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Esprit et Liberté

Un espace et un temps pour les esprits libres

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Archives pour janvier 2016

Volontés molles et montres d’airain

Volontés molles et montres d’airain

8 janvier 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / IlonaBudzbon

Les cultures requièrent de nouvelles tables de valeurs et, par voie de conséquence, des sculpteurs originaux. Des volontés dures comme du granit et pointues, des âmes tranchantes qui tracent des traits, des formes, des figures inédits sur des pierres nouvelles, qui gravent les caractères, l’inscription « évolution viable et gaie » dans chaque tranchée, sur chaque dalle de toutes les fondations, de toutes les constructions, de tous les édifices actuels et futurs — car évidemment les bases sont indispensables, mais ce qui importe encore davantage, c’est la nature de ces bases, c’est la qualité de l’ensemble des principes qui les fondent ! c’est le fondement des bases !

Les sociétés nécessitent absolument la présence de grands législateurs, de ces êtres qui déposent des lois neuves, véritablement saines et durables, hautes, dans des sillons marqués.

En vérité, les outils sont disponibles — ils ne manquent pas dans nos pays ; mais ce qui fait défaut, ce sont bien davantage les ouvriers, les artistes, les chirurgiens ! Ce sont les regards, les yeux neufs. Toutes ces mains pâles, ces pattes ! tremblantes et flasques ne savent ni ne peuvent saisir les manches trop rudes et brûlants des outils : à peine les effleurent-ils, leurs doigts s’y blessent toujours ! Et s’ils insistaient ? — Ces personnalités maladroites et fragiles s’écorcheraient toujours plus, se calcineraient, se briseraient ! Les influx nerveux, les énergies psychiques sont timorés, atrophiés, courbés ; les caractères, les déterminations sont amoindris — tout cela engendre des lames, des âmes molles pour des tâches inconsistantes, vaines. Mais a-t-on conscience de la dureté de l’aiguille, de sa lame d’airain qui plane au-dessus des existences et s’abat sur sa proie, de son visage sévère qui dévisage en dissimulant son sourire le plus sournois ? de son rire noir, aiguisé, funeste qui fend avec sa mâchoire d’acier, sa mâchoire de géant illuminée vibrant au rythme du tic-tac infernal ?! Où donc s’exercent et évoluent ces bras renforcés, ces membres vigoureux, bâtisseurs faits pour les augustes tables ? Où résident les nobles artisans, les « instruments » altiers, les grands affirmateurs de l’existence ? les esprits créateurs, — les « agrandisseurs », les amplificateurs de la vie ? Dans quels ateliers évoluent-elles, ces volontés fortes, ces diamants de la plus belle eau, ces burins fondateurs, ces aiguilles qui osent défier la lame du temps, qui aiguisent même le tranchant de son sabre ! ces aiguilles graveuses… d’espoir, de joie, de vitalité ?…

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L’esprit, les maux et les remèdes

L’esprit, les maux et les remèdes

7 janvier 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / Achim Prill

1. Maux actuels et inconscience

Notre société malade ne croit plus en la thérapeutique de l’esprit et use de drogues, de chimères, d’orviétans.

Elle ne croit plus aux nobles médicaments mais s’abreuve de potions variées, s’imprègne de misères, s’imbibe d’« opium » jusqu’à saturation, d’émanations toxiques jusqu’à la noyade.

L’heure viendra-t-elle où l’Homme prendra claire et précise conscience de son état ? où l’humanité appréhendera sa morbidité ? Et y a-t-il plus sombre pronostic que dans le cas d’un malade ignorant, inconscient de son mal ? Y a-t-il pire folie que l’inconscience actuelle ? et pire inconscience que celle qui habite l’âme qui souhaite l’ignorance et l’inconscience ? qu’au sein de cet esprit insensé, frappé de cécité, d’indolence, infecté par la décadence ? Tout bien considéré, cette force d’inertie et cette indifférence à l’égard du vrai problème, cette         « anosognosie1 de civilisation », laquelle engendre une maladie de civilisation de toute espèce, n’est-ce point cela qui, précisément, constitue la véritable problématique, la problématique centrale ? Bref, n’est-il pas grand temps, pour cette humanité, de cultiver une discipline saine, de prendre réellement soin d’elle, — d’ingérer sa « thériaque » ?

