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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour février 2016

Hauteurs authentiques et fausses profondeurs

Hauteurs authentiques et fausses profondeurs

21 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / wildpixel

 

Que toutes ces graines portent en elles, sont pleines, d’une merveilleuse grandeur en puissance ! Combien toutes ces âmes abritent l’éveil, la vitalité, les conquêtes à venir… l’enthousiasme, la joie, les espoirs proches !

Eh bien ! voyez ce que l’on fait à tous ces esprits émergents ! — On accapare leur branchage, on éventre leurs tiges, sectionne leurs canaux, et les vide de leur moelle !

Il ne leur reste que les fantômes de la vigueur, que les traces, les résidus de l’excellence, de la hauteur, — de la grande tâche. Ils désapprennent à aimer leurs potentialités ; et s’évertuent à dénigrer l’amour de la tâche. Ils se sont laisser convaincre, par autrui et par eux-mêmes, de jeter des perspectives laides sur leur existence, et, en dardant leurs épines, en regardant leurs deux mondes (intérieur et extérieur) à travers leur oeil ténébreux, c’est leur vie même qu’ils dédaignent dorénavant, — c’est leur propre destiné qu’ils se sont mis à repousser ! Ce goût corrompu, ces interprétations gâtées, ils se sont appliqués avec ardeur à l’adorer, — et ils y ont pris goût ! — Cela est connu : l’étonnante créature renferme des ressources insoupçonnées pour ce qui est de l’adaptation ; elle maîtrise parfaitement l’aptitude à s’accommoder de tout, et surtout, du pire, — du toxique. Et c’est heureux, car on la somme de vivre tous les jours — elle y consent semble-t-il de grand coeur… — le « dernier jour d’un condamné1 ». — Observez simplement comment elle courbe son tronc résigné.

Pieds accablés et affaissés, hantés par le souvenir, par la « vision intuitive » des cimes, vivant complètement recroquevillés dans l’ombre de votre destinée, comme on peut l’être dans celle du tombeau, vous qui poussez, privés des doux rayons de l’existence, n’étant plus que l’ombre de vous-mêmes, vers l’obscure et inquiétante crevasse, — vous vous traînez sur des chemins renversés, errez vers les sommets inversés. Tandis que vos forces ascensionnent les pics retournés, vos matières s’enfoncent dans la faille du désespoir ; vous vous éloignez sans cesse de vos racines et, déambulant presque sur la tête, vous courez, insouciants, dans des souterrains toujours plus humides et sombres, — vers des fosses cachées, en direction des monstrueuses impasses dissimulées.

Dans ces conditions de plus en plus extrêmes, l’âme noueuse et nouée, avec ses articulations enflées et lancinantes, ploie sous le poids d’une misère colossale, mais ne rompt pas. Elle qui, jadis, impressionnait par l’altitude de sa volonté, par son hardiesse vertigineuse, surprend désormais par la bassesse de ses désirs mais surtout, par la profondeur, l’ampleur de sa résignation.

Toutefois, il est possible, sous le vent des années qui passent, d’osciller d’une manière autre, et cela, aussi longtemps que les racines, le fût et la frondaison gardent dans leur coeur le souvenir enfoui, le trésor occulté, la promesse oubliée…

 

  1. Le Dernier Jour d’un condamné, de Victor Hugo (1829)

 

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L’insecticide le plus nocif

L’insecticide le plus nocif

20 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / simonox

 

La glande de la sottise, à l’insu de son hôte, sécrète son insecticide systémique comme le serpent son venin.

Cette substance se répand à l’intérieur de l’esprit, et, en se posant, en s’infiltrant fort loin dans les régions et les organes « attaqués » par le savoir et le jugement, défie les deux autres substances : la blanche et la grise.

Dans sa funeste conquête des tissus, aucune chance n’est laissée aux consciences les plus faibles et les plus démunies, à ces surfaces qui, ordinairement, sont aussi les plus assoiffées ; elles l’absorbent, se contaminent, puis, se mêlant aux autres de son espèce, se dénaturent souvent mutuellement, et finissent peu à peu par s’éteindre.

