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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour avril 2016

L’insolence

L’insolence

8 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / ojogabonitoo

 

Il y a de l’insolence, dans ces lois cruelles que l’on croit justes…

Une insolence rare, au sein de cette attitude méprisante, de cette posture insultante, de ce luxe qui enrichit les sociétés et appauvrit les esprits, de cet oubli des tristes délaissés, des sans-logis, des miséreux ; des miséreux vivant dans la faim, exilés des coeurs, au plus profond des poubelles, errant dans leur patrie désorientée et titubante : parmi cette humanité affairée, ces villes abandonnées, ces consciences vides, creuses, mortes – ces corps désertés, puants. – Une insolence, de la part de ces personnes inférieures, et qui osent se plaindre !

De l’insolence, dans ces pensées obsédantes : ces souvenirs, ces craintes frivoles, – ces futilités habitant même les maisons les plus hautes, aux toits les plus évasés, et troublant le calme, l’harmonie, la sérénité des lieux.

Une insolence exécrable, dans ce regard social qui méprise les « étrangers », la peau contenant « trop » de mélanine, l’« inversion », la « gent féminine »…

Une insolence inouïe des patrons envers leurs employés, des personnalités politiques envers les citoyens, des grandes sociétés mutinationales envers les peuples, de l’Homme envers la planète, de l’humain envers l’humanité.

Ressent-on cet air, ce gaz, ces bourrasques d’insolence qui giflent et les visages et les âmes, qui exaspèrent, désespèrent, qui sourient et traitent les êtres avec une audace insupportable ? A-t-on conscience de ce vent se levant et crachant son injure à la face de l’indignation, à la face de la timidité des fronts se redressant ? Songe-t-on à l’offense faite à l’honneur, à l’horreur faite à la défense ?

Les grands pieds s’essuient, piétinent les humbles têtes. À cette horreur sans nom, à ces abus manifestes, à cette arrogance extravagante, à ces soufflets donnés simultanément à la raison, à la justice vraie et à la dignité… à cette bêtise démesurée, les « petits » – ces immenses âmes ! ces géants ! –, opposent des digues, une égide, des forces et des lames autres, des troupes nouvelles : la hauteur du respect, la force de la retenue, la puissance des valeurs… la foudre de leur valeur.

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Conditions initiales et lois physiques fondamentales

Conditions initiales et lois physiques fondamentales

7 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / ARTQU

 

Toi, mortel, quelle place accordes-tu aux lois générales qui gouvernent la nature ?

Comment te figures-tu les concepts de libre arbitre, de volonté humaine et d’intervention divine ?

Est-il possible que tu puisses encore adopter cette doctrine « qui considère l’homme comme le centre de référence de l’univers1 », cette idée jadis rejetée par certains penseurs de la Grèce antique : cet anthropocentrisme suranné ?

Et quand t’arrêteras-tu de conférer la vérité absolue à toutes sortes d’affirmations, sans te donner la peine de te poser la question de leur vérifiabilité ?

Les consciences sont des systèmes complexes, évolutifs. Elles sont soumises à certaines lois, lesquelles, en fonction des « conditions initiales », les orientent, les manipulent, les transforment. L’individu ne peut influer sur certains principes gravés dans le temps et dans l’espace qui l’enveloppe(nt) ; mais songe-t-il que par sa culture, par son éducation, par sa connaissance des choses, en somme, par les idées qu’il laisse régner dans son cerveau, il est en mesure de se rendre acteur – de modifier, à chaque instant de son existence, l’état du système ?

D’aucuns arguent avec raison qu’il se peut tout à fait que « nous ne soyons que des machines biologiques et que notre libre arbitre ne soit qu’une illusion2 » (Hawking et Mlodinow). Néanmoins l’homme doit-il, comme une conséquence, se laisser emporter par la paresse, la médiocrité, la bassesse ? Sa révolte, son désir, la grandeur tapis dans son âme ne lui intiment-ils point, au contraire, l’ordre de « tenter » de bâtir un édifice toujours plus solide, plus vigoureux, plus majestueux : une vie sans cesse plus haute, plus saine, plus gaie, une expérience de la vie plus « vraie », une conception de celle-ci plus proche de la réalité, des lois physiques fondamentales éloignée de l’erreur et du mensonge, comme elle peut l’être davantage ?…

 

  1. Dictionnaire Trésor de la langue française informatisé (TLFi), disponible sur 

    www.cnrtl.fr/lexicographie/anthropocentrisme.

  2. « Il semble donc que nous ne soyons que des machines biologiques et que notre libre arbitre ne soit qu’une illusion. » Stephen Hawking et Leonard Mlodinow, Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ? (Paris, Odile Jacob, 2011, 2010), 42.