En attendant ce jour, court toujours dans cette folle « modernité », ces harponneurs d’attention, ces marchands d’orviétan.

« Et les éternels happeurs de popularité, les faux grands écrivains, les faux penseurs à l’affût, exploitaient ce magnifique désir [de certitude] impérieux et angoissé, en battant du tambour et faisant du boniment pour leur orviétan2 », écrivait Rolland…

2. L’esprit malade, les druides et les potions

À la place de nos usines qui crachent notre cancer, l’esprit, devant bénéficier de son traitement en urgence, exige des prescriptions par milliards et des pharmacies en effervescence : le malade, à son insu, réclame de savantes et soigneuses préparations ; le malaise actuel doit être soigné par cuillerées régulières et appliquées. Nos organismes sociétaux invoquent leurs vénérables druides et leurs potions magiques, — des remèdes miraculeux pour tous ces corps et ces consciences, pour tous ces maux de l’esprit. Ils implorent l’assistance de nouveaux apothicaires et l’émergence de médecins de l’âme d’un autre type ; ils implorent qu’au lieu de ces flacons et de ces thérapeutes éventés, périmés, soufflent des vents, des principes, des valeurs différents !

3. La transmutation des valeurs, les deux substances et la tumeur

Ainsi donc, la crise de l’esprit impose une médication inédite et énergique, une médication de l’âme. La transmutation des valeurs à soif de matières nouvelles. De quel type ? — Du type de la substance blanche et de la substance grise. Je veux dire une culture, des memes, une éducation, des évaluations et des considérations autres : des remèdes, des substances, des propriétés, des vertus curatives contre la gangrène humide de l’esprit ; de la laine de verre contre la décadence, — pour isoler la grande bêtise, la faire honnir partout, l’exiler. Ce qui est visé ici, c’est la sauvegarde et la prospérité, la pérennité des forces de vie ; c’est la lutte acharnée contre ce cancer insidieux, cette tumeur maligne qui, en s’intégrant à l’organe, désintègre l’esprit.

Car c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui : ne nous y trompons pas ! Le « mal » est bel et bien actuel et, par voie de conséquence, l’est tout autant la question — qui devient manifestement une nécessité — « pharmacologique3 ». Il est des violents maux de tête qui ne s’en iront pas comme ils sont venus… Aux grands maux les grands remèdes !…

  1. L‘anosognosie est la « méconnaissance, par un malade ou un infirme, de son état, même grave, notamment dans le cas d’affections telles que la cécité ou l’hémiplégie ». Dictionnaire Trésor de la langue française informatisé (TLFi), disponible sur

    www.cnrtl.fr/definition/anosognosie.

  2. Rolland, J.-Chr.

  3. La « pharmacologie » occupe une place importante dans la pensée de Bernard Stiegler.

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L’intelligence de la bête

L’intelligence de la bête

6 janvier 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / -Vladimir-

La crise de l’esprit actuelle concerne en grande partie la question de l’aveuglement des esprits.

Ici, aveuglement est considéré en tant que « obscurcissement de la raison et du sens critique pouvant aller jusqu’à l’absence totale de jugement1 ».

C’est au sein de cet aveuglement que l’Homme se fait plus bête que la bête ; plus car celle-ci « possède » au moins ses instincts vitaux, l’intelligence de la survie !

C’est ainsi que par cet « obscurcissement », les consciences deviennent sottes, que les créatures sont déboussolées, qu’elles arpentent la pente de leur fin tragique — laquelle approche encore plus vite ! —, qu’elles perdent le nord, le bon sens.