Mais le processus est long ; comme tout bon poison, il sait s’armer de patience ! — C’est la lenteur même de son action qui contribue à le rendre presque invisible ; et cette invisibilité qui abreuve l’insouciance, nourrit l’inconscience !

Et voilà que certains osent même nier sa présence ! Elle à déjà été reconnue, combattue et vaincue ! qu’ils disent. Que d’inepties sont infligées aux oreilles qui savent entendre ! D’ailleurs, la substance se moque de telles paroles molles, inconsistantes, et tout en déployant son rire le plus épanoui, le plus cynique aussi, elle poursuit son œuvre. Elle porte sa mission dans son ADN ; ses gènes abritent des pulsions peu avouables. En vérité, c’est l’ombre de l’Humanité qui évolue dans son sein maléfique ; et elle a bien l’intention d’élaborer et d’exprimer sa nuance la plus sombre, la plus létale. — La contamination de l’ensemble, c’est le noir et ambitieux dessein qu’elle caresse, sa « raison » de vivre ! — C’est sa toxicité qu’elle désire communiquer, la main généreuse ! — et ce, jusqu’à la dernière goutte…

Mais il y a des insectes qui possèdent une soif d’un autre type, et qui ont les antennes suffisamment déployées. Leur conscience à eux, cette belle plante, est d’une nature différente, — d’une texture, d’une robustesse et d’une perméabilité inédites !… Quand bien même ils souhaiteraient le poison, cette source corrompue, et feraient le choix de se désaltérer dans le courant du lugubre liquide, — leur physiologie elle-même s’en offusquerait : elle ne le supporterait pas ! — Et après s’être indignée de cette décision, — de cette matière noirâtre elle en tomberait malade !

En somme, tout cela se réduit à un constat simple. — Il existe deux types d’insectes : les contaminés inconscients, et ceux qui, continuellement, luttent, s’indignent, se révoltent, — se soignent…

Et c’est à ces derniers que je veux m’adresser, car eux seuls peuvent m’entendre, eux seuls osent se dresser contre le dictateur, contre le seigneur absolu des insecticides — eux seuls refusent de se soumettre à la volonté du maître. Et c’est bien de soulèvement dont il s’agit puisque la prise de conscience seule, bien que nécessaire, ne saurait être suffisante — indéniablement cela se saurait…

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Tragi-comédie ou la société-spectacle et le regard rieur

Tragi-comédie ou la société-spectacle et le regard rieur

19 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Sergey Tarasov

 

Quoi ! tu n’apprécies pas le spectacle humain ! Es-tu devenu(e) insensible à sa prodigalité, à tout ce que l’Homme, sa bêtise, son originalité, son inventivité dans le grotesque, affiche, en somme, à ce que l’horrible et le ridicule ont à offrir à ses acteurs et à ses spectateurs ?… insensible à ce comique et ce tragique en profusion, à ce formidable banquet de la folie, — ce banquet de la vie ?

Et certes, cela requiert un œil averti, distingué, pour évaluer puis apprécier la scène, le tableau, l’esthétique cachée ! Et maintenir la profondeur et la proximité, la hauteur et le détachement, la clarté et la continuité d’une telle vision n’est pas chose aisée ! — Ce regard auguste et élevé, il faut savoir le hisser bien haut, pouvoir assurer la pérennité de son altitude et être en mesure de le « supporter » !

Car en effet l’âme qui voit les choses de plus haut, fait l’expérience de prodigieuses bourrasques, et il en faut peu pour qu’elle trébuche, cette dompteuse de versants, cette équilibriste des lignes de crêtes, — cette funambule des cimes ! Et cultiver cette art de l’observation ne laisse pas d’être une tâche extrêmement délicate, éprouvante et périlleuse.