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La citadelle

La citadelle

6 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Lampochka

 

Des êtres qui envahissent la planète par milliards ; des ordinateurs qui emmagasinent toutes les traces ; des industries qui explosent ; une évolution qui s’émancipe de la biologie, croît et croit participer au « bien » de l’espèce humaine ; des consciences assiégées par la douce illusion du sentiment de sécurité, par la doxa, par les évaluations ordinaires des choses, par les limitations arbitraires, – réduites en esclavage, en poudre, en cendres, en poussière : quelle scène étonnante, amusante, détonante ! Quels caprices ! quel coup de bélier ! quels coups du sort !

Dans le grand théâtre, à la surface du globe comme des têtes, les individus, prétendant parfois fuir la Sottise et la Destinée, s’éloignent en ligne droite, telles des fusées alarmées, dans la direction opposée ; mais, la forme des sphères et des âmes étant ce qu’elle est et les deux ennemies demeurant fermes dans une immobilité et une patience parfaites, aussitôt partis, ils les voient, de l’autre côté, – en face ! fondre sur eux la dague haute !

Contre la folie des hommes, contre ses remparts et ses fossés sans limites, « les Dieux eux-mêmes1 », s’échinent, perdent la foi, désespèrent, faillent… forcés de contaster que, cette déraison humaine, sur l’échelle des infinis, occupe un degré qui les dépassent : une marche, un niveau, un échelon – supérieur.

Mal leur en a pris, en vérité, de se penser « au-dessus », de se considérer avant l’heure comme du plus terrible des maux les plus illustres vainqueurs : la redoutable citadelle résiste et le fera toujours – elle est incroyable, elle est formidable, elle est… imprenable.

 

  1. Dans Les Dieux eux-mêmes, Isaac Asimov cite Schiller :

    “Contre la stupidité, les Dieux eux-mêmes luttent en vain.” Cf. Isaac Asimov, Les Dieux eux-mêmes (Éditions Denoël, 2002, 1972), 107.

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L’autobus

L’autobus

5 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / eatcute

 

Qui es-tu ? Que fais-tu ? Combien gagnes-tu ? À quel étage demeures-tu au sein de l’immense pyramide, parmi toutes ces couches, ces strates, ces rangées, ces étagères ?

Devenez ingénieur, cadre, directeur, docteur, avocat, diplômés de telles écoles, ou bien de telles autres, recevez les titres, obtenez la reconnaissance sociale, l’approbation, votre statut, vos perspectives, – votre définition. – Venez chercher votre place, votre case, votre carte d’identité, votre avenir !

Nous disposons de tout ce dont vous avez besoin, et, si vous n’en avez pas, des besoins, nous pouvons même vous les fournir, les incorporer à votre pack personnalisé, – et pour le même tarif !

Venez donc nous rejoindre, entrez dans la danse, et n’ayez point peur, car ici nous rions de bon coeur ; ici, dans nos écoles, dans vos titres, vous y trouverez sécurité, salaire et réconfort. Attentifs, nous, vos amis, vous attendons, fort impatients de vous apercevoir sur les rangs : allez, pressez-vous ! intégrez-vous ! approchez !

Eh quoi ! votre instinct vous recommande la plus grande prudence ! Vous craignez qu’en déposant votre âme dans ce vaste « circuit intégré », telle une lettre pleine de promesses abandonnée dans une boîte, vous ne vous perdiez, vous ne vous évanouissiez, vous ne vous y désintégriez ? – Rassurez votre peur : nos soins, bientôt, calmeront vos frayeurs.

 

Formateurs, maîtres, diplômes, chemins bien tracés, voies imposées vous tendent les bras : qu’attendez-vous pour les rejoindre, pour les embrasser ? Que faites-vous encore plantés là sur le trottoir ? les portes de votre autobus sont ouvertes ! Déjà dans l’ignorance votre avenir se déploie, déjà votre heure de « gloire » d’une main assurée s’apprête. Réjouissez-vous donc! et n’hésitez plus. Avancez !…

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L’art de la navigation

L’art de la navigation

5 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / filip_dimitrov

 

Toute âme prétend faire cette promenade, qui, sur le sentier de la floraison, l’amènerait. Encore est-il nécessaire de le concevoir, et, davantage, de le sentir.

Mais, par des troubles, des maux, des ressentiments, des excès elle épuise parfois sa nature : trop vibrer, trop ressentir, trop vaciller, tout cela rend tantôt usées les forces les plus belles et les plus grandes, du moins pour un temps.

Néanmoins, tel un bloc de marbre qui voudrait se dégrossir lui-même, elle entend se débarrasser de ses guenilles, nettoyer son être de ses scories, se transformer et retrouver sa forme originelle.

Et combien nombreux sont les obstacles sur sa route, à écraser, enjamber, contourner ! Et si elle savait combien celle-ci n’attend que ses pas pour l’envelopper dans son manteau, pour la récompenser, la combler !

Toujours, l’esprit hardi trébuche, rampe, roule, recule, saute, avance, – s’élève.

Toujours, il se cultive, forme son jugement, renforce son corps, son désir d’exister, – son être.