C’est ainsi en définitive, qu’elles se méprennent sur leurs buts, sur leur fins — qu’elles sautent ! ô inconscience ! ô les malheureuses !… dans leur déclin !…

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Puissance aveugle, entropie et néguentropie — les semeurs de chaos

Puissance aveugle, entropie et néguentropie — les semeurs de chaos

5 janvier 2016 par Vincent PAYET

Photo © iStockphoto.com / tstajduhar

Il est des puissances, des individus ou des groupes d’individus — sociétés, corporations,         « gardiens » des domaines de la connaissance, mandarins, États —, qui sont parvenues à un tel degré d’aveuglement, qui sont à un tel point obnubilées par cette soif de domination, d’emprise, de pouvoir, qu’elles finissent, pour les âmes les plus assoiffées, les instincts les plus relâchés, libérés mais aussi les plus grossiers, sauvages, par, selon les mots de Malraux,  « considérer l’exercice de la puissance [même la plus extravagante] comme un soulagement, comme une délivrance1 » (je souligne).

La destruction et l’entropie extérieures engendrées par ces individus, leur semblent constituer la source même d’un apaisement salvateur. Ce sentiment naît à travers un phénomène de déversement, de « libération » de « cascades » impétueuses, au sein desquelles entre en jeu une sorte de force, de flux pulsionnel, un trop-plein réprimé. En réalité, il s’agit bien plutôt d’un type de « catharsie » — au sens d’une « évacuation naturelle ou artificielle2 » — pervers, qui est exactement à l’opposé de la « catharsis » qui libère et apaise.

La plupart du temps, le malheur que ces puissances folles communiquent, sèment dans l’autre, est une vérité qu’elles vont aussitôt escamoter du champ de leur conscience par moult procédés astucieux : le fait et la responsabilité qui l’accompagne, sont pour ainsi dire exilés — l’esprit est comme expurgé, et ce, par l’intermédiaire de multiples artifices psychologiques. Et il arrive même que dans certains cas, dans ces états émotionnels formidables, que les effets les plus considérables de l’empathie — c’est-à-dire les pensées, les émotions négatives qui en découlent, qui remontent à la surface de la conscience et sont éprouvées lorsque l’individu saisit les conséquences de ses actes — sont entraînés de force dans et par le fleuve insensé de cette volonté de puissance aveugle. Dès lors, il est possible de distinguer deux situations à travers les ondes. Soit, dans les cas les moins pathologiques, ces prises de conscience se diluent purement et simplement — devenues de vulgaires rivières affluentes n’ayant plus « prise » sur le cours des évènements, elles glissent, s’estompent et disparaissent, englouties —, soi, au plus profond des esprits les plus pervers, les plus décadents, elles contribuent à exciter l’ardeur de ces flots déjà flous, déjà fous. Dans le premier cas, il y a une annulation, une destruction des ondes les plus faibles ; dans le second, une accumulation, une addition des ondes, et le résultat est un accroissement de l’amplitude et de la force de l’ensemble, — un déchaînement de ce fleuve de boue, de feu, de sang !

Mais, à chaque fois, le soulagement est éphémère et constitue une « fuite en avant » : il alimente un tourbillon infernal, lequel engendre de formidables implosions et explosions en cascade. Il s’agit d’un processus complexe, au coeur duquel la néguentropie3 mentale, cette sensation profonde de bien-être mêlée à un sentiment d’harmonie, est éphémère et dissimule des manifestations larvées, corrodées. Ce processus ne fait, au fond, qu’alimenter les déséquilibres, les désordres physiques et psychiques ; ces désordres affectant la « puissance » elle-même, mais aussi son environnement humain proche et, par voie de conséquence, lointain. Il s’agit d’un équilibre instable, toujours plus précaire : un colosse insensé qui trébuche, et tente de se rattraper à chaque pas de cette marche, — de cette démarche décadente. Un équilibre fugitif qui s’inscrit, emporté, dans un vaste déséquilibre global, lequel implacablement s’accentue, se désorganise, aggrave son entropie. Un géant chancelant, désarticulé dans sa physique et dans sa psychologie, qui ne fait que repousser sa chute, qui, inéluctablement, est aspiré par la terrible « gravité », par cet avenir déformé, cet effondrement systémique, singulier… terminal.