Mais en définitive, a-t-on jamais vu plus noble esthète que cet oeil d’artiste sage, supérieur, élégant, — que ce regard raffiné qui sait reconnaître et goûter le sublime dans l’odieux, le comique dans le tragique, la gaieté dans l’absurde ? que cette nature d’exception qui sait évoluer — mais aussi désirer les moyens nécessaires à cette évolution et se les donner — en riant, dans cette atmosphère de tous les excès, au sein même de ses vents insensés, et en se nourrissant du grave comme de la folie ? J’entends cet être suffisamment sûr de son goût et de son dégoût pour l’humanité et pour la vie, pour se permettre, sans trop de craintes — sans risquer d’éprouver un choc trop violent, un vertige, un vacillement de l’âme trop important et surtout la terrible amertume —, de prendre part à la grande fête — à sa manière, cela va de soi : particulière, toujours, — singulière, avec constance ! Je veux parler de cet esprit qui possède la volonté et la force indispensables pour porter en soi et en tous lieux la lourde perspective rieuse, et pour la déployer sur les paysages sociétaux les plus variés, sur les contrées lointaines, proches et de toute sorte, sur les manifestations, les évènements, — les spectacles les plus divers…

Oui, toi ! ô âme avisée et sensible, oeil majestueux ouvert sur le monde, conscience dessillée qui embrasse le réel ! — Tu es celle dont les paupières sont capables, parce que ta vision englobe le vaste, mais également parce que tu parviens à percevoir les choses en te positionnant au plus près d’elles, de se promener parmi les créatures, et de rire aux larmes lorsque la multitude pleure, et de ressentir la plus amère affliction lorsque la foule s’esclaffe de rire.

Une destinée remarquable t’est réservée : celle d’une larme « inverse », « à contre-courant », dont l’existence s’écoule tantôt parmi les rires, tantôt au sein des pleurs…

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Les navires éthérés

Les navires éthérés

18 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Elenarts

 

Quant bien même nous serions pleinement conscients qu’un naufrage nous attend, nous lèverions l’ancre et hisserions bien haut nos voiles, avec davantage encore de vigueur !

Oui, c’est par la mer que nous nous rendons à notre destination, et l’impétueuse masse mouvante, informe ne nous intimide pas, car le déchaînement coule déjà à l’intérieur de nos veines — la sève bouillonnante, les courants vivifiants irriguent nos âmes, ils les soulèvent et les portent au bord des hauteurs !

Ainsi ce n’est qu’avec un léger sentiment de surprise que nous nous sentons à l’aise, maître de nous-mêmes et que nous surplombons sur l’océan. Nous planons gaiement, gambadons au-dessus des lames tels des astres rieurs perchés sur des mâts infinis ! Parmi l’air ou le liquide, au sein des tempêtes, ou bien au-dessus des écueils, tantôt aéronefs, tantôt voiliers, parfois navires spatiaux, parfois sous-marins : nous évoluons et jouons dans les éléments et avec eux.

C’est dans les hautes altitudes et les profondeurs bleues, au milieu des creux et des sommets que notre nature s’épanouit, qu’elle y puise son air, son eau, sa substance vitale ; c’est au fond du silence, qu’elle y trouve le flux, qu’elle retrouve sa voie. Et, précisément parce qu’ils sont alimentés, animés, propulsés par la houle de l’instinct de vie, nos esprits parviennent à naviguer fièrement. — Transportés par ce souffle de vie, l’âme se gonfle, et, en chantant, en dansant, elle parcourt l’étendue, traverse les flots lumineux, sillonne et découvre les régions ténébreuses, les abysses mystérieux, s’illumine au coeur de la voûte éthérée, goûte et flotte parmi les espaces sublimes.

Notre embarcation, qui lorsqu’elle déploie ses ailes peut devenir ce grand et majestueux vaisseau à voiles, accepte l’ultime naufrage, mais à une condition : que ce soit sous des sables encore ardents, bouillant de vie qu’elle s’ensevelisse. — C’est dans et par la vie qu’elle désire se perdre et disparaître !… C’est sa seule et dernière volonté !… — C’est « son » ancre de salut !

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Sociétés modernes, morts-vivants et tombeaux

Sociétés modernes, morts-vivants et tombeaux

17 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / sakkmesterke

 

Il est de multiples façons d’ensevelir les morts.

La plus moderne étant de procéder à la mise au tombeau lorsqu’ils sont encore à moitié vivants.