Sans cesse, il affine sa forme, sa substance, son style ; il affermit ses bases, il stabilise ses murailles ; il se fortifie dans l’art de la navigation et de penser ; il apprend à creuser les choses, à nager dans les profondeurs, à planer au-dessus des vallées.

Somme toute, au sein de sa nourrice, au sein de l’existence, il souffre, il jouit, il pleure, il rit ; dans le froid ou sous la chaleur accablante, qu’il pleuve ou qu’il vente, le coeur vaillant se relève sans relâche : sa volonté hisse son front bien haut, et, dans les galeries souterraines, ou bien dans les hauteurs, au sein de la peine ou dans le bonheur, il poursuit sa tâche, son chemin, – il trace bravement son sillon.

C’est ainsi que évoluant constamment et abritant une âme d’airain il défie de sillonner son visage sans retard les années et les revers.

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Immolation

Immolation

4 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo iStockphoto.com / ChiccoDodiFC

 

L’homme vit en la Terre, il aspire son air, se désaltère à ses sources, ingère ses fruits.

Il ne sait ni ne peut vivre sans elle, et pourtant il n’en fait aucun cas : il la maltraite, il l’épuise, et l’immole peu à peu à son ambition… à sa sottise… à son aveuglement.

Mais le malheureux ignore que sa fierté, sa technique, sa soif de puissance bien-aimée, dans leur élévation, provoquant la chute du monde, par leurs tourbillons l’emportent avec eux.

Une patrie telle que cette terre, cette île, cet asile flottant dans l’éther, accueillant tous ses fous, ne méritait-elle pas qu’on la considérât davantage, qu’on la chérît, qu’on fût pénétré de reconnaissance pour toutes ses attentions, pour ses innombrables bienfaits, pour toutes ses bontés – qu’on l’aimât ? – S’il faut en croire les apparences, non.

En elle, les consciences croissent, en elle, elles périront, et cette fois, non pas sous les coups des mains invisibles et sinistres, mais par ses siennes propres – insensibles, aveugles, meutrières, prévisibles.

La victime paraît résignée, mais comment pourrait-on condamner son attitude lorsque partout des hordes sanguinaires déferlent : des vagues, des lames, un bataillon d’âmes éperdues, inconscientes, insensées, prêtes à tout mettre à feu et à sang, – à tout sacrifier sur l’autel du confort, des plaisirs, des jouissances grossières et folles ?

Les cruelles créatures se multiplient rapidement, ses industries se développent, sa volonté se déchaîne : cette planète réchauffe un serpent dans son sein ; un serpent qui ignore et sa nature bien trop souvent pernicieuse et son funeste sort – un serpent qui se comporte comme si, de son sinistre ressort, on n’avait jamais daigné l’avertir, le prévenir.

Or en gâtant son milieu, sa nourriture, son atmosphère, ce sont ces propres entrailles que la bête vénimeuse pique, son propre être qu’avec ses crochets elle éviscère.

L’esprit des hommes sait-il que des souffrances de son jardin avec lui il soupire ? Le sait-il ? Vraiment ?

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L’exil, le réveil et le devenir

L’exil, le réveil et le devenir

3 avril 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / TarikVision

 

En vue d’obtenir une espèce de tranquillité de l’esprit, on sacrifie ordinairement son identité propre. Oui, c’est bien la peur de laisser paraître ses différences qui empêche l’individu de raconter une histoire authentique, son histoire, celle de sa vie, à lui-même et aux autres.

La simple pensée d’un nom aussi commun qu’extraordinaire (extra ordinarius) que le « soi » suffit à réveiller les angoisses les plus profondes, et les plus injustifiées ; elle hante les esprits, lesquels finissent par s’exiler peu à peu à l’intérieur d’eux-mêmes, cachés dans cette obscurité qui les abrite des regards importuns, de la lumière du jour toujours trop curieuse à leurs yeux.

Mais, à force de tâcher de vivre à l’écart du monde, ce sont leur inclinations, leur caractère, leur personnalité que, sans en avoir conscience, ils se mettent à fuir : ils s’exilent des deux mondes, ils demeurent dans l’entre-deux – étrangers à eux-mêmes et aux autres.

Quand dans son lit les âmes réveilleront-elles une partie de ce grand fleuve : ce bras de solitude qui emporte dans son impétuosité et son indifférence la relation à soi, la connaissance de soi, ce bras qui, subrepticement, insidieusement, – éloigne du rivage ?

« Mais qui peut dans sa course arrêter ce torrent1 ? » Quelles sont les paroles capables de leur faire entendre raison, capables, dans la noble patience et tout en attendant le retour complet d’un jugement sain, jusques à leur réveil, de préserver le droit sacré que possède tout individu à s’exprimer, à évoluer, à devenir ?

Et qui nous dit que ce réveil est même souhaité ? – Pour le leur faire découvrir, il faut des pensées prononcées sans doute, et des plus délicates…

 

  1. Agamemnon dans Iphigénie. Jean Racine, Oeuvres Complètes [e-book] (Arvensa Éditions, 2013), empl. 6345.

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