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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour mars 2016

Le visage de l’inquiétude

Le visage de l’inquiétude

24 mars 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / kieferpix

 

En explorant plus avant tous ces regards, on se rend bien compte de la lourde présence de l’inquiétude ; on s’aperçoit que ce trouble pénible, pareil à ces plantes parasitaires, envahit les cœurs, y enfouit ses racines, et demeure là, définitivement. Les traits des visages se tendent peu à peu, les crânes s’obscurcissent, l’esprit devient cette effrayante grotte humide et obscure, cette excavation apeurée, tremblante, repliée. – Mais il faut s’intéresser aux êtres et être un œil pénétrant, un aventurier des cavernes pour prendre conscience de leur état, et spécialement du mauvais état de ces consciences.

Sous les masques impassibles, les figures cachées et ridées – ces mers du désespoir sillonnées par le vaste vaisseau de la peur, du tourment, ces surfaces s’enfonçant, dégénérant précocement – reposent et s’agitent dans l’inconscience la plus totale. Il règne sur ces océans de tristesse une folie terrible, accablante, – un souffle qui dessèche tout : infernal.

L’inquiétude et la misère peuvent toujours se dissimuler sous le voile de la joie, mais un voile reste un voile : il ne suffit pas de déguiser la nature des choses pour la faire disparaître. Et, que ce déguisement porte le nom de plaisir trompeur, de sourire forcé ou d’indifférence feinte, cela ne change rien à l’histoire. Tout ceci est bien connu, mais pourtant les cavités redoublent d’efforts : elles allument milles lumières, disposent une multitude de guirlandes, font vibrer leurs parois au rythme d’une musique endiablée qu’elles s’évertuent à répandre. – Les vibrations elles-mêmes n’ont jamais été aussi fausses, mais les esprits s’en moquent, car ce qui est important à leurs yeux, en définitive, c’est l’impression, la simulation : c’est avoir l’illusion de sentir l’ivresse – c’est s’abandonner à l’ivresse de l’illusion.

Et il n’est pas nécessaire d’être un éminent logicien pour se figurer l’avenir de ces consciences-victimes, puisque les signes parlent d’eux-mêmes ; et ce qu’ils ont à dire ferait pâlir d’effroi la plus vaillante de ces victimes (actuelles et futures) affichant ces airs faux et grotesques de robustesse et de courage. Et qu’annoncent-ils donc ces funestes augures ? – Ils révèlent une vieillesse prématurée du désir vital, un déclin précoce de la vigueur, un ensevelissement avancé.

On méprise l’existence, on appelle cela être, exister, vivre, que sais-je moi, toutes les appellations qu’on lui attribue ? tandis que la vie verse seconde après seconde, goutte après goutte, ses larmes amères dans les cavités sombres, dans ces immenses étendues qui se limitent, dans ces puits qui se vident et s’épuisent, dans chaque abysse qui se creuse toujours davantage.

Notre époque voit défiler devant elle ses visages ternes et languissants, ces surfaces qui, en plein jour, ne prospèrent que dans l’ombre d’elles-mêmes : j’entends par là cette curieuse végétation se nourrissant d’obscurité, dont la physiologie s’est peu à peu déréglée – ces êtres que l’on croirait inaptes à la vie.

L’heure viendra-t-elle où les Hommes débuteront l’exorde de leur existence ? Le moment n’est-il pas venu pour « cet énorme et puissant animal qu’on appelle peuple1 » de se remuer, de se débarrasser de tous ses parasites – lesquels le piquent et lui sucent le sang depuis fort longtemps, et l’affaiblissent, le dévitalisent –, de procéder à sa toilette, de se rafraîchir la face, de rétablir sa santé, – et d’émerger ?

 

  1. Érasme, Éloge de la folie (Éditions Mille et une nuits, 2006), 53.