Les consciences sont inhumées par les mains macabres de la routine, du conformisme, de la platitude — elles sont entièrement recouvertes.

La vie est engloutie par les chimères ; à notre époque, on ne sent quasiment plus ses vibrations souterraines, le frémissement de nos jours, — et lorsque cela arrive, ce n’est le plus souvent qu’à travers l’épaisseur du formidable voile de l’illusion qu’elles sont perçues.

La véritable aptitude à imaginer, à laisser aller sa pensée, ou à méditer profondément sur quelque chose peu à peu s’estompe, comme un portrait qui serait témoin de la fuite de ses couleurs : des cheveux, des lèvres, un teint blafard, défait sur le point de s’évanouir. — Les esprits désapprennent à rêver ; ils se dépossèdent du désir et du temps nécessaires à sa pratique pourtant si essentielle.

Les peuples s’enterrent dans des activités aliénantes, dans des certitudes pâles, atones, dans des paradigmes trompeurs, sclérosants, livides… Les âmes s’enferment dans une réalité rendue décolorée, morne, — morbide.

En définitive, ce sont les plus belles, les plus vigoureuses forces de vie que l’on s’évertue à exiler, à réduire en cendres, en poussière — que l’on confine six pieds sous terre. C’est un corps plein de vigueur que l’on porte en terre avec des cérémonies grotesques. C’est à un lugubre convoi que l’on assiste impassible et inconscient : c’est l’existence même que l’on bafoue, méprise, couvre de honte — que l’on recouvre du linceul de l’oubli.

Oui, les obsèques ont bel et bien lieu en ce moment, et elles ne sont pas belles. Le ridicule achevé de ces horribles tragédies suffit à déposer dans certains yeux et certains coeurs des larmes plurielles : à y déverser des éclats et des lames de tristesse et de rire.

Comment dans ces cimetières vastes comme la Terre, creux comme un coeur, infinis comme une conscience, ne ressent-on pas que l’inhumation est trop hâtive, qu’elle est prématurée, et, que dans toute sa puissance, sous les couches profondes du sommeil, le magma bouillonne, n’entend pas se laisser faire et prépare ses épanchements ? Et ce n’est pas par peur mais de rage que la sève vitale réunit ses énergies latentes, qu’elle prend son élan. — Car il compte bien faire parler la fougue et désintégrer le couvercle, l’instinct belliqueux !

Les fissures naissent, la vie gronde… Ne l’entend-on pas ?…

Les consciences sont endormies comme des cités ensevelies sous les sables. Mais les coeurs battent toujours… — Ne le sent-on pas ?…

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L’artiste, le mécanisme et le son qui révèle

L’artiste, le mécanisme et le son qui révèle

16 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / higyou

 

Il est cette rigidité mentale, ce conditionnement, cet automatisme aveugle qui transparaissent dans des circonstances particulières : lorsque l’esprit qui regarde devient un observateur attentif et clairvoyant.

Voyez ce professionnel de la santé, ou cette serveuse, ou… — tous ces êtres qui parfois, trop souvent, incarnent non pas la gaieté de savoir, d’aider, la joie de vivre, mais le type de la pensée automatique.

Il se dirige vers sa prochaine patiente, elle, vers le nouveau client ; le compte à rebours est déclenché. Le regard est concentré, l’itinéraire précisément tracé, la démarche hâtée, uniforme, cyclique et la poignée de main, quand elle existe, rapide, molle, « distribuée », — glaciale. Il y règne, au sein de leur allure, une précision d’horlogerie, une loi mécanique implacable engendrée, encadrée et maintenue par une conscience qui n’a plus le temps de s’interrompre, à qui il n’est plus permis de se poser, de respirer, de prendre conscience. Ici la réflexion est haletante, comme privée de ce temps qui propose un espace de liberté pour « gambader », rêver, créer. Au lieu de cela, ce sont des pas durs et encadrés qui « raisonnent » sur le sol, des pas éminemment à l’opposé de cette cadence, de ce mouvement aérien, souple et enjoué : insaisissable comme l’air, libre à sa manière. — Démarche de défilé réglée et inesthétique d’un côté ; enchaînement de ballerine émancipée, artistique de l’autre. Avec quel sentiment d’inquiétante étrangeté on découvre et examine ces individus faisant l’expérience d’une paix absurde dans le rythme constant et insensé des années qui filent !

