et l’anéantissement, ces deux créatures des ténèbres ont encore de belles nuits, — de beaux jours devant elles.

 

2

Vivre. — Et même si la vie n’avait pas de sens, cela voudrait-il dire pour autant qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue ?

À force d’attendre les jours meilleurs, une fortune favorable, un sort propice : que la vie s’offre en présent à lui, c’est lentement mais sûrement que l’homme se donne la mort.

Dans l’instant présent, il se consume de chagrin et de remord ; et, en l’avenir, il dépose ses désirs, ses rêves, ses espérances — « demain sera un jour meilleur », se dit-il constamment, les yeux débordants de larmes et d’illusions.

Ne devrait-il pas plutôt s’évertuer à chercher, et à trouver, aujourd’hui, dans le maintenant, son tendre mouchoir, son baume, sa succession d’enchantements ? Quand il s’agit de Vivre — c’est-à-dire de considérer l’existence, non pas comme une Défaite, mais une Victoire —, doit-il, toujours, tout remettre au lendemain ? N’y a-t-il pas, pour ceux qui savent la Voir, tapie au fond des êtres et des choses, à la fois les plus ordinaires et les plus extraordinaires, une source de fraîcheur, de réconfort, de joie — une fontaine jaillissante, une fontaine infinie ?… Une eau claire et inépuisable, qui n’attend que d’être considérée, côtoyée, — éprouvée ?

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