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Le monde est absurde

Le monde est absurde

22 mars 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / sliper84

 

L’esprit semble constamment vouloir s’approcher de l’absurde, s’enivrer de son parfum, le couvrir de baisers. Par exemple : il se demande et cherche ce qui a bien pu exister avant même l’apparition du temps et de l’espace ; il conçoit des théories où dansent les infinis, à l’intérieur desquelles le regard même de la logique se trouble et ses propres membres se mettent à vaciller ; il imagine des mondes régis par une physique autre, se figure notre univers soumis à des lois en partie cachées, gouverné par des conditions, par des règles tendant bien souvent vers le domaine de la déraison.

Qu’il s’agisse du sage, de l’homme de science, du poète, de l’artiste, tous, au cours de leur développement, ont éprouvé, à un moment ou à un autre, l’absurde – tous ont déjà ressenti, ou bien ressentiront, cette impossibilité au sein de leur conception, cette coexistence inconcevable, ces essences contraires : cette « incompatibilité » des éléments constituants l’idée1.

D’aucuns s’évertuent à statuer que la vie est un non-sens. Mais quelque absurde qu’elle puisse apparaître à la conscience, est-il pour autant raisonnable de nier qu’elle contienne également des structures cohérentes, qu’elle abrite en elle des schémas et des données véritables qui sont accessibles dans certains cas par le sentier étriqué de notre compréhension ? La matière plutôt que le néant, l’évolution, l’expansion, l’émergence et l’épanouissement de la complexité, l’apparition de la vie et la floraison de ses formes les plus diverses : tous ces phénomènes ne constituent-ils pas des preuves convaincantes ?

Énoncer que l’existence n’a pas de finalité propre ne signifie en aucun cas qu’elle n’a aucun sens – suffit-il d’affirmer que l’on ne comprend pas une langue fort étrangère pour être en droit de trancher définitivement sur son incohérence ? Cette tendance à décider hardiment et précipitamment n’est-elle pas symptomatique de l’incapacité humaine à justement déceler cette cohérence, ces liens, ces connexions, cette harmonie ? c’est-à-dire ces îlots de sérénité, d’assurance, de sens qui flottent, éparpillés à la surface de cet océan chaotique, fluctuant, parmi ces tourbillons d’écume insensés ?

Faut-il aussi rapidement conclure que l’esprit, au sein de cette nature absconse, ne doit pas même tenter de la comprendre toujours davantage, qu’il est inutile qu’il se mette en quête de significations vraies, et enfin qu’il n’est pas en mesure d’y trouver un sens et une justification à son existence ? Évidemment, ce serait absurde – mais le monde est absurde.

 

  1. André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 3e éd., 2010, p. 11.

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Le jardin de l’absurde

Le jardin de l’absurde

21 mars 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / LiudmylaSupynska

 

L’humain est cette matière pensante qui, marchant au travers de l’existence, ou bien à travers elle, fait l’expérience, à un moment ou à un autre de la chose absurde. Ses pas ne peuvent éviter cette déformation du tissu de l’existence, cette grande dépression, cette gravité parfois véritablement grave, et le voilà qui se met à tomber dans l’absurde. S’il n’est pas vigilant, s’il n’a pas appris à tomber au préalable, la chute peut être brutale, parfois cruelle. Au sein des replis escarpés du Temps, au milieu d’un sentiment ayant parfois la profondeur de l’abîme, il érige, pierre après pierre, tantôt son plus bel édifice, tantôt ses plus sinistres ruines : il se construit avec des mains imprévisibles – parfois vaillantes et sûres, parfois temblantes et incertaines – dans l’entre-deux, hésitant, oscillant entre le premier souffle et le dernier, entre la vie et son ombre, entre la plus belle construction et la plus sombre tombe : il est cette flamme flottant un peu partout au gré du vent, au gré des attractions et des répulsions, au gré des saisons…

Il y a dans ces vies tant de considérations, tant de théories, d’êtres, de choses, de songes surprenants, presque impossibles, qui paraissent absurdes. Telle est la sensation où elle croît que la créature douée de raison peut légitimement se figurer une sorte de vaste rêve : des fantasmagories, une atmosphère irréelle au milieu de laquelle son existence évolue, – une illusion dont la texture, la structure et les lois sont chatoyantes, changeantes, inintelligibles. – Elle s’imagine elle-même à l’intérieur de l’esprit d’un penseur abscons, voire insensé, incluse dans la « sphère » d’un géant qui, comme sous l’empire des stupéfiants, éprouve, de manière cyclique, le paradis et l’enfer.