Toujours est-il qu’il est des moments où, la vision étant rouillée et brouillée par l’habitude et le voile des apparences, les yeux rendus aveugles, c’est le son, chez certains esprits, qui dévoile le mécanisme, — le monde dissimulé, la réalité sous-jacente.

Ainsi donc, il y a des sons porteurs de sens, et qui révèlent là où la vue faiblit. Mais encore faut-il avoir les organes délicats et déployés, un esprit qui perçoit… Encore faut-il s’appliquer à observer la nature et le comportement des êtres et à ne pas assister aux événements à la manière de l’âme distraite, à moitié consciente, presque indifférente qui se réjouit devant un spectacle des plus médiocres. À bon entendeur salut…

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La voie anti-physiologique

La voie anti-physiologique

15 février 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / agsandrew

 

Lorsque le corps est sollicité de telle sorte que ses muscles ne fonctionnent pas en accord avec leur disposition et leurs propriétés, lorsque l’organisation de leur insertion, leurs particularités histologiques, leur distribution, et toute cette anatomie descriptive, tout cet ensemble s’anime d’une façon incohérente et selon des modalités opposées à leur physiologie, les conditions sont peu à peu réunies pour qu’au fil du temp apparaissent inévitablement les dysfonctionnements.

De même, quand les individus négligent pendant des années, voire des décennies, leurs passions, leurs inclinations et leurs aptitudes, en somme, leur spécificité, leur unicité, ils sollicitent le plus souvent à leur insu leurs énergies psychiques à travers les « obstacles », ils usent de procédés viciés, corrompus, « tarés » : leur esprit respire et s’agite, croît et se déploie d’une manière contraire à sa nature ; il se développe et s’épanouit en empruntant un chemin inverse, une véritable voie anti-physiologique.

Nombreuses sont les personnes qui s’échinent et supportent une activité qu’elles n’ont jamais souhaitée, qui subissent une fonction, un emploi et un emploi du temps, une « distribution » de leur vie, qu’elles méprisent. Elles se sont laissées séduire par le chant des sirènes et n’ont pas respecté leur petite voix intérieure. C’est physiquement et moralement qu’elles se trahissent jour après jour, goutte après goutte en cette clepsydre invisible qui, sans les prévenir et en silence, se vide en pleurant.

Et que l’on parle d’os, d’articulations, d’organes, de corps, d’anatomie descriptive ou fonctionnelle, de physiologie, ou bien d’idiosyncrasie, de traits caractéristiques et de singularités mentales, le constat, j’entends le diagnostic, est le même. Ignorant, négligeant, bravant leur complexion, leur santé tiendra un temps certain… elle s’adaptera et résistera un certain temps… et cela aussi sûrement qu’elle finira par s’amyotrophier complètement, par aboutir à la cachexie. — Une âme « articulée » qui vit et évolue, un « mouvement » en expansion qui néglige ses fondements, sa biomécanique, fait inévitablement l’expérience d’une dysharmonie interne, laquelle se manifeste par une silhouette clopinante, c’est-à-dire par un déséquilibre extérieur fonçant droit vers un effondrement global.

Le mouvement épuré, fluide, beau embrasse l’hétérogénéité structurelle, épouse les changements de rythmes et de courses, mais il implique toujours le respect de certaines lois — on peut danser avec le chaos mais on ne badine pas avec certains principes. — La physique sait être douce et rieuse mais également sèche et impérieuse.

Car la Nature ne tolère les écarts qu’un instant. Et il arrive un moment où les symptômes finissent par révéler les natures et dévoiler la trahison. Dès lors, les sirènes d’alarme se mettent à hurler ; les coupables transparaissent. Il sera encore possible de se reprendre, mais sans tarder… — comme un pas transpirant et courant droit vers le sol peut se « rétablir » et se propulser, un coeur ayant même beaucoup saigné est capable de rebondir et de prospérer.

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