C’est ainsi que l’humanité sème les germes de son déclin, qu’elle distribue, à l’occasion de ses fêtes mémorables, et à profusion, son vin piqué, visqueux, ses excès ; qu’elle répand par l’intermédiaire de sa grande main légère et fort libérale et de sa multitude de canaux, ses grandes largesses, son chaos. C’est ainsi que le fleuve de la vie s’écoule, gronde, déborde, emporte ; qu’il charrie ses nappes grasses et pestilentielles, ses immondices ; et qu’au sein de ces déchaînements de violence et de passions, au milieu de ces enchantements, « la clepsydre se vide4 »… Elle étale sa robe de pourpre, sa nappe sanguinolente. Ses prunelles sont crevées5, éventrées, — la vie s’échappe. — Elle fuit, se jette et s’évanouit, — sur son lit funèbre.

 

 

  1. Malraux, Conquér.,1928, p. 43, Dictionnaire Trésor de la langue française informatisé (TLFi), disponible sur

    www.cnrtl.fr/definition/exercice.

  2. Dictionnaire de l’Académie française, 9ème édition disponible sur

    www.cnrtl.fr/definition/academie9/catharsis.

  3. Le terme néguentropie peut être défini comme l’« évolution d’un système qui présente un degré croissant d’organisation », TLFi, op. cit., « NÉGENTROPIE, NÉGUENTROPIE ».

  4. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1861), « L’HORLOGE », disponible sur

    http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1861/L%E2%80%99Horloge.

  5. « Le crapaud (…) avait les deux prunelles crevées, les paupières sanguinolentes », Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 15, TLFi, op. cit., « SANGUINOLENT ».

 

 

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La locomotive qui hurlait

La locomotive qui hurlait

4 janvier 2016 par Vincent PAYET

                                                                                                                                   Photo © iStockphoto.com / JZHunt                                                                                                                                                                                                                                                                   

Entend-on hurler la formidable locomotive du progrès ? Ressent-on les vibrations effrénées de cette Humanité lancée à pleine vitesse ? les déformations même de la « voie » ? Sent-on sa chaudière ardente crachant sa fumée purulente ? la voit-on qui halète, expectorer par sa gueule métallique ses mucosités, dévidant la longue histoire des civilisations, ses souvenirs, ses voies respiratoires encombrées, — vomissant sa lave, ses cendres, son cancer ? Mais il est « utile » de ne pas avoir l’ouïe trop fine, pour ne pas tressaillir, par anticipation, au bruit d’écrasement que fait d’avance une grande machine qui déraille, qui titube sur des jambes par trop « élancées », au fracas d’une ivrogne qui s’égare et dégringole. Mais certains esprits sont inaptes à se boucher les oreilles, ils ne s’y entendent tout simplement pas ! Et quand bien même ils le voudraient, ils ne sauraient le faire — leur nature s’y opposerait ! leur physiologie ferait entendre son objection, elle apposerait son implacable refus ! un refus poli de surcroît ! C’est une curieuse réalité que ce monde qui réunit dans le même wagon à bestiaux, ceux qui souffrent d’une hypersensibilité de l’oreille et ceux qui bénéficient d’une déficience de l’organe ! Curieuse société que ce pauvre enfant, cet aveuglé fonçant dans le brouillard, vers la décadence, l’effroyable Morbidité ; que cette mer qui dégueule ses épaves humaines, qui méprise son devenir et l’avenir ; que cette Humanité diluée, engloutie par la bassesse de sa propre condition, — crachant au visage de ses plus hautes destinées. La vapeur mugit et déverse son « air » malsain, ses flots de musique dans les consciences qui restent stupéfaites ; ses ondes usées se répandent dans les égouts ! — le public est bien malavisé, la foule est malentendante ! Ô mais que vois-je ! Le violon qui déraille se jette aussi sur nous ! — son son et son âme ont soif, l’archet nous pointe du doigt, nous menace ! le fauve bondit sur sa proie ! Mais nous autres l’avons entendu et avons publié la nouvelle à son de trompe ! Et de cette bête qui s’écarte de la « bonne » voie, de ses lames acérées, de cette silhouette d’acier, de ses griffes fatales, nous nous éloignons — de sa trajectoire, experts en balistique, nous nous écartons brusquement, et les premiers !