Et même l’âme la plus sage ne peut refuser l’inhalation de cet air étrange, de ce mélange gazeux, – de ce fluide en mouvement ambiant et fou.

Toutefois, au milieu de tout cela, parmi toutes ces circonstances aussi ordinaires qu’extraordinaires, l’individu le plus absurde reste celui qui, posant que la vie est inconséquente, en déduit qu’elle n’a ni saveur, ni valeur : l’observation est juste et la conclusion fausse. – Ah ! combien il est salvateur de s’en rendre compte dès lors qu’on fréquente une pareille absurdité !

Apprécier l’incohérence du monde est un art, et il est indispensable de savoir le goûter ! Autrement dit, il faut pouvoir apprécier l’impossible, pouvoir danser avec lui et pouvoir rire de lui et avec lui. D’autre part, à chaque fois que son regard devient trop lourd à supporter, chaque conscience doit être en mesure d’affronter sa lumière crue et d’ouvrir sur ses rayons les yeux de l’indifférence.

Car ce n’est qu’en possédant cet art, qu’en éduquant l’oeil de son esprit, en somme, en apprenant à voir et à ne pas voir : en apprenant à vivre, que l’Homme se rend capable de ne plus se perdre dans le titanesque labyrinthe désorienté, dans ce dédale dépourvu de panneaux visibles, de directions et de sens clairs et distincts, dans ce système d’une richesse inouïe en contradictions, d’une nature courbe, ambivalente, plurielle, emmêlée, dans cet ensemble, ce jardin infini, – complexe et prodigieux à ce point qu’il ne peut ou ne devrait pas avoir l’être, – abritant par nature toutes ses parties et qui est un.

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La toilette mentale ou le défaut de bon sens et l’expectoration

La toilette mentale ou le défaut de bon sens et l’expectoration

19 mars 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / patjm

 

Lorsque le défaut de bon sens, abondant et impétueux, emplit les poumons à ras bord, jusqu’à la gueule, de son extrême variété, l’individu sain tousse par réflexe : l’organisme intègre, désireux de sauver l’esprit, ordonne que les voies respiratoires soient libérées, que des conditions nouvelles permettent à un air plus pur et plus libre de circuler.

Il est un phénomène curieux : l’individu inattentif va ordinairement prendre les êtres les plus sains pour les plus souffrants ; on a pitié d’eux alors même que ce sont les premiers à cracher au visage de la Décadence ! – On s’en éloigne, on les fuit, comme s’ils étaient véritablement contagieux, comme s’ils véhiculaient chacun des bactéries inédites et fatales capables d’infecter et d’anéantir les fuyards.

De la même manière, on prend les livres les plus plats, les plus lisses, les plus aseptisés pour les plus salubres, les plus profitables. Lit-on encore les claviers qui suent, qui saignent, — qui rejettent, projettent ? Considère-t-on encore la pensée étonnante, la parole qui détonne ? cette pensée nettoyant la réalité de ses scories humains, cette parole prodiguant ses vérités, expulsant l’insalubrité, – cette pensée qui détone ?

Et si celle-ci est presque invisible, n’est-ce pas le signe que la société n’est pas aussi malade qu’elle le devrait ?!

C’est, semble-t-il, au coeur même des poumons de cette Humanité que l’on a « désappris » le réflexe, que l’on ne sait plus se battre et tousser… – Ainsi, négligeant la toilette bronchique et méprisant ses vertus, c’est au visage de la santé que l’on crache, et c’est la face de l’esprit que l’on souille.