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Le libre air qui libère

Le libre air qui libère

3 janvier 2016 par Vincent PAYET

                                                                                                                                                                                          iStockphoto.com/fotorince

Je suis un vent frais et gai. Je suis azote, oxygène, argon et gaz rares — je suis nécessaire, souffle vital. Je me lève, j’évolue, je me retourne, je me baisse et, fluide en mouvement, je répands le changement ! je sème les transfigurations ! Je souffle des hauteurs, je soulève les feuilles faibles, les âmes lourdes — je les emportent. Brise de terre et de mer, caressant la nuit et le jour, je déplie les voiles des esprits et les enfle, ils m’ont en poupe — je suis un bon vent qui amène. Je tourbillonne avec les consciences accablées de fatigue, de tristesse, je les fais virevolter entre mes doigts : elles apprennent à danser ! — je leur enseigne la légèreté !

Et les voici qui retrouvent leur innocence ! Les voici qui rencontrent le Rire, et déjà j’entends leurs éclats ! déjà elles s’y sont mêlées !

Je porte, je distribue, je rassemble : je suis la belle humeur, la grande santé — l’air qui élève, qui inspire, qui libère !

Mais qui, de nos jours, a l’odorat suffisamment subtil et l’instinct assez sûr pour vouloir respirer le grand air ? Qui réside dans un esprit suffisamment sain pour savoir fuir les maladies engendrées par l’insalubrité, pour envisager se prescrire à soi-même un vrai changement d’air, pour ressentir la soif de pureté ? Car il en est même pour se sauver à toutes jambes, pour se sauver de tout ce qui sent bon, des choses les plus salutaires ! Ils excellent quand il s’agit de se mettre à l’abri ! Ils ouvrent leurs deux fenêtres à la pollution, à la corruption et cadenassent toutes les portes ; ils opposent leurs frontières hermétiques à la fraîcheur, au parfum vivifiant. Ils s’imaginent inviter le mouvement, les fluctuations, les forces de vie favorables, la magnifique valse des choses, mais c’est l’ultime rigidité qui s’engouffre dans les corridors !

Le vent altier est généreux et impartial : il anime avec sa douce main libérale les feuilles mortes et les feuilles à moitié vivantes ! Mais encore faut-il évoluer à l’air libre : quitter les habitations, « exiler » la dépravation, emprisonner l’atmosphère confinée ! encore faut-il s’évader ! Le noble zéphyr disperse ses largesses ; il transmet son présent le plus précieux, il lègue ses somptueuses propriétés, son essence, en somme, ce qu’il possède de plus pur, de plus essentiel, mais à une condition : que la liberté soit conquise ! Certains ont le mal de l’air et refuseront toujours son sacrifice, son auguste générosité ; d’autres, la plupart, sont prisonniers d’une simple peur… Ils ont peur d’un hypothétique malaise — ils ont peur de ressentir le mal de l’air… Il est des brises parfumées, belles, saines, aériennes à ce point que les esprits en sont effrayés ! On pourrait presque les comprendre. Ils ont peur de chavirer — les voiliers se méfient de la gîte ! Et ils craignent les trous d’air — ils se renient eux-même : ils renient leur nature de sylphe ! ils craignent de partir en vrille !…

 

 

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