Compagnons les plus malades, vous-mêmes les moins tarés : faites du bruit ! désencombrez-vous !

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Les scories et l’évolution : approche thérapeutique de la créativité et du progrès

18 mars 2016 par Vincent PAYET

Le véritable progrès demande avec insistance comme une chose nécessaire le réveil et la mise en œuvre des prodigieuses potentialités créatives gisant en l’humain – la découverte de ces grands trésors enfouis au cœur même des sociétés.

Toutefois, cette créativité, à l’instar de tout processus complexe, est génératrice d’entropie et de néguentropie : elle est, elle-même, simultanément, remède et poison.

Pour qui considère la nature ambivalente de chaque information naissante l’urgence de la situation devient manifeste : l’obligation impérieuse de prodiguer des « soins » constants et bien soignés au malade, au progrès, apparaît dans toute son évidence. Il s’agit de purifier les cultures – mais les contributions doivent au préalable pouvoir se développer dans l’esprit des créateurs, s’accomplir en eux et être mises au monde –, d’extraire leurs éléments les plus toxiques a posteriori – de laver le progrès, de le débarrasser de ses scories : ces nouveautés déraisonnables, infectées, morbides.

Il me semble que ce n’est que par une approche thérapeutique de la créativité et du progrès qu’une évolution de l’humanité plus physiologique, plus saine, et donc plus viable et favorable peut émerger.

À cette fin, notre monde souffrant réclame des « médecins » de la culture, et non pas ces Hippocrates modernes, mais ces soignants doués éminemment de raison, ces thérapeutes nobles, consciencieux : ces bâtisseurs de valeurs nouvelles, de savoirs inédits, de connaissances reliées et reliant, de pensées synthétiques, holistiques, bénéfiques – ces éducateurs-guérisseurs.

Et c’est maintenant que les actions sont requises : celles de purifier les acquis (le patrimoine collectif des nations), l’époque et le développement humain de leurs scories, maintenant, que le traitement doit être apporté aux civilisations, – si l’Homme de souhaite pas, à son propre sujet, devoir se poser la question de l’acharnement thérapeutique…

Le monde a cruellement besoin d’individus capables d’avoir une pensée pour cette planète bien mal-en-point, et encore davantage d’êtres en mesure de les panser (cette pensée et cette planète), convenablement…

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L’irrésolu

17 mars 2016 par Vincent PAYET

 

 

Il est tant de réflexions, tant de problèmes, tant d’énigmes, et si peu de temps pour les résoudre : ah ! si l’éternité pouvait porter assistance à ses blessés de guerre… à ces têtes, à ces corps, à ces coeurs, – à ces âmes blessées !

Quelle profession mérite d’être excercée, sur quels ouvrages poser ses mains, vers quelle destination diriger ses quilles, en somme, dans quel état errer au sein des hommes ?

De leur mouvement éperdu les pieds sèment, le plus ordinairement, sur le champ de l’espace des traces en tous sens, et les mains s’affolent, et cependant l’esprit se fige, indécis, stupéfait : les pauvres « voûtes » s’agitent dans toutes les directions – le doute évolue et s’approche des maisons, leur tourne autour, puis s’infiltre sous les toitures et envahit les consciences. C’est ainsi que l’« irrésolu » s’introduit peu à peu dans les cerveaux.

L’être de l’homme est ce continuel irrésolu perdu entre deux infinis : celui de l’action et celui de l’indétermination – une bûche, une brebis égarée foncièrement seule, emportée par le courant de l’entre-deux.

Depuis un temps immémorial, on s’évertue à lutter, à détruire ce doute qui hante les âmes. On considère la vie elle-même comme une question à laquelle on se doit d’apporter une réponse décisive. À ce sujet, Rainer Maria Rilke n’a-t-il pas écrit : « Vous êtes si jeune, vous êtes avant tout commencement, et je voudrais, aussi bien que je le puis, vous prier, cher Monsieur, d’être patient envers tout ce qu’il y a d’irrésolu dans votre cœur et d’essayer d’aimer les questions elles-mêmes comme des chambres fermées, comme des livres écrits dans une langue très étrangère1 » ?

Toutes les natures, même les plus sages, sont, dans le domaine de la connaissance de soi et des choses, de « jeunes » enfants. La parole du poète est précieuse parce qu’elle enseigne qu’il est possible d’aimer l’« irrésolu », du moins de le tenter.

Et si, finalement, ce point d’interrogation déposé brusquement sur chaque parcelle de la condition humaine était examiné et jugé d’une manière inadéquate ? Si, incapable d’apprécier le sublime émanant de la courbe, l’individu passait un temps par trop considérable à s’enfoncer, sous ce fardeau imaginaire, dans la misère ?

N’y a-t-il pas là, très précisément, une sorte d’acharnement, un gaspillage inouï d’énergie ? Ces chairs tuméfiées et ces esprits meurtris ne sont-ils pas exagérément sensibles au poids des chimères et exagérément insensibles à la beauté ? Et même si cette langue bien mystérieuse se trouvait indéchiffrable, ne font-ils pas un choix excessivement rapide, excessivement irréfléchi, lorsque l’alternative apparaît devant eux – et ont-ils jamais réalisé l’existence même de cette alternative ? –, lorsque vient l’heure où ils doivent s’engager dans la détresse, ou bien dans la gaieté ?

 

  1. Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (Librairie Générale Française, 1989), 53.

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Les courses

16 mars 2016 par Vincent PAYET

Les années passent et les hommes d’aujourd’hui ne s’en aperçoivent pas, car dans la grande agitation, leur conscience courant au travers de l’existence, ils croient aller avec une plus grande vitesse.

Toi, âme essoufflée, où cours-tu ainsi ?

À notre époque, ordinairement ce n’est pas l’enthousiasme qui portent les êtres. Ce n’est pas la joie qui soulève et anime les pieds, mais la peur, l’inconscience, l’inconsistance. On se figure voir des courses gaies ; il s’agit bien souvent de fuites. – Observateurs et acteurs se trompent sur la nature de la course.

Les consciences aveuglément courent à se perdre, dans ces forêts célèbres en chimères, en chutes et en malheurs.

Il serait probablement utile qu’elles « entendent » le grondement, la voix d’un tonnerre inouï, cette parole qui descendrait sur les oreilles innombrables en proclamant :

« Malheureuse, tu cours à ta ruine sûre et cruelle, irrésistible !

Âmes du monde, reprenez votre souffle : c’est assez couru !

Bulles insensées, chevaux continuellement sur le turf, ce n’est pas tout que de courir, il faut vivre de bonne heure !…

Pas d’ici et d’ailleurs, je vous regarde avec attention : vous ne vous promenez pas, vous ne dansez pas, – vous fuyez ! Vous qui partez si vite, ne craignez-vous donc point la chute du rideau ? »

La plupart des gens, allant et venant ça et là, ignorent l’art d’exister ; ils ne savent vivre que superficiellement : qu’en courant.

Au-dessus des têtes microscopiques, par-delà le globe, dans les hautes sphères, les dieux meurent de rire ; eux qui habituellement vaquent à des ouvrages d’art, ne peuvent s’empêcher, de temps à autre, d’observer ces existences humaines en se disant : « Tant de choses bonnes, diverses à goûter sur cette Terre, et tant de futilité, de vanité dans de si petites coquilles ! Comment est-ce possible ? Un tel ridicule ! un tel spectacle !… n’est-ce pas formidable ! »…

L’homme moderne, même avec ses télescopes, ne « sent » pas le lourd regard moqueur posé sur lui – sur ses jeux, sur ses combats, sur sa tragédie, sur sa comédie… –, mais là-haut, les grandes mains s’activent autour des microscopes célestes. – Sur la voûte bleue, les instruments sont déployés, et pour cause